Il y a une beauté implacable à incarner un géant maudit pourfendant ses traîtres dans un Souls-like coréen : des combats électriques, des boss titanesques, une esthétique de dark fantasy ciselée. Mais derrière cette fureur contrôlée se cache une expérience volontairement linéaire, assumant ses limites pour mieux exalter ses forces.
Tempête sous un crâne
Le cœur d’un Souls-like bat au rythme de ses combats – et ici, le sang bouillonne avec maestria. Loin de la lenteur calculée des Dark Souls, Khazan mise sur un rythme agressif : parades millimétrées, esquives fulgurantes, enchaînements de combos dévastateurs nourris par la "Combativité", une jauge qui récompense l’audace 1. Les trois armes (lames jumelles, espadon, lance) offrent des styles radicalement différents, et l’arbre de compétences réinitialisable encourage l’expérimentation sans limite. Un système fluide, presque chorégraphique, où chaque victoire se savoure sans compromis.
Profondeurs trompeuses
L’univers de Dungeon Fighter Online, bien que méconnu en Occident, déploie un lore riche en trahisons et magie noire. Pourtant, malgré les codex et les entraînements tactiques, l’émotion reste en surface. Khazan, général déchu manipulé, suit un chemin trop linéaire : sa rage devient un mantra répétitif, et les personnages secondaires peinent à imprimer leur marque. La direction artistique souffre de ce même dualisme : des armures en cell-shading sublimes contrastent avec des décors noyés dans des palettes de gris et de marron.
L’illusion des étendues
Ne vous y trompez pas : l’exploration n’est pas l’âme du jeu. Les niveaux, bien que visuellement variés (châteaux gothiques, marais putrides), restent des couloirs intelligemment maquillés. La progression est guidée : pas de chemins secrets profonds, pas de open-world fourmillant de mystères. Ici, on suit la rage de Khazan comme un rail – et c’est un choix assumé. Les quêtes secondaires ? Des objectifs clairs, jamais perdus dans un labyrinthe inutile.
Une colère bien dosée
La grande force réside dans sa courbe de progression organique : compléter les missions secondaires dans l’ordre débloque naturellement l’équipement nécessaire. Zéro farming, zéro pic de difficulté artificiel – chaque victoire se mérite par la maîtrise, non par le grinding. Un design qui honore votre temps, comme votre platinum le prouve.
Silence dans la tourmente
La bande-son porte la fureur des combats à bout de bras. Les thèmes orchestraux des boss électrisent l’adrénaline, portés par le doublage percutant de Ben Starr (Khazan). Mais hors des arènes, l’absence de mélodies mémorables laisse un vide – comme un champ de bataille désert après l’orage. Seuls les cris des ennemis et le choc des armes peuplent ces limbes, manquant de variété pour ancrer l’âme du monde.
Verdict : 8/10 – Une tempête parfaite, mais sans éclaircies
"Khazan transforme la fureur en art, mais oublie d’humaniser sa chute."
Pourquoi 8/10 malgré les réserves ?
✅ Progression maîtrisée : Contrairement aux critiques initiales, faire les quêtes secondaires dans l’ordre équilibre parfaitement la courbe de puissance – votre platine en témoignera ! Aucun farming forcé si l’on explore méthodiquement.
✅ Absence de co-op : un choix assumé : L’invocation de spectres (IA) sert de compagnon tactique sans briser l’immersion solitaire. Un multijoueur aurait été un plus, mais n’est pas un manque criant dans ce récit personnel.
✅ Boss inoubliables : La Vipère homme-lézard aux attaques foudroyantes ou le Géant des Glaces aux phases transformistes élèvent le jeu au rang des références – du pur FromSoftware sans plagiat.
Points forts :
- Combat frénétique et profond, entre Sekiro et Nioh.
- Accessibilité intelligente (mode Facile irréversible mais équilibré).
- Durée de vie généreuse (40h en principal, 60h+ en completion).
Points faibles :
- Exploration minimale : Niveaux linéaires, secrets rares.
- Loot envahissant : Équipements aux stats souvent superflues.
- Décors recyclés dans les quêtes annexes.
Public cible :
✅ Fans de Souls-like en quête d’un rythme offensif.
✅ Amateurs d’histoires de vengeance et d’esthétique gritty.
❌ Ceux qui cherchent un open-world ou une narration émotionnelle complexe.
❌ Ceux qui cherchent de l'exploration.
Testé sur PS5 (60h, difficulté Experte), avec platine confirmé – preuve d’une progression bien dosée quand on savoure le voyage.