The Legend of Legacy
6.4
The Legend of Legacy

Jeu de FuRyu, Grezzo, NIS America et Atlus (2015Nintendo 3DS)

Legend of Legacy fut attendu avec impatience par les amateurs de jeux de rôle qui voyaient en lui un successeur potentiel au très apprécié Bravely Default, voire une nouvelle référence à faire date. Les raisons de cette attente sont multiples, à commencer par une équipe de production pour le moins alléchante. En effet, des personnalités telles que Masato Kato (responsable du scénario de Chrono Cross ainsi que des scripts de Chrono Trigger et Xenogears) et une bonne partie du staff de SaGa sont au rendez-vous. Ce dernier point sera d’ailleurs décisif dans la direction abordée par le jeu: en dehors du titre, et ce du gameplay jusqu'au moindre détail de la jaquette, tout laisse à penser qu’il s'agirait d'une nouvelle incarnation de la série. En Europe, cette dernière s'illustra notamment par le biais de SaGa Frontier 2 qui bénéficie aujourd'hui d'une solide renommée. Un bagage conséquent, qui suscite évidemment un intérêt amplement justifié.



Destruction du mythe



L’île d’Avalon fut jadis plongée dans le néant. A cette tragédie ne résistent que de mystérieuses pierres, les Singing Stones chantant les souvenirs de la catastrophe et les Whispering Stones, narrant les évènements du passé. Par leur intermédiaire, un groupe de héros parvient à redonner peu à peu au monde son aspect d’autrefois au fur et à mesure que ses lieux clés réapparaissent. Si le concept fut déjà exploité à de nombreuses reprises, une certaine forme de poésie émane malgré tout de cet univers dont on espère quelques bonnes surprises sachant qui tient la plume. Et c'est précisément ici que se situe la première déception, puisque le scénario demeure pratiquement inexistant. Une simple succession de niveaux sans rencontres aucunes, ni quelque narration que ce soit feront l'essentiel de votre périple. Cela vaut également pour les protagonistes que vous avez la possibilité d’incarner: une fois l’agréable surprise de votre héros sélectionné parmi sept, il faudra se résoudre à abandonner tout espoir d’entrevoir une bribe de psychologie. Amer constat, puisque le travail réalisé par Kyoji Koizumi donnait véritablement envie de les incarner. Il faudra donc s'y résoudre, tout l’intérêt du jeu va se focalisera entièrement sur son gameplay, le fond faisant littéralement office de coquille vide.


C'est autour d'un petit village, lieu fondamental de votre quête, que gravite tout l'univers de Legend of Legacy. D’ici, vous aurez accès aux différents niveaux que vous avez pour objectif de parcourir de fond en comble. Ces derniers sont très vastes mais, fort heureusement, des cartes se dessinent au fur et à mesure de votre progression. De manière à favoriser pleinement l’exploration, il sera possible de revendre celles-ci dont le prix variera en fonction de votre degré de complétion. Agir de la sorte vous permettra donc de réaliser des achats (avec précaution, car l’argent est rare), mais aussi de débloquer de nouveaux niveaux. Autant dire que le sens de la découverte et la curiosité sont des qualités indispensables pour réussir dans Avalon, heureusement mise en avant par une bande sonore somme toute agréable, ainsi que des graphismes très réussis, bien que sans égaler la splendeur d'un Bravely Default. En parlant des magasins, leur contenu est souvent pauvre et aléatoire qui plus est. Il vous sera donc conseillé de financer des explorations en mer qui vous ramèneront des objets dont la valeur sera proportionnelle aux deniers versés. Malheureusement, cet endroit d'une importance pourtant capitale manque cruellement de vie et ne proposera qu'un nombre de PNJ et d'habitats très limité, ce qui s'avère extrêmement choquant étant donné qu'il sera le seul village de toute l'aventure.



Le respect des aînés



Point central de tout jeu de rôle qui se respecte, les batailles constituent le principal attrait du jeu. Tout d'abord, il n’existe pas de points d’expérience. Le terrain est divisé en trois catégories: Attaque (la force), garde (défense) et support (vitesse). Selon l’endroit où vous vous positionnez, votre personnage développera un de ces critères. Il est donc nécessaire d’optimiser vos formations et de choisir soigneusement où vous placerez chacun de vos combattants afin qu’il puisse évoluer de la manière qui vous convient. Vous disposez également de nombreux types d’armes (poings, épées, lances, arcs…) dont vous apprendrez les arcanes et développerez leur puissance à force d’utilisation. Chaque technique spéciale dispose elle aussi des trois caractéristiques citées ci-dessus et qui influenceront le déroulement des évènements lorsque vous les utiliserez. Il est donc possible de travailler à l’extrême vos personnages et de paramétrer parfaitement le déroulement des évènements, ce qui demeure absolument jouissif. Enfin, Un système d'éléments magiques rappelant Chrono Cross est également de la partie et influencera la composition du terrain ainsi que l'efficacité de vos actions, à la différence que les sorts sont ici davantage orientés vers le soutien.


Vos points de vie, quant à eux, sont entièrement restaurés après une bataille, mais ceux qui auront péri en cours de route il verront leur PV max diminuer et seule une nuit à l'auberge pourra leur rendre leur état initial. De même, en cas de fuite, vous recommencerez au tout début du niveau, ce qui peut s'avérer à la fois pénalisant ou au contraire, extrêmement pratique pour quitter un donjon. En revanche, l’aspect aléatoire de la chose risque fort d’en rebuter plus d’un, car il n’est pas rare d’apprendre deux nouvelles compétences d’une traite, de subir un game over et de ne plus les retrouver ensuite, même après une dizaine de combats supplémentaires. Et étant donné la difficulté parfois excessive, perdre une partie sera monnaie courante, au point de rendre l'abus de la fonction quick save indispensable. En définitive, l'esprit de SaGa continue de vivre et d'exprimer les ambitions qu'il a toujours défendu jusqu'alors.



L’apéritif avant SaGa 2015?



Là où la série de Square proposait des boss souvent sublimes, les ennemis manquent ici cruellement d’imagination et se répètent inlassablement; et des univers gigantesques, il ne reste qu’un village désuet. A l’image d’Avalon, l’aventure demeure sans vie et nous contraint de plus à une difficulté souvent irritante sans réellement nous laisser la chance d’en comprendre les enjeux. C’est au bout d’une dizaine d’heures, malgré la sympathie évidente dégagée par la production de Furyu, que l’on se pose l’inévitable question : quelle satisfaction vais-je retirer après avoir terminé ce jeu ? « Aucune » serait sans doute excessif, car les idées et la fraicheur qui s’en dégagent ont le mérite d’oser la nouveauté, mais il ne fait nul doute que l’on ne nous y reprendra pas à deux fois.


Un conseil, autant ressortir Romancing SaGa sur PS2 ou vous essayer de nouveau à l'excellent SaGa Frontier 2. Bien qu'une sortie Européenne soit désormais prévue, ne vous laissez pas prendre au piège, vous aurez toujours bien mieux à faire !

-Wave-
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le 4 mai 2015

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