L'existence d'un produit comme The Stanley Parable est symptomatique des avancées récentes de la question vidéoludique. Sous le biais d'une errance programmée - qui n'en est donc pas une - il vous propose de vous mettre face à un arsenal compréhensif de tropes narratifs utilisés dans d'autres titres afin de vous faire réfléchir à leur valeur. Ici, l'on ne joue pas; ce serait par trop vulgaire : non, l'on explore du bout des doigts la question du jeu vidéo quelques trémolos dans la voix pour en dire que décidément jouer est une perte de temps.

Pareille expérience ne peut se vivre que dans un univers carcéral, c'est évident. Il est donc logique que tout ici se déroule dans un décor similaire à celui de n'importe quelle entreprise. Vous y interprétez Stanley, une caméra désincarnée dépourvue de corps comme vous en avez connues tant d'autres. Son histoire est simple : il s'est réveillé un jour dans son bureau sans la moindre instruction à suivre et cela lui a paru bizarre. Suivant son instinct l'homme qui n'existe pas s'est lancé dans l'exploration des environs avec toute la vivacité qu'un employé de bureau peut conjurer sans se fendre la fibula. C'est là que vous entrez en scène, emprisonné dans un protagoniste inexistant aux capacités nulles vous serez trimballé par la voix melliflue d'un doubleur modique dans des situations où vous pourrez appuyer sur la touche E pour en changer le cours.
C'est ça le jeu vidéo maintenant et c'est décidément très intéressant. Mais pas forcément très ludique.

Tout cet édifice repose sur un simple ressort : vous allez désobéir au narrateur chargé de vous expliquer ce qui se passe. Or, vous n'êtes pas sans l'ignorer, l'humour repose pour beaucoup sur la perception d'un écart créé entre l'action et la situation par des moyens physiques ou langagiers. Ce narrateur, manifestation directe de la volonté des deux créateurs, va vous faire remplir un cahier des charges de moments prédéfinis à l'intérieur du programme. Vous allez tour à tour vivre quelques figures imposées avant d'être enfin lâchés dans ce mini-monde afin de faire vos propres expérimentations. Elles sont tout aussi dirigistes que le reste des aventures vidéoludiques modernes, c'est certain. Plus drôles, plus futées, certes. Ressenties à travers un gameplay voulu vide, elles semblent parfois n'être que l'application théorique sur une structure stérile d'idées générées en jouant à de vrais jeux. Ce qui n'enlève rien à leur intelligence mais les empêche d'avoir un impact affectif sur ma petite personne.
MaSQuEdePuSTA
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Critique Cruelle par... Le MaSQuE. et Les meilleurs jeux vidéo de 2013

Créée

le 17 nov. 2013

Critique lue 2.2K fois

22 j'aime

2 commentaires

Critique lue 2.2K fois

22
2

D'autres avis sur The Stanley Parable

The Stanley Parable
MarlBourreau
8

The end is never the end is never the end is never the end is never the end is...

Sur les conseils d'une éclaireuse (Louka2), j'ai acheté The Stanley Parable sans trop savoir dans quoi je m'engageais. J'aime bien soutenir les petits développeurs et comme j'avais envie de faire...

le 30 oct. 2013

29 j'aime

3

The Stanley Parable
Syldonix
3

Pour le même prix, offrez-vous plutôt l'intégrale de Jean Roucas

De toute part on assiste à des critiques dithyrambiques à propos de TSP. Et durant la première demi-heure on en vient à croire qu'elles sont justifiées. En effet, les sourires ne se font pas prier...

le 14 déc. 2013

28 j'aime

10

The Stanley Parable
Philantroll
10

#JE SUIS STANLEY

Le jeu-vidéo n'est pas (encore) un art, n'en déplaise aux ludophiles en herbe qui aimeraient en persuader leurs parents afin de pouvoir passer des nuits blanches à fragger tranquillement. Je n'ai pas...

le 4 févr. 2015

22 j'aime

5

Du même critique

Highlander
MaSQuEdePuSTA
8

"There can be only one."

On peut reprocher énormément de choses au film Highlander: d'avoir engendré les plus mauvaises suites de l'histoire de l'humanité, d'avoir permis la carrière d'Adrian Paul, d'avoir popularisé...

le 21 oct. 2010

47 j'aime

9