Yakuza Kiwami
7.5
Yakuza Kiwami

Jeu de Ryû ga Gotoku Studio, Deep Silver et Sega (2016PlayStation 4)

Si votre prof de maths vous annonce au calme que 1 vient après 0, je vous invite simplement à lui démonter via cette critique que ce n’est pas le cas. Comment me direz-vous, et je vous répondrai alors que Nagoshi-san et sa clique de chez Ryû Ga Gotoku Studio nous prouvent avec la manière que l’on peut très bien n’arriver qu’après et n’être qu’un simple brouillon de celui qui vous précède, vous me suivez ?


Suivant l’épisode Zero avec moins d'une année d’écart (alerte projet bâclé déclenchée), Yakuza Kiwami 1 (龍が如く 極) est un remake de l'épisode PS2, et vient clore le chapitre PS3 de la série Yakuza et même si celui-ci est aussi sorti sur la génération suivante, techniquement on est bien plus proche d’un jeu de la 7ème génération de consoles que d'une vraie œuvre PS4 à part entière.


La modélisation de Kamurochō, l'équivalent virtuel de Kabukichō à Tokyo, n'évolue pas où peu, en dehors de quelques immeubles dû à une temporalité différente avec Zero, 2005 au lieu de 1988, le reste du quartier est identique dans le fond comme dans la forme.


Les PNJ voguant à travers la ville sont toujours assez peu inspirés et la présentation générale semble en l’occurrence avoir effectué un léger pas en arrière avec beaucoup plus de mise en scène simplifiées et statiques et surtout un nombre d'activités bien réduit et moins passionnantes à effectuer dans la ville, sans compter que forcément Osaka n’est pas présent. Où est mon foutu cabaret que je puisse être placardé sur Twitter de misogyne ?!


Remake oblige, la trame principale reste quelque peu identique à l’épisode original, cependant le jeu se permet de reprendre la formule de Zero, faute de la reprendre à zéro (ok je sors) et tend à rendre l’aventure bien plus longue que l'épisode PS2, avec quelques ajouts au scénario, mais aussi et surtout une pléthore de contenu annexe assez oubliable.


Il aurait été souhaitable, peut-être, aussi de développer quelques lieux autre que le sempiternel même quartier, et qui sont présents au cours de l'histoire, mais seulement évoqués ou présentés via des cinématiques.


Kiwami doit évidemment suivre une certaine logique pour respecter l'épisode PS2 mais étant bien un remake et non pas un simple remaster, il y avait sans aucun doute moyen d'ouvrir le spectre des possibilités dans un Kamurochō de 2005, celui-ci étant plutôt fade au regard de l'épisode Zero. J'ai eu souvent la sensation d’évoluer dans un DLC de ce dernier plus que face à une nouvelle œuvre, c'est dommage.


Heureusement pour Kiwami 1, le scénario permet de garder la tête haute, et si les régulières ellipses et la coordination des scènes cinématiques entre elles donnent parfois le sentiment de vivre quelque chose d’assez décousu, on reste accaparé par le scénario et ses enjeux. Le côté grotesque pourra en repousser certains, mais à noter que cet épisode reste plus sérieux que d'autres de la série, n'hésitant pas à appuyer là où ça fait mal, surtout vers sa fin parfaitement réussie.


J'aurai pu facilement pardonner l'écrasante majorité des griefs que j'évoquais plus haut grâce à cela, mais c'était sans compter sur quelques moments de gameplay tout simplement insipides.


Le gameplay est toujours celui de Zero donc il fonctionne, malheureusement en ayant fait un tour sur Reddit je me suis rendu compte que mon avis sur quelques scènes précises mais importantes de l’aventure rejoignait de nombreux autres commentaires. L’écrasante majorité des boss de cet épisode étant tout simplement indigestes.


Impossible de savoir si c'était l'équipe B, ou si la période de développement très courte après Zero, seulement 10 mois, n’a pas permise des phases de test ou d’évaluation poussées, mais il est clair que Kiwami 1 a manqué de finition et le “game design” de quelques chapitres semble réellement avoir été baclé en étant tantôt répétitif tantôt interminable avec des boss sac à PV qui récupèrent leurs vies et aux pattern lunaires qui renvoient Malenia en enfer.


Autre chose que j'ai trouvé malheureusement assez ratée n’est autre que la mécanique de “Majima everywhere” qui intègre Majima à l’aventure principale au chausse pieds avec des rencontres aléatoires. Sauf que bug ou chose que j’ai loupé, celui-ci apparaissait toutes les cinq minutes sur le premier tiers du jeu puis plus rien. je ne l’ai plus revu du jeu, étrange mais dans mon cas “the feature” au dos de la boite n’a servi à rien ou presque.


Bon n’oublions pas que malgré ses tards Kiwami 1 reste un Yakuza ou Like a Dragon comme vous voulez, et que l’on a droit à une BO encore une fois excellente et des thématiques si rarement abordées dans la sphère vidéoludique que l’on est toujours surpris d'être happé par l’histoire d’un SDF au détour d’une ruelle un peu sombre.


Kiwami 1 en soit n’est pas un mauvais jeu, mais passé après Zero ne lui a pas fait du bien et surtout en étant la pierre fondatrice de la série, il aurait peut-être valu prendre plus de temps pour évaluer et enrichir celui-ci pour donner à la série son épisode numéroté "1" qu’elle mérite.

Sajuuk
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le 1 juil. 2023

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