La daube ultime.

Ce jeu essaie de raconter une histoire particulièrement stupide et inepte, de la manière la plus éculée qui soit. Je rêve du jour où les programmeurs s'inspireront enfin des films de Jean-Luc Godard. Hélas les studios ne recrutent plus que des béotiens qui croient que le cinéma, c'est des films de superhéros.

Là, on se contente d'appuyer sur des boutons comme un âne. Ceci n'est même pas un jeu vidéo. Ce n'est pas une daube : c'est LA daube ultime.

......

• Élément de la liste

Critique sérieuse......

J'ai enfin joué à ce jeu (comptez 120 heures pour le finir). Il mérite 10/10. Peut-être peut-on chipoter au niveau graphique sur quelques popages d'éléments lorsqu'on se déplace (mais bon ma carte graphique prend un peu d'âge), ou quelques bugs de collision lors des combats, mais sinon c'est un sans-faute.

L'histoire est très prenante, avec le récit d'une chute et d'une rédemption, de destins croisés avec des retournements de situation dignes d'Alexandre Dumas, et un vrai sens de la mise en scène. Je ne peux pas en dire plus, mais il est très rare de s'attacher ainsi à des personnages de jeux vidéos.

Un peu comme dans Lunar, les personnages ont beaucoup d'interactions entre eux. Au détour d'une rue ou d'un repas pris dans un restaurant, la conversation peut s'engager entre eux et des liens se tissent. J'ai souvent fait des restaurants avec mes personnages juste pour le plaisir de les voir parler entre eux.

Le jeu reprend de manière maline la structure des Dragon Quest, par exemple dans la structure des donjons avec le fameux porte-monstres-trésor, les niveaux à atteindre (parfois un boss vous bloque et vous obligera à faire un peu de levelling), les rencontres (pas aléatoires, dieu merci, et vous développerez une science du rasage de mur par moments), le stuff. Ce qui est génial, c'est que cette couche Dragon Quest est en grande partie rêvée/fantasmée par le personnage principal, et il y a quelque chose de Don Quichotte derrière cela. On a l'impression de voir le jeu vidéo mûrir, en jouant avec son propre langage, et c'est beau.

Sur cette première couche se greffent énormément de jeux dans le jeu, dont certains très élaborés (le jeu de gestion de holding, le jeu de kart). Il y a bien quelques donjons délibérément longs qui vous feront un peu soupirer (les égouts, what else ?), mais cela fait partie du contrat quand vous signez pour un Jrpg.

Le jeu aborde énormément de questions actuelles et aussi pas mal de déviances, avec la bonne humeur et l'absence de pudeur toute nippone. Prostituées, prêteurs sur gage, gamins pas voulus que des parents élèvent comme ils peuvent, démarches à Pôle Emploi, et bien sûr discours sur la démocratie, le besoin d'ordre et le rôle des médias, le jeu est étonnamment riche et, bien qu'il se place souvent sous l'angle du mélo, évite souvent la banale dialectique problème/résolution (si chère aux jeux Ubi Soft) pour choisir le clair-obscur. On se croirait dans un roman picaresque.

Yakuza : like a dragon est un excellent jeu. C'est le premier de la série des Yakuzas que je fais, et je me dis que j'ai bien envie d'en faire d'autres.