Années 1960 : les livres

Top des tops : les incontournables de la décennie. La littérature a droit aussi à son palmarès !

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Années 1920 ...

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30 livres

créee il y a environ 11 ans · modifiée il y a 5 mois

Le Pavillon des cancéreux
8.2
1.

Le Pavillon des cancéreux (1968)

Rakovyï Korpus

Sortie : 1970 (France). Roman

livre de Alexandre Soljenitsyne

bilouaustria a mis 10/10.

Annotation :

Soljenitsyne est revenu de tout, des camps, du cancer, de l'exode et du stalinisme, mais il n'en est pas amer pour un sou, il n'est pas donneur de leçon, il a simplement vécu, il est riche de toute cette vie comme peut l'être le vieux sage qui sait, qui fait la part des choses, qui en a vu d'autres. Son roman est incroyablement vivifiant, plein de vie contrairement à ce qu'on pourrait penser (et oui il y a un maximum de pages déprimantes, là n'est pas la question), simple, vrai, et on voudrait sincèrement que le livre jamais ne s'arrête pour pouvoir rester avec ces Kostoglotov et Roussanov au pavillon. Il y a l'évolution de la maladie, les relations avec les médecins et les autres malades, mais aussi la lente déstalinisation au dehors qu'on apprend par à coups, à travers les journaux ou les visiteurs. L'union Soviétique lui-même se fissure, semble être doucement atteint d'une forme de cancer qui le ronge. Les discussions politiques, philosophiques, sont magnifiques, pleines de paradoxes doux-amers. Soljenitsyne donne une chance à tout le monde, même les petits fonctionnaires les plus veules. On parle parfois de roman-total en général en rapport avec des livres post-modernes hyper ambitieux mais je trouve que "Le pavillon des cancéreux" englobe un monde entier entre ses pages.

Vie et Destin
8.6
2.

Vie et Destin (1962)

Zhizn i Sudba

Sortie : 1980 (France). Roman

livre de Vassili Grossman

bilouaustria a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Au sortir d'un chef d'oeuvre comme "Vie et destin", on ne peut rien lire, il y a un gouffre avec les autres romans, il est un peu absurde de se lancer dans quoi que ce soit. On ne rentre pourtant pas aussi facilement dans le roman monumental de Grossman que dans "Guerre et paix" qui colle davantage à ses personnages et dessine dans un premier temps un fil narratif solide avant de s'aventurer ailleurs. Grossman, lui, construit "Vie et destin" comme une immense mosaïque et fait confiance au lecteur pour, avec le temps, recoller les morceaux et mettre un visage sur les centaines de personnages que son roman fait vivre. Autour du siège de Stalingrad, Grossman dresse un monstrueux portrait du vingtième siècle en un face à face des monstres nazis et communistes présentés comme des systèmes presque identiques, l'auteur brouillant volontairement les cartes (on prend à plusieurs reprises l'un pour l'autre, le vocabulaire utilisé participant de cet effet de trouble). L'ambition de Grossman est hors du commun, son courage quasi suicidaire puisqu'il critique ouvertement le parti et Staline, les dénonciations, les insuffisances de cette vie constamment noyée dans la peur. Il y a des scènes bouleversantes, peut-être les plus belles du vingtième siècle, une lettre d'une mère au début, un évadé d'un camp qui trouve refuge chez une paysanne un peu plus loin, la curée autour du pauvre scientifique. Histoire, politique, vie intime, philosophie, science, on approche le roman total. La pureté du style, l'envie d'écrire un grand roman mais de le rendre lisible et accessible, de dire les choses les plus complexes de la manière la plus simple, est quelque chose de rare et précieux.

Et quelquefois j'ai comme une grande idée
8.6
3.

Et quelquefois j'ai comme une grande idée (1964)

Sometimes a Great Notion

Sortie : septembre 2013 (France). Roman

livre de Ken Kesey

bilouaustria a mis 10/10.

Annotation :

Le plus frappant dans "Sometimes a Great Notion" c'est cette élégance avec laquelle les voix s'entrecroisent et s'enlacent mais jamais dans le sens traditionnel du récit polyphonique, on est davantage chez Dos Passos dans une retranscription du monde et de ses consciences à grande échelle. Pas de basses intentions (Inarritu, Lelouch) de recoller habilement des morceaux mais l'envie d'aller jusqu'au bout de chaque personnage, de ses sentiments, de son enfance, de faire de chacun le personnage principal d'une immense histoire qui serait la vie de l'Oregon, la vie de la forêt et la vie de l'ouest américain. L'ouest habite le texte comme le sud habite ceux de Faulkner, c'est prégnant dans cette nature, le froid, les crues, la lumière entre les séquoias. Et au milieu, coule une rivière, oui, mais surtout au milieu ces deux frères, aussi différents que vaguement revanchards, on est tout de suite dans le mythe, la lutte colossale est celle des hommes face à l'éternel et à la nature toute puissante, Kesey construit modestement, pierre par pierre une cathédrale destinée à s'écrouler, ce qui sous-tend le roman et tous ses enjeux. Avec de splendides moments de folies, des sauts de puces qui perdent volontiers le lecteur (cache-cache littéraire), mais au final une récompense magnifique pour les plus téméraires.

De sang-froid
8.1
4.

De sang-froid (1966)

In Cold Blood

Sortie : 31 août 1966 (France). Roman

livre de Truman Capote

bilouaustria a mis 9/10.

Annotation :

Transformer une brève de dix lignes en un roman psychologique de 500 pages. Le mondain Capote va mettre les pieds dans la boue et les prisons du Kansas pour écrire ce texte noir, où la frontière entre journalisme et littérature, fiction et faits réels est plus ténue que jamais. Évidemment les mots "histoire vraie" pèsent tout du long, Capote se met en scène, mais c'est le style, du polar brut aux entretiens auprès des assassins, qui porte ce récit violent vers une expérience plus profondément humaine.

Une saison amère
7.6
5.

Une saison amère (1961)

The Winter of Our Discontent

Sortie : 1961 (France). Roman

livre de John Steinbeck

bilouaustria a mis 9/10.

Annotation :

Je suis comblé, époustouflé par ce livre, si bien que je peine à trouver les mots. Je crois que je n'attendais plus de Steinbeck, paradoxalement, après ces chefs d'oeuvres que sont "Les raisins de la colère" ou "À l'est d'Eden", qu'un roman mineur. Son dernier. Or le grand romancier n'a rien perdu, au contraire, il est au sommet de son art et ose tout, parler de choses que je considérais peut-être trop bassement terre à terre pour faire l'objet du dernier grand texte d'un prix Nobel : l'argent, l'ambition, un rendez-vous à la banque, être son propre patron, la superstition aussi, autant de thèmes que je n'aurais jamais imaginé mériter d'apparaitre ici et pourtant... Tous les thèmes méritent notre intérêt pourvu qu'ils soient traités avec intelligence. Donc "Une saison amère" procède de cette double impulsion, où l'on se sent à la fois parfaitement dans un roman de Steinbeck, on est immédiatement en terre connue, et pourtant la petite musique est comme légèrement enrayée par des sons parasites qui nous mettent la puce à l'oreille. Et sous ses airs sereins, cet humour de papa, sa bienveillance, son calme et sa sagesse, on se demande finalement si ce n'est pas son livre le plus désespéré, le plus déchirant. Il annonce le monde d'après, les enfants du personnages principal, la manière dont la ville va être amenée à changer (la construction prochaine d'un aéroport), l'importance que prend la télévision. Steinbeck aurait pu écrire un livre de vieux con au moment de passer le relais à une nouvelle génération. Il fait tout le contraire. L'humanité qui traverse les derniers chapitres est tellement saisissante qu'on est pris à la gorge avant même de s'en rendre compte. Parce que chez lui, les moments les plus bouleversants, comme les autres, sont amenés avec une simplicité et une bonhomie désarmantes.

La Foire aux atrocités
7.7
6.

La Foire aux atrocités

(traduction François Rivière)

Atrocity Exhibition

Sortie : 1969 (France). Roman

livre de J.G. Ballard

bilouaustria a mis 9/10.

Annotation :

Poème étrange et inquiétant composé de "romans condensés", cette Foire aux Atrocités est un objet littéraire d'avant-garde assez unique. Si vous pouviez, dans un tableau surréaliste, contenir l'essence même des années 1960, leur symbolisme, leur géométrie (tours de bétons, autoroutes infinies, ère de l'image), vous obtiendriez une peinture qui ressemblerait à "The Atrocity Exhibition". Roman post-Wahrolien, il est surtout un mash-up d'écriture automatique, de Name-Dropping - geste PoMo par excellence, d'obsessions ballardiennes (les accidents de voitures, le film de Zapruder), et de violence outrageuse et stylisée. Le sexe, le Vietnam, la géographie des corps. Les derniers chapitres zieutent vers l'art contemporain (Ballard publie depuis quelques années des publicités conceptuelles et prépare sa première exposition). Illisible et parfaitement génial.
(la seconde édition, annotée par Ballard, donne quelques clés et éclaire sur la richesse du texte et ses multiples références).

Les Choses
7.4
7.

Les Choses (1965)

Une histoire des années soixante

Sortie : 1965 (France). Roman

livre de Georges Perec

bilouaustria a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Les mots me manquent alors allons-y et reprenons simplement ceux de Malcolm Lowry en exergue pour exprimer au mieux ce roman, sous-titré "une histoire des années soixante" : "Incalculable are the benefits civilization has brougth us, incommensurable the productive power of all classes of riches originated by the inventions and discoveries of science. Inconceivable the marvellous creations of the human sex in order to make men more happy, more free, and more perfect. Without parallel the crystalline and fecund fountains of the new life which still remains closed to the thirsty lips of the people who follow in their griping and bestial tasks." C'est le texte qui, avant Baudrillard, dit comment les objets nous possèdent et exercent leur charme irrésistible. Essentiel, table de nuit, tout ce que vous voudrez.

L'Amérique
7.3
8.

L'Amérique

chroniques

Sortie : avril 2009 (France). Articles & chroniques

livre de Joan Didion

bilouaustria a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Joan Didion décrit son temps avec une hyper-lucidité fascinante. Les années 1960 et 1970, le Vietnam, Manson, la montée de la violence et de la contestation, l'histoire d'une génération etc. "L'Amérique" de Didion n'est pas celle de Baudrillard, elle est à la fois emprunte de journalisme (relater, toucher au plus près le Zeitgeist) et de poésie. Elle capture l'essentiel de ces années comme un insecte coloré qu'elle emprisonne dans ces pages. Quelque chose comme le "Just Kids" de Patti Smith avec le recul et plus de métier.

1960's

Aucun de nous ne reviendra
8.9
9.

Aucun de nous ne reviendra (1965)

Auschwitz et après, tome 1

Sortie : 1965 (France). Récit

livre de Charlotte Delbo

bilouaustria a mis 9/10.

Annotation :

Ce n'est pas évident de rentrer dans "Aucun de nous ne reviendra" parce que, comme tous les textes ayant pour sujet l'holocauste et les camps de la mort, on est tout d'abord saisi par une forme d'engourdissement : on ne peut saisir l'horreur et ce qu'elle signifie, tout est trop fort, presque inimaginable et puis aussi simplement parce que cette littérature des camps est devenu un genre en soi, comme le roman policier, on en a lu des dizaines et des dizaines, et on rentre en terrain connu, comme si on connaissait déjà (paradoxalement). Donc il faut inventer une écriture, trouver les mots, pour que le texte parvienne à porter au-delà de son sujet "écrasant". Et ce sont les mots de Charlotte Delbo, auxquels s'ajoute des détails très concrets, qui donnent à voir, tous ces éléments font de ce texte une rareté, maintenant le doigt sur une forme d'humanité et de vérité de cette expérience. Delbo est assez décomplexée je trouve, elle ose s'approcher de la poésie alors on pourrait penser qu'une fois encore le sujet trop dramatique "interdit" de faire des jolies phrases. L'équilibre qu'elle trouve ici est presque parfait.

Ada ou l'Ardeur
8.3
10.

Ada ou l'Ardeur (1969)

Ada or Ardor: A Family Chronicle

Sortie : 1975 (France). Roman

livre de Vladimir Nabokov

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Il n'y a que Nabokov pour écrire Ada mais aussi peut-être pour le lire. Truffé de jeux de mots, d'allitérations, de traductions, de sauts de l'esprit, "Ada or ardor" (tout un programme) est le condensé en forme d'Everest d'une carrière monumentale. Il faut une vie pour le lire, le relire, le comprendre, le reprendre, découvrir de nouvelles facettes drôles ou magiques. Une chronique de famille, un livre de SF, un roman de souvenirs proustiens, une autobiographie à peine cachée, on ne peut mettre d'étiquette sur ces 750 pages sinon celle de "merveilleusement à part".

Mon mal vient de plus loin
8.1
11.

Mon mal vient de plus loin (1965)

Everything That Rises Must Converge

Sortie : 1 janvier 1968 (France). Nouvelle

livre de Flannery O'Connor

bilouaustria a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Neuf nouvelles extraordinaires parfaitement dans l'esprit de son premier recueil et construites presque systématiquement sur le même modèle : un triangle, ou plutôt un trio de personnages en désaccord, en général les tensions au sein d'une même famille jusqu'à l'explosion. Ainsi peut-on imaginer le recueil entier comme un exercice de variations autour de la même structure de départ. Les thèmes chers à O'Connor sont toujours là, les tensions raciales, le chantage affectif, la figure de l'intellectuel marginalisé, et la religion plus ou moins moquée mais menaçante. Nous sommes aussi toujours en Géorgie, dans ce sud des États-Unis qui est un pays de littérature (Faulkner, Penn Warren, Mc Cullers etc). La maîtrise de Flannery O'Connor, déjà très malade mais pas encore mourante, est sidérante. Mon texte préféré reste probablement le premier, un simple trajet de bus et une discussion un peu chaude entre une mère et son fils, texte parfait plein de rancœur, de complexe de supériorité, de malentendus, de racisme bas du front, de coquetterie mal placée. Fabuleux.

A Grain of Wheat
12.

A Grain of Wheat

Sortie : 1967 (France). Roman

livre de Ngugi Wa Thiong'o

bilouaustria a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Splendide et impressionnant. Je ne connaissais pas Ngugi Wa Thiong'o, je lis de toutes manières trop peu d'africains, et on se demande bien pourquoi quand on voit la force que dégage ce texte. C'est du post-colonialisme (et ironiquement le roman a été écrit à Leeds, loin des préoccupations kenyanes) et on y comprend aussi précisément que chez E.M.Forster les enjeux, même si dans ce cas le miroir est inversé. "A grain of wheat" n'est pas tant chargé de haine vers l'envahissant colon que de haine rentrée, intérieure, et pose la question de l'héroisme dans ces grandes révolutions pour l'indépendance. Les personnages révèlent sur le tard leurs secrets et les rôles qu'ils ont pu jouer sont souvent trompeurs. Il y a plus de lâchetés qu'il n'y paraît. Plus de douleurs aussi. Et le portrait de Thompson le tortionnaire est éblouissant. Ngugi Wa Thiong'o montre par instants sa capacité à changer de rythme en un éclair, à accélérer quand il le faut, quand le drame se rapproche. À la fin de sa carrière, il écrira dans son dialecte et plus en anglais, ce qui lui vaudra d'être incarcéré. Un choix politique de plus qui fera de lui un modèle et de ses livres un "danger" pour les blancs.

La Fenêtre panoramique
8.2
13.

La Fenêtre panoramique (1961)

Revolutionary Road

Sortie : 31 décembre 1961 (France). Roman

livre de Richard Yates

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

C'est toujours intéressant quand un auteur, par le biais de la fiction, parvient dans une langue simple à développer des idées plus complexes. Dans "Revolutionary Road" : l'enlisement progressif d'un couple banlieusard de la classe moyenne dans le conformisme et le capitalisme. Et la violence avec laquelle le capitalisme produit son propre prosélytisme et marginalise ceux qui s'y opposent ou le critiquent (le personnage génial du "fou", John Giving, qui est en réalité le plus lucide). Ce couple, April et Frank, ne se doutent pas de ce qui guette. Ils sont persuadés d'être un couple modèle (et ont un complexe de supériorité dès le début) et ne s'entendent pas moisir dans un coin chic du Connecticut. Oui mais, le quotidien aidant, l'envie de posséder ("les choses" est écrit presque la même année, Bessette le formule juste avant) les pousse à renoncer doucement à leurs rêves d'ailleurs. Aller au bout de leurs potentiels, devenir eux-mêmes. Toutes ces belles chimères sont hors de portée, engloutis qu'ils sont dans les sables mouvants pavillonnaires et dans une médiocrité bien trop confortable. Et bien sûr au final nous revient la première scène : une pièce de théâtre en forme de fiasco. Et si tous ces gens jouaient un rôle ? Un rôle tout en sourires faux et commentaires hypocrites. Fort et caustique, finaliste pour le National Book Award en 1962.

Cicatrices
14.

Cicatrices

Sortie : 1969 (France). Roman

livre de Juan José Saer

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Saer mêle quatre histoires, écrit en réalité presque quatre romans côte à côte, comme Bolaño quand il imaginait "2666" comme cinq romans indépendants les uns des autres. Dans "Cicatrices" les trajectoires des personnages tracent des cercles qui parfois se touchent, ou se croisent légèrement mais ont pour l'essentiel leur propre forme et direction. Surtout Saer capture le lecteur, le tient dans ses filets, quelque soit le récit, celui d'un jeune journaliste un peu perdu qui vit chez sa mère et erre la nuit dans la rue, celui d'un juge qui traduit "Le portrait de Dorian Gray" entre deux affaires, celui d'un père violent qui en vient à tuer sa femme à coups de fusil. Ces histoires là et toutes les autres, les parties de carte la nuit, le suicide d'un prévenu ou la prostitution, Saer les raconte avec un art du rythme et de la formule, irrésistiblement entraînant, sans paragraphe, prenant son souffle et écrivant presque d'un trait ces 350 pages de monologues, tantôt drôles, tantôt tendues, étranges, où des épisodes parfaitement invraisemblables paraissent évidents parce qu'il y a trop de vie dans chaque page. Ce n'est pas une enquête qui imite la vie mais la vie déguisée en enquête policière. Je n'aurais pas été contre 300 pages de plus.

La  Vie obstinée
8.1
15.

La Vie obstinée (1967)

All the Little Live Things

Sortie : 2002 (France). Roman

livre de Wallace Stegner

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Un couple de retraités s'installe en Californie dans un coin isolé et paradisiaque pour profiter de la nature et du calme, jusqu'a ce qu'un jeune hippie viennent plus ou moins squatter sur leurs terres et mette leurs vies sens dessus dessous. Donc un roman réac, tout ce que j'aime. Plus sérieusement, le point de vue de Stegner, adoptant toujours la perspective du vieux sage gronchon est délicieuse, et le roman est plein de douceur, de doutes, de sagesse, de questions existentielles posées avec beaucoup de naiveté, c'est un plaisir de suivre la narration qui s'offre même quelques écarts un peu plus philosophiques, sur son époque notamment. Le couple a perdu un fils qui ressemble à ce jeune trublion et sa présence redonne vie à une forme de douleur et de questionnement. C'est assez doux amer, avec une émotion qui culmine dans les dernières pages. On apprend peut-être dans ce livre à ne pas devenir un vieux con, ce qui me pend déjà au nez. Le héros "obstiné" est en réalité très fragile et touchant. Un auteur qui m'a immédiatement séduit et une langue simple qui joue sur les flux de pensée.

Tristesse et beauté
7.9
16.

Tristesse et beauté (1965)

美しさと哀しみと (Utsukushisa to Kanashimi to)

Sortie : 1981 (France). Roman

livre de Yasunari Kawabata

bilouaustria a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Violence contenue, perversité, vengeance froide. L'atmosphère de ce court roman est délicieusement rendue, avec la finesse des coups de pinceaux les plus précis, un trait sûr, un geste de maître. La simplicité de Kawabata donne l'impression d'une grande facilité mais quel art ! Cette histoire constamment sous pression et tenue dans ses enjeux jusqu'au bout peut rappeler "Les braises" de Sándor Márai, autre règlement de comptes inoubliable. Mais ici le Japon est aussi un personnage en soi.

Sale temps pour les braves
8.1
17.

Sale temps pour les braves (1966)

Hard Rain Falling

Sortie : 21 mars 2012 (France). Roman

livre de Don Carpenter

bilouaustria a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Si John Carpenter est célèbre pour ses films de SF ou d'horreur, Don Carpenter fait depuis peu parler de lui pour avoir été... déterré ! Le mérite en revient à la New York Review of Books qui a réédité "Sale temps pour les braves", grand texte noir injustement oublié depuis sa parution en 1966.
Le contraire du rêve américain s'appelle Jack Levitt, ado violent, orphelin, impulsif, déclassé, prêt à tout pour une bouteille ou une fille, pour une minute de bonheur dans cette Amérique où la roue ne tourne pas. Carpenter, souvent comparé à Selby, y déploie la même force tranquille, une écriture sûre d'elle, sans ornements et qui touche au cœur. En taule ou dans les salles de billard enfumées, les pulsions autodestructrices de son héros rappellent le Harry White du Démon. Profondément humain, Don Carpenter ne se prend jamais pour son homonyme John fan de zombies et d'hémoglobine : "Sale temps pour les braves" n'en reste pas moins un splendide roman de chair et de sang.

Rêver sous le IIIe Reich
7.9
18.

Rêver sous le IIIe Reich (1966)

Das Dritte Reich des Traums

Sortie : 3 septembre 2004 (France). Essai

livre de Charlotte Beradt

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

De Robert Ley, dirigeant de l'organisation du Reich, est restée cette phrase célèbre : "la seule personne en Allemagne qui a encore une vie privée est celle qui dort". Charlotte Beradt prouve brillamment le contraire. Cette opposante au régime hitlérien et amie intime de Hannah Arendt, a mené de 1933 à son exil en 1939 un fantastique projet : compiler les rêves de plus de 300 personnes, les disséquer et voir en quoi le régime totalitaire s'infiltre jusque dans l'inconscient, à en "malmener les âmes". L'idée est fascinante et son essai écrit avec le plus de modestie et de simplicité possible. Les rêves se prennent la part du lion, ses commentaires informatifs orientent le lecteur, redonnent le contexte précis. On rêve donc d'une aventure avec le Führer (objet de désir), on rêve de vie sous-marine, les cauchemars concernent beaucoup la supposée judéité des rêveurs, cheveux trop noirs, nez trop long, peur d'être démasqué, peur d'être écouté, les maisons sont sans murs, nos documents et autres certificats ne sont plus à jour... Kafka n'a jamais été plus actuel. Orwell se pince pour y croire. Ces rêves ont toujours une qualité saisissante d'anticipation, un sens du détail renversant.

Le Marin rejeté par la mer
7.6
19.

Le Marin rejeté par la mer (1963)

Gogo no eiko

Sortie : 1968 (France). Roman

livre de Yukio Mishima

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Si "Le marin rejeté par la mer" est bien un Bildungsroman, c'est celui des pulsions enfouies. Le livre s'ouvre sur un prologue grandiose, hautement visuel, sorte d'opéra dramatique, sons et lumières avec Éros, Thanatos, l'océan et la nuit. Mishima nous tient : il ne relâchera plus sa proie, aussi impitoyable que ces gamins qui tuent un chaton puis le découpent avec d'immenses ciseaux de métal, par jeu. Comme souvent dans les romans japonais, l'amour et la violence se confondent mais ici il n'est pourtant pas affaire de perversions, plutôt de code de l'honneur, de bravoure, de fierté. Ces valeurs elles-mêmes sont perverties, mal interprétées, par des gosses en manque de repère. Le Japon d'après-guerre, oui, c'est un peu cet enfant perdu.

Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage
7.9
20.

Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage

I Know Why the Caged Bird Sings

Sortie : 1969 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Maya Angelou

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Texte autobiographique (uniquement ses années de jeunesse et d'adolescence jusqu'à ses 17 ans) touchant et plein de dignité. Maya Angelou traverse toutes les épreuves possibles, violence, racisme, pauvreté, mais elle en ressort toujours plus "complète" en un sens, les expériences, positives ou négatives l'enrichissent. Et puis elle écrit bien autre chose, pas d'apitoiement, sa douleur n'est jamais le sujet du livre. Même dans les pires épisodes, elle passe vite, par pudeur. Le genre autobiographique est un exercice très particulier, la manière dont certains écrivains parlent d'eux-mêmes en dit déjà beaucoup sur leur personnalité et ici on trouve de la modestie, de l'intelligence, de la compassion pour ceux qui l'entourent (même les moins bien intentionnés). On comprend un peu ce qu'a pu être la vie d'une femme noire dans les années 1930 et 1940, il y un passage au début du livre qui évoque très brièvement une descente du KKK. Passage parfait, qui dit tout en quelques mots, juste en passant, sans s'attarder mais en laissant une empreinte durable. Il y a aussi une scène mémorable de rage de dents. On grandit avec elle et son frère, on passe par toutes sortes d'émotion, une grande réussite qui donne envie d'aller explorer la suite de cette série (en France deux tomes sont traduits mais ses écrits autobiographiques s'étendent sur 7 livres).

Voyage avec Charley
7.8
21.

Voyage avec Charley (1962)

Travels with Charley

Sortie : 1962 (France). Récit, Voyage

livre de John Steinbeck

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Dans les années 1930, Steinbeck se lance dans une série d'articles pour le San Francisco News qui lui révèlent quelques vérités poignantes sur l'exode massive vers l'ouest. Son enquête deviendra une œuvre de fiction : "Les raisins de la colère". Le goût du voyage et le goût de l'enquête ne l'ont pas quitté. En témoignent aussi ses aventures moins connues en Russie aux côtés de Robert Capa, ses longs séjours en France ou en Italie etc. En 1960, peu avant de recevoir son Nobel, Steinbeck part sur la route à bord d'un drôle de véhicule (nommé Rocinante comme le cheval de Don Quichotte) et de son fidèle compagnon Charley (un charmant caniche) pour trois mois de traversée afin de redécouvrir son propre pays avec lequel il sent avoir perdu le contact. Sur la route, le hasard des rencontres construit peu à peu un portrait de l'Amérique. Un douanier près des chutes du Niagara, un drôle de vétérinaire, un jeune qui veut tout quitter etc. La sagesse de Steinbeck, sa curiosité, son flair en font un guide sûr, plein d'humour et d'humanité dans cette aventure douce amère.

Les Deux Sacrements
8
22.

Les Deux Sacrements (1960)

Billard um Halb Zehn

Sortie : 1960 (République fédérale d'Allemagne). Roman

livre de Heinrich Böll

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Un roman à trous, plein d'ellipses et de mystères, quoique l'on remet assez facilement les pièces les unes avec les autres mais il y a toujours une puissance qui demeure comme flottant dans l'air. Böll ne dit jamais tout. Il suggère. Il évoque. Et puis quelle structure ! À la fois une journée et cinquante ans d'histoire allemande, par sauts de puces, au présent et au passé dans les mémoires de tous ces personnages (les Fähmel, architectes sur trois générations, tantôt grands bâtisseurs, plus tard rois de la dynamite). Il y a la secte des buffles, celle des agneaux, des sous-entendus, des règlements de compte qui traversent les âges et gardent un goût amer. Le texte est souvent habité de ce passé lourd, de choses tues, aussi calmes et bourgeois que nos héros semblent être, ils restent, comme diraient les Straub, "non réconciliés" avec leur passé et cette Allemagne qui est un concentré de violence derrière les sourires de façade. Le dernier coup de feu retentit tout le long du dernier chapitre, le temps d'un immense écho fatal.

Et ce sont les violents qui l'emportent
8.1
23.

Et ce sont les violents qui l'emportent

The Violent Bear it Away

Sortie : 1960 (France). Roman

livre de Flannery O'Connor

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

La Géorgie et ses prédicateurs plus ou moins illuminés est une constante chez Flannery O'Connor, son premier roman traitait déjà du même thème, ses nouvelles reprennent aussi souvent ce cadre. Dans ce roman en particulier, il est question d'un jeune garçon et de son éducation, lui qui grandit parfaitement isolé auprès de son grand oncle et de ses sermons. À 14 ans à la mort de cette figure paternelle et menaçante, le garçon se retrouve seul face à un monde trop grand pour lui, avec autant de questions que de doutes, plein de violence contenue. Doit-il prêcher ? Moquer l'enseignement du vieux qui était légèrement fou ? O'Connor ne répond jamais, aussi notre garçon se retrouve prit entre deux feux, fier mais craintif, avec, toujours, le fantôme du vieux prêcheur au-dessus de lui. Et ça donne un livre vraiment hanté, troublant, où le libre arbitre est une chose bien fragile quand on a la tête pleine de foutaises. Le mélange de peur et de foi qui habite le personnage central est terriblement troublant, il ne sait tout simplement tout à fait qui il est, et ce mélange laisse le lecteur toujours incertain de la prochaine scène, dans une attente inquiète. Ce suspens métaphysique est la grande réussite d'un texte parfaitement inscrit dans l'héritage plouc-religieux de cette immense romancière, mariant dans la même page le trivial au divin.

Le Siècle des Lumières
7.4
24.

Le Siècle des Lumières (1962)

El siglo de las luces

Sortie : 1962. Roman

livre de Alejo Carpentier

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Styliste exceptionnel, grande élégance naturelle, sorte d'aristocrate des lettres. Carpentier est le plus français des auteurs cubains. Son roman part d'une idée passionnante : narrer la révolution française dans les Antilles. La lumière, l'humidité, il y a presque un climat conradien à ce texte épique où les hommes deviennent fous de pouvoir. Premier tiers sidérant.

Un homme qui dort
7.9
25.

Un homme qui dort (1967)

Sortie : 1967 (France). Roman

livre de Georges Perec

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Alors qu'il s'apprête à écrire un roman sans la lettre E, Perec se lance dans une nouvelle contrainte (stimulante) en écrivant un texte composé de phrases sorties de livres célèbres. Il emprunte pour "Un homme qui dort" des bouts chez Melville, chez Kafka. Mais le travail a une qualité invisible, jamais les citations ne sont des passages célèbres, mais plutôt des emprunts anonymes (aussi discrects et indétéctables que possible). Sur le fond, il tente d'accomplir le fameux fantasme de tout écrivain : le livre sur rien. Aussi quelle étrange impression à la lecture et quelle réussite ! Perec dans sa face la plus dépressive, presque méconnaissable, avec ce roman-fantôme.

Le Dernier Stade de la soif
7.8
26.

Le Dernier Stade de la soif

A Fan's Notes

Sortie : 1968 (France). Roman

livre de Frederick Exley

bilouaustria a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Datant de 1968, « Le dernier stade de la soif » de l'inconnu Fred Exley est devenu légendaire aux Etats-Unis. Pourquoi ? Parce que cette traversée cruelle de l'Amérique des sixties condamne la bien-pensance pour se concentrer sur la crasse des Pubs et la propreté clinique des hôpitaux psychiatriques. Exley, fan absolu des New York Giants et alcoolique chevronné, écrit à la première personne son rêve américain – et sa chute tragique. Si la crudité du verbe, le punch direct des phrases et ce penchant pour la bouteille rappellent Bukowski, il y a, à bien y regarder, du Thomas Bernhard chez ce jeune écrivain, dans cette haine farouche qu'il entretient pour ses contemporains, sa manière de démasquer l'hypocrisie et la médiocrité partout où elle surgit. Préfacé par Nick Hornby, « Le dernier stade de la soif » transforme le glamour en cauchemar.

Le Procès-verbal
6.7
27.

Le Procès-verbal

Sortie : 1963 (France). Roman

livre de J.M.G Le Clézio

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Quelle expérience ! Le jeune Le Clézio, on le sent, veut déjà faire table rase et écrire un autre roman, pas celui de papa qu'on a lu et relu, il a soif de renouveau, son texte flirte avec l'expérimental. Il perdra des lecteurs en route mais peu importe. Il y a beaucoup de courage dans ce geste radical, certains passages sont limpides et puissants, d'autres paraissent provocateurs et un peu toc. Mais il y a toujours une grande soif de littérature et un désir de marginalité qui me le rend sympathique. En fait je ne connais quasiment pas Le Clézio et j'en avais une image fausse d'écrire voyageur un peu convenu. "Le procès-verbal" dynamite tout ! Il l'écrit à à peine 23 ans, les écrivaillons n'ont qu'à bien se tenir ! Le vieux monde qui va céder en 1968 est déjà mis à mal. C'est quand même un livre sacrément mal-aimable (on lit ça et là que c'est carrément illisible ce qui est faux), il faut un peu s'accrocher mais je trouve le lecteur largement récompensé.

La Trêve
8.2
28.

La Trêve (1963)

La tregua

Sortie : 1963 (Italie). Autobiographie & mémoires

livre de Primo Levi

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Primo Levi commence ce texte émouvant le jour de la libération, lorsque les prisonniers quittent enfin les camps. La stupéfaction, le vide après l'horreur, une marche interminable à travers les bois, et puis la vie qui reprend péniblement le dessus (on sait que Levi se suicidera presque quarante ans plus tard). L'angle est particulièrement intéressant. Il l'écrit en 1963 comme si c'était la veille. On comprend que les conséquences seront éternelles, qu'il n'est pas question de frontière ou de prison mais qu'on ne se libère naturellement jamais de ses propres fantômes.

Au coeur du coeur de ce pays
8.5
29.

Au coeur du coeur de ce pays (1968)

In the heart of the heart of the country

Sortie : 1989 (France). Recueil de nouvelles

livre de William H. Gass

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Le livre s'ouvre sur une préface assez extraordinaire où l'on sent l'amour de Gass pour les mots, son engagement de chaque instant dans son art, son niveau d'exigence. C'est un texte vers lequel revenir quand on se demande ce qu'est la littérature. Dans les cinq nouvelles qui suivent, on devine souvent une attraction ou même une fascination pour le mal, une forme de vertige provoqué par l'observation, comme si celui qui regardait finissait par être cannibalisé par son sujet. Un homme qui observe son insupportable et vulgaire voisine, une femme qui trouve des insectes sur son tapis. Le regard devient obsession, l'obsession langage. Les monologues intérieurs de Gass sont extrêmement puissants, ils dégagent à la fois une force et sont tout à la fois pollués par ces "détritus du langage" (these litters of language) dont il traite dans l'introduction. "The Pedersen Kid" qui est presque un petit roman est selon moi le texte clé, le plus marquant du recueil. Il condense à la fois la déconstruction de la langue et annonce un danger obscur tout en dénouant progressivement le fil narratif avec brio. Pourtant, alors que tout est fait pour me plaire, je bute un peu sur ces nouvelles. Il y a un malaise que je trouvais chez Bachmann et qui se concrétise dans une phrase en plein dérèglement mais on ne comprend pas chez Gass d'où vient l'origine de ce dérèglement (le texte Icicles par exemple). Il y a quelque chose peut-être d'un peu gratuit dans ces expérimentations qui me déroute. Je reste troublé, intéressé, admiratif parfois.

Nuit
8.2
30.

Nuit

Nacht

Sortie : 1964 (France). Roman

livre de Edgar Hilsenrath

bilouaustria a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

La vie, la mort : les beaux romans sont souvent les plus simples. Raconter la survie dans le ghetto de Prokov pendant la guerre, c'est écrire l'humanité nue, le froid, la crasse, la faucheuse qui rôde, la quête éternelle de nourriture et de réconfort. C'est écrire aussi les coups bas, la petitesse des survivants qui sont souvent les plus durs au mal, les plus vils... Tout se vend. Tout se vole.
Edgar Hilsenrath a regardé l'horreur dans les yeux avant de mettre plus de dix ans à la coucher sur le papier. Sa dénonciation sans artifice de la cruauté entre juifs, au fin-fond de l'Ukraine, a fait de "Nuit" un roman longtemps mal vu, presque tabou. Publié en 1964 puis interdit, confidentiel à sa sortie américaine douze ans plus tard, le livre est aujourd'hui enfin réhabilité et reçoit la reconnaissance qu'il mérite grâce aux éditions Attila : un grand texte peuplé de fantômes, de moments de grâce, d'immoralité, et de marché noir.

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