Festival SensCritique : Juin-Août 2013
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Le Festival du Film de SensCritique vise à réunir les membres du site SensCritique pour regarder des films donnés au préalable et dans un temps imparti. Ces ...
16 films
créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a plus de 12 ansJe t'aime, je t'aime (1968)
1 h 34 min. Sortie : 24 avril 1968. Drame, Science-fiction
Film de Alain Resnais
Kévin List a mis 8/10.
Annotation :
8/10
Un film incroyable. Les hauts et les bas d'une histoire d'amour à travers le temps et l'espace. Une mise en scène expérimentale sublime qui crée un rythme artificiel et donne une cohérence à ce récit, et pourtant qu'est ce qu'il est difficile de réaliser un film sur les retours dans le temps. Les personnages sont tous très fins, très bien construits et Claude Rich se révèle vraiment épatant. Les dialogues confèrent au génie. C'est également un film d'une tristesse déconcertante, toute en subtilité combiné à une ampleur émotionnelle inattendue. Les 160 séquences qui découpent le film dans l'espace temps présentent aussi bien des moments anecdotiques que des séquences intenses où l'histoire d'amour qui unie ce couple devient plus limpide, plus joviale, plus sombre et où seule le contexte aquatique semble être une forme de quiétude pour Claude.
Un film qui transpire la réflexion sur le temps, l'amour, l'Homme, la science et laisse une impression très agréable que le cinéma français peut aussi se décliner avec succès dans la science-fiction.
Labrador d'Or ex-aequo.
Prix Cary d'Or pour Claude Rich.
Prix du Ciseau d'Or.
Une question de vie ou de mort (1946)
A Matter of Life and Death
1 h 44 min. Sortie : 10 septembre 1947 (France). Drame, Fantastique, Romance
Film de Michael Powell et Emeric Pressburger
Kévin List a mis 8/10.
Annotation :
8/10
Très agréablement surpris par cette production britannique, sorti après la seconde guerre mondiale. J'ai été étonné d'apprendre que le film était une commande des studios pour apaiser les relations entre le Royaume-Uni et les USA, donc un film clairement de propagande. Mais les cinéastes Powell et Pressburger vont au-délà de ça et propose un regard particulièrement inventif sur l'au-delà, "l'administration" du service des décédés et une justice pour les erreurs se déroulant au sein de ce service. Il y a une certaine naiveté qui se cache dans l'intrigue, notamment cette fameuse histoire d'amour immortelle et intemporelle qui n'a commencé que vingt heures plus tôt, ou le fait que le médecin chargé de surveiller notre "revenu des morts" meurt dans des circonstances simplistes et prévisibles, mais le charme opère et l'élégance qui se dégage de ce gentil film britannique arrive à coup sûr à plaire, notamment de par ses dialogues bien trouvés et un regard bienveillant sur les nations, l'amour, la mort et l'au-delà.
Un casting de choix complète une oeuvre déjà bien réussie et une mise en scène classe qui oscille entre le noir et blanc et le technicouleur pour différencier ces deux mondes.
Un bon cru de ce festival.
Labrador d'Or ex-aequo.
Prix du Stylo d'Or.
Love (1969)
Women in Love
2 h 04 min. Sortie : 6 mai 1970 (France). Drame
Film de Ken Russell
Kévin List a mis 7/10.
Annotation :
7/10
Un film extrêmement subtil et complexe sur l'amour et ses méandres. Servi par un casting irréprochable, particulièrement Alan Bates en intellect, rebelle et insatisfait, Love reprend l'intrigue du roman éponyme et sensuel de D.H. Lawrence. Le film est extrêmement brillant dans sa construction des personnages et des relations qui les animent, entre jalousie, incompréhension, amour passionné et haine soudaine. C'est également un film bien british qui traite des classes sociales avec cet ambivalence dans les rapports entre la classe supérieure et bien éduquée et celle de la classe moyenne, représentée par la mine. Le personnage qui représente pourtant cette classe est un individu certes brute mais pas moins sensible aux ficelles de l'amour tandis que l'intellectuel ne sait pas quel amour il désire, et souhaite concilier son amour charnel pour une femme avec l'amitié d'un homme, presque aussi fort que l'amour. Love a un charme indéniable en partie grâce à ces dialogues fins et juste, l'élégance de la production britannique, et surtout ses personnages qui y mettent du cœur et du ton. Pourtant le film tombe parfois dans une caricature et devient une sorte de représentation intellectuelle destinée aux classes supérieures tant certaines scènes confèrent à la sur-interprétation et gâche le plaisir de l'instant. La fin est soudaine et laisse une impression certes terminée mais entachée par ce soudain plan fixe. Un bon film, très intelligent sur la conception de l'amour, un peu surjoué, un peu trop théâtrale mais il en reste une intrigue pertinente, une adaptation sans doute réussie et des questions qui se posent et tendent à la discussion et la réflexion.
Labrador d'Argent.
Le Vieil Homme et la Mer (1999)
The Old Man and the Sea
20 min. Sortie : 17 octobre 2001 (France). Animation
Court-métrage d'animation de Aleksandr Petrov
Kévin List a mis 9/10.
Annotation :
9/10
Si court mais si bon.
Quelle déception de voir un court-métrage aussi envoûtant que celui-ci rendu si court, mais c'est aussi cela qui fait sa force.
En vingt minutes, Aleksandr Petrov réussit à instaurer toute la force transmise par la nouvelle/le roman d'Hemingway.
Ce parti-pris d'animer ce court à la peinture à l'huile est une brillante idée et confère une authenticité incroyable donnant par moments des plans magnifiques dont certains ont la beauté pour être présenté dans des musées.
Les différentes perspectives entreprises (point de vue d'un oiseau, de la mer, des habitants) ajoutent du rythme et une dimension inattendue voire divine (La Nature est Dieu). Chaque transition est une merveille d'ingéniosité et fait osciller le film entre une forme de réalisme et de surréalisme.
C'est le récit brave et courageux d'un homme qui lutte pour lui, mais surtout qui lutte pour vaincre un adversaire si noble, si brave, qu'il salue aimablement. Il le combat comme un gentleman, avec respect mais également avec la conviction féroce de vaincre son adversaire, et cela se ressent dans l'emploi de termes assez crus ("Remonte doucement que je t'enfonce le harpon dans le corps")
Il voit en ce duel maritime le souvenir de sa jeunesse marquée par un bras de fer d'anthologie qui lui a valu la notoriété de ses pairs.
Toute la force du court de Petrov réside dans cette volonté de montrer l'homme en proie à son plus grand ennemi : la vieillesse. La faiblesse physique qui ajoute à ce combat pourtant "simpliste" une ampleur exceptionnelle qui donne à notre vieux héros, l'image d'un Champion.
Oscar du meilleur court-métrage d'animation amplement mérité (2000).
Prix Coup de Coeur.
Que le spectacle commence... (1979)
All That Jazz
1 h 58 min. Sortie : 16 juillet 1980 (France). Drame, Comédie musicale, Musique
Film de Bob Fosse
Kévin List a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
8/10
Alors là, ma plus grande surprise de ce festival ! Je ne suis pas amateur de comédie musical mais alors ce "All that Jazz", qu'est ce que ça swingue, qu'est ce que c'est intéressant, qu'est ce que Roy Schneider y est excellent !!
L'idée du film est tout simplement fascinante et les thématiques employées me touchent car elles m'interrogent : Le milieu du showbiz, les artistes corps et âmes dans leur spectacle, la conciliation vie privée/vie pro, l'infidélité. Le film regorge énormément d'éléments pour se révéler tour à tour être un objet de fascination, de répulsion envers ce personnage détestable et infidèle qu'est Joe, de réflexion sur les symboliques du film (j'aime le fait que même la mort soit représenté de manière belle et pulpeuse, toujours dans la mentalité de Joe), et cet enchaînement de parties qui nous emmènent un peu plus vers la déchéance et la mort de Joe, juste grandiose avec ce chemin tragique qui se fait d'une manière toujours aussi spectaculaire par la composition de chorégraphies et de chansons rythmées, mention spéciale au show final !
D'un point de vue technique, il y a une mise en scène extrêmement travaillée qui rend la lecture des chorégraphies très aisées et surtout certains angles très bons qui accentuent la grandeur et la décadence de ce Joe.
Un spectacle jubilatoire dont le florilège de récompenses techniques ne m'étonne pas (Oscar des décors, des costumes, du montage) et même d'une Palme d'Or ex-aequo avec Kaguemucha de Kurosawa.
Le plus troublant reste que le film se veut presque autobiographique comme en témoigne la mort du cinéaste, épuisé à son travail.
Un film d'une grandeur et d'une décadence époustouflante !
Prix Traveling.
Prix du Tambourin d'Or.
Cría cuervos... (1976)
1 h 45 min. Sortie : 16 juin 1976 (France). Drame
Film de Carlos Saura
Kévin List a mis 7/10.
Annotation :
7.5/10
Une histoire sur l'enfance finalement très tragique. Une enfant (brillantissime) qui se laisse vivre dans un monde de rêve où sa mère serait encore envie. Plus subtil qu'il n'y parait, l'enfant porte un véritable regard dur sur le monde des adultes, sur les défauts qui animent l'Homme (infidélité, sexe, etc.). Il y a un rapport intéressant dans les relations entre ces trois filles. L’aînée s'adapte rapidement malgré elle à cette nouvelle vie, sous la tutelle de sa tante. La seconde supporte mal cette période et souffre du manque de sa mère, et la plus jeune n'a pas encore cette tristesse qui l'anime, trop jeune pour saisir l'ampleur de l'événement. Il y a des relations bien construites entre les personnages et puis que dire de Jeannette et son Porque te vas qui ne quitte plus ma tête depuis son utilisation dans le film. Le film évite le manichéisme et tend à donner un peu plus de profondeur à une tante qui se révélait au départ être le stéréotype de la femme autoritaire. Dans ce rapport avec la tante, j'y vois une représentation de la fin du franquisme, cette fille qui s'oppose à l'autorité des grands et se crée un monde à elle, loin des drames du passé. Tout se passe dans un univers clos jusqu'à ce final où Ana retrouve le chemin de l'école, de l'ouverture à la connaissance, de la liberté. Finalement, la fin laisse entrevoir un espoir, l'espoir d'un monde nouveau, aussi bien pour l'Espagne que pour Ana. Un très beau film.
Prix Katharine pour Ana Torrent.
La Clepsydre (1973)
Sanatorium pod klepsydra
2 h 04 min. Sortie : 21 mai 1975 (France). Drame, Fantastique
Film de Wojciech Has
Kévin List a mis 6/10.
Annotation :
6/10
La Clepsydre fait partie de ce cinéma qui me dépasse.
2h00 de sens et de non-sens, de dimensions parallèles, de personnages fantomatiques, de fil narratif presque invraisemblable où chaque élément à l'écran semble prêter à l'interprétation, mais bien trop élevé pour un simple d'esprit comme moi.
Mais comme le dit si bien Dream dans sa critique, dans laquelle je me retrouve sur certains points, on se surprend à suivre ce film avec intérêt et chaque élément à l'écran confère au travail minutieux, et malgré une avancée parfois dans le flou, il est fascinant d'observer un tel résultat de mise en scène, où la photographie ferait presque pensée à une succession de tableaux. Et à noter dans cette mise en scène incroyable, des plans séquences remarquables.
Un film à haute valeur artistique, mais bien trop éloigné de mes connaissances/expériences actuelles pour l'apprécier dans son ensemble. Stalker me parlait davantage, plus explicite que celui-ci, néanmoins ça reste du cinéma très éloigné de ce que je connais dans le domaine culturel. Un film qui dépend presque exclusivement des expériences subjectifs de chacun, et les plus cultivés dans le domaine vaste et large qu'est l'Art y trouveront très certainement une oeuvre majeure, à n'en pas douter. Je ne peux que féliciter cette volonté de représenter à l'écran ce genre de pensée unique, fidèle au vaste champs des conceptions qui virevoltent au sein de l'Art.
Mais c'est une oeuvre qui ne s'adresse pas (encore) à moi.
Prix de l'Obturateur d'Or.
La Charrette fantôme (1921)
Körkarlen
1 h 46 min. Sortie : 1 janvier 1921 (Suède). Drame, Fantastique
Film de Victor Sjöström
Kévin List a mis 7/10.
Annotation :
7.5/10
Un film fascinant où les notes de musique stridentes contribuent à l'ambiance oppressante de ce film de fantômes et d'esprit. Un scénario témoin d'une époque de pauvreté et de la consommation excessive d'alcools. Certains clichés enveniment le film et c'est dommage car le traitement est pourtant tout en finesse. Mais pour autant, combiné à cette légende suédoise, l'histoire prend un tout autre intérêt et c'est la rédemption qui prévaut. Un peu moralisateur mais finalement bien éclairé et suffisamment dramatique pour garder mon attention. Ajouté à cela ne mise en scène impeccable avec des effets visuels réussis (pour l'époque) sur ces esprits de ces corps sans vie. Un jeu d'acteur très théâtrale qui vaut surtout pour l’imposante interprétation du réalisateur/acteur Victor Sjostrom qui captive littéralement l'écran.
Une certaine lenteur dans le récit mais qu'à cela ne tienne, La Charette Fantôme est tout de même une réussite du cinéma fantastique de cette première moitié du XXème siècle. Et puis l'affiche en impose grave !
Zéro de conduite (1933)
49 min. Sortie : 7 avril 1933. Comédie dramatique
Moyen-métrage de Jean Vigo
Kévin List a mis 4/10.
Annotation :
4.5/10
Il y a dans ce film des idées intéressantes qui sont très ancrées à l'époque où il est réalisé. 1933, Chaplin, l'affrontement entre le monde des adultes (autorité) et celui des enfants (espièglerie), une certaine ode à la liberté de la part de ces jeunes qui accentue le côté très ancré de ce film. Et c'est son plus grand défaut car 80 ans plus tard, la formule n'a pas les moyens pour convaincre. Des erreurs de montage, des ellipses, un jeu d'acteur pas franchement farouche (il est sûr qu'il ne fallait pas en demander autant à des enfants à l'époque), une intrigue hasardeuse qui fourmille de petits moments de la vie en établissement scolaire et internat mais qui n'a finalement aucun autre but que de montrer le quotidien de ces jeunes. Pas assez amusant pour divertir, et pas assez revendicatif pour susciter un autre intérêt. Il y a des plans bien sympas et la scène révolutionnaire dans les chambres marquent les esprits, mais ce n'est pas assez pour susciter une adhésion sur l'ensemble.
A noter une musique très entraînante qui ponctue le film de touches amusantes.
S'en fout la mort (1990)
1 h 31 min. Sortie : 5 septembre 1990 (France). Drame
Film de Claire Denis
Kévin List a mis 7/10.
Annotation :
7/10
Un métrage proche d'un documentaire dans son style avec ce balancement constant de la caméra. Un sujet pas si inintéressant mais un montage vraiment mal découpé, de par des coupures nettes trop fréquentes. Au-delà de ça, il y a une panoplie d'acteurs dont on sent la volonté de faire bien, de faire une bonne interprétation mais cela reste souvent au stade de l'amateurisme pour certains, et mise à part nos deux éleveurs de coqs et du patron véreux, impossible d'attacher une quelconque importance au background et la profondeur du film s'en retrouve très limitée. Ce bail pour le combat de coqs clandestins ne devient plus seulement un enjeu économique pour les participants, c'est également un enjeu de pouvoir et les éleveurs y mettent toute leur force, leur temps, leur âme pour faire en sorte que leurs protégés se révèlent être des machines à tuer. Le final surprend car il renvoie l'image de l'homme à celle des coqs. Deux hommes qui vont se battre pour une femme, alors que celle-ci ne fait jamais ressentir de tension sensuelle à l'écran, un combat qui va finir à l'arme blanche comme ces combats qui deviennent plus intéressants avec des griffes métalliques lacérés. Très certainement l'image forte de ce film. On retrouve également un regard sur le colonialisme, et ces éleveurs qui se font inviter par leurs "maîtres" à leur table et les interrogeant de manière rabaissante. Mais c'est aussi un regard positif avec cette prise de conscience de leur importance notamment lorsque Isaach de Bankolé s'oppose fréquemment à son boss, et aux termes du contrat. Au final, un film dénonciateur et intéressant mais dommage que son montage soit si bancale de même que la profondeur de champs du film ne permette pas une totale implication de notre part. Bon film d'auteur français !
Please Say Something (2008)
10 min. Sortie : 2008 (France). Animation, Comédie, Drame
Court-métrage de David O'Reilly
Kévin List a mis 6/10.
Annotation :
6/10
Une mise en scène virtuelle pas franchement aussi déplaisante que ce que j'ai lu dans les critiques, au contraire elle a le mérite de mettre en perspective le temps qui défile de manière conséquente. Ça se regarde avec un certain intérêt, une curiosité et l'envie de connaître le vrai but de ce court. Pas grand chose à dire. Des personnages absolument pas construits, le format court ne signifie pas qu'il faut tomber dans le cliché de l'homme dominant, et de la femme dominée (bien que le fait de donner le rôle de l'homme à la souris soit bien pensé). L'histoire est banale mais a le mérite d'interroger sur le "vivre en couple". Un court rapidement oubliable mais qui a le mérite de tenir l'intérêt pendant ces 10 min. Je vais peut-être me renseigner un peu sur ce O'Reilly, et surtout sur son External World, bien apprécié semble-t-il.
Faits divers (1983)
1 h 34 min. Sortie : 1 juin 1983. Société
Documentaire de Raymond Depardon
Kévin List a mis 5/10.
Annotation :
5/10
Un documentaire qui me laisse complètement indifférent. Pas indifférent pour ce qu'il traite. Il y a regard externe, sensible, juste sur l'individualisme régnant dans notre société, sur les prises de position des policiers, sur ces individus qui composent ces faits et qui se révèlent tour à tour paranoïa, de mauvaise foi, touchant, agaçant, émouvant ou juste stupide. Le film dit énormément mais les dit mal pour ma part. Le regard de Depardon ne permet pas de réelle empathie sur ces situations. L'absence de commentaire est une prise de risque en soi, mais je regrette que le cinéaste-photographe n'ait pas plus explicité son propos, car l'image donne lieu à de multiples interprétations, oscillant entre les deux extrêmes, et le cas de cette bourgeoise bavardant avec un policier sur l'immigration en est la preuve. Il y a aussi cette question de la place de la caméra. Certains s'en défont très facilement, d'autres s'en énervent et d'autres s'en amusent et jouent les fiers. Cela nuit à la supposé-réalité du documentaire mais il révèle l'influence d'une caméra braquée sur soi. L'enchaînement de faits divers fût plus éprouvant à suivre que ces émissions de télé-réalités dont W9, M6, Direct 8 et consorts en raffolent. Il y a un côté Strip-tease mais en moins attachant
L'autre problème vient du fait que le documentaire enchaîne des cas certes différents mais où le propos de Depardon semble toujours être le même. Il en résulte un documentaire d'une heure trente qui ne fait que se répéter en surprenant par moment, dans certains élans d'humanité et surtout d'empathie envers des personnages qui inspirent la pitié. Pas inintéressant mais terriblement mal adapté au contexte et propos que le cinéaste voulait évoquer.
Ryan (2004)
14 min. Sortie : 2004 (France). Drame, Biopic, Expérimental
Court-métrage de Chris Landreth
Kévin List a mis 7/10.
Annotation :
7.5/10
Les films qui procurent le plus d'empathie sont véritablement ceux qui traitent de la descente aux enfers. C'est le cas avec ce Ryan Larkin, brillant animateur et cinéaste, nommé à l'oscar, qui va sombrer dans la cocaine, l'alcool, la clope et la rue, et finira par mourir d'un cancer du poumon. Une histoire logiquement très courte mais qui a le mérite de réussir à nous faire saisir tout le talent de cet homme, fixe sur ses positions et véritable artiste dans le sens le plus archétypale du terme. Une fable tragique pour un homme qui avait les moyens de bouleverser l'animation. Là où le parti pris de Chris Landreth surprend, c'est qu'il provient de sa mise en scène géniale, expérimentale et presque psyché tant les formes et les visages décharnés, flasques et à moitié complet s’emmêlent pour donner lieu à un univers qui explicite les maux du monde. Les personnages les plus bizarres physiquement sont ceux ayant le plus de problèmes personnels. Certains plans sont ingénieux et il y a un petit côté found-fountage à un moment lorsque la caméra s'emballe.
Trop court comme souvent, mais terriblement intéressant et pas déméritant de son oscar du court-métrage d'animation, un peu comme un hommage pour cet homme qui s'est vu oublié par la cérémonie en son temps.
Redline (2010)
1 h 42 min. Sortie : 19 octobre 2011 (France). Animation, Action, Science-fiction
Long-métrage d'animation de Takeshi Koike
Kévin List a mis 6/10.
Annotation :
6/10
Peut-être le seul film le plus hors-compétition de la sélection. S'il faut lui reconnaître une animation à couper le souffle et des effets visuels comme seuls les japonais savent le faire (n.b.: je ne suis pas friand de la culture animée nippone), le scénario est d'un classique comme jamais vu, prévisible la plupart du temps et finalement l'enjeu est plus une histoire d'amour, élément d'intérêt privilégié, comme en témoigne cette dernière séquence brutale dans sa conclusion. Visuellement irréprochable, le fond pêche un peu plus malgré des idées notables comme la construction d'un univers assez fou, pour ne pas dire WTF, ou les enjeux personnels et politiques étayent le propos du film. Mais il se révèle incomplet, comme ses personnages, à cause de la durée du métrage, le format série aurait dû être privilégie et il y avait surement matière à faire davantage de développement. Les amoureux de la culture japonaise apprécieront, les autres garderont les pieds sur les terres et se montreront plus sceptiques. Un film visuellement à couper le souffle mais qui fait beaucoup de bruit pour rien.
Un instant d'innocence (1997)
Nun va Goldoon
1 h 15 min. Sortie : 9 avril 1997 (France). Drame, Romance
Film de Mohsen Makhmalbaf
Kévin List a mis 6/10.
Annotation :
6-6.5/10
Un film difficile d'accès mais qui n'en est que plus fascinant à appréhender.
Un scénario semi-autobiographique revenant sur une période trouble du réalisateur, dont les idéaux l'ont aveuglé à ce moment de sa vie. Il souhaite réécrire son histoire et s'associe avec sa victime d'antan, profondément marqué par la situation dont le film dans le film fait état. C'est très bien interprété par les acteurs, c'est très subtil, c'est du cinéma presque honnête. La trame narrative ne fait qu'une heure quinze mais elle en paraît deux fois plus, le film se concentrant sur des dialogues entre acteurs et la manière d'interpréter cet incident. Deux points de vue s'opposent et le film tend progressivement à opposer deux visions antagonistes, celle d'un idéaliste qui souhaitait sauver l'humanité et celle d'un homme qui croyait en des valeurs sécuritaires et tomba amoureux d'une complice révolutionnaire. C'est lorsque ce croisement se fait que le film prend tout sens, notamment lors de sa dernière image lorsque la haine et l'amour se rejoignent sur un même plan.
Le film est difficile à suivre, car l'ensemble des séquences défile sur un même rythme lent et posé, et jamais un sursaut ne se ressent dans l'intrigue avant cette dernière image. Un film intéressant mais à ne pas mettre entre toutes les mains.
Hallelujah (1929)
1 h 49 min. Sortie : 20 août 1929 (États-Unis). Drame, Musique
Film de King Vidor
Kévin List a mis 2/10.
Annotation :
2/10
Plus propagande religieuse que ça, tu meurs !
Concrètement, bien qu'homme de science et athée (ça aide pour prendre conscience du tempérament dans lequel j'ai regardé ce film), je reste extrêmement tolérant envers les pratiques religieuses et il ne me viendrait pas à l'esprit de faire dévier de force un individu sur la route spirituelle. Bref tout ça pour dire que malgré ma tolérance, je ne peux réellement pas apprécier ce film. Car non seulement il fait une sorte d'apologie, de réponse à tout de la religion, mais en plus il se veut moralisateur envers les non-croyants. Certes, le film est dans un contexte (social et géographique) ou la Foi est plus qu'importante, mais suivre le chemin périlleux de Zeke, tour à tour ouvrier puis prédicateur tenté par le démon, c'est agaçant. Agaçant car malgré un propos de départ pas si décousu, le film tombe rapidement dans la facilité et le propos déplacé, voire malhonnête. Qu'importe que le personnage tombe dans l'adultère, le démon du jeu, ou abandonne sa propre femme ainsi que sa famille, ces derniers seront toujours prêt à saluer ce charmeur. Finalement, on en viendrait presque à croire que ce n'est pas lui le démon, à force de jouer avec les sentiments des autres. D'un point de vue technique, la mise en scène est approximative et le jeu des acteurs se veut trop théâtrale, impossible d'éprouver une quelconque empathie quand le réalisateur nous colle de force des zooms sur des visages décomposés. Peut-être qu'au niveau sonore, on peut défendre le film, mais son propos aura tôt fait de frustrer les cinéphiles avec un minimum de jugeote. Peut-être que mon athéisme a joué en sa défaveur, mais revendiquer de manière aussi malhonnête l'amour et l'importance de la religion, c'est juste mépriser les "antis". Un film prétentieux et propagandiste.


