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17 livres

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a 10 mois

Petits chateaux de Bohême
6.7

Petits chateaux de Bohême

Récit

livre de Gérard de Nerval

Annotation :

... de Frenhofer

Fantaisie de Gérard de Nerval

"Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber ;
Un air très-vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.

Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C’est sous Louis treize… et je crois voir s’étendre
Un coteau vert que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs.

Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens…
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue ! — et dont je me souviens !"

Les Fleurs du mal
8.2

Les Fleurs du mal (1857)

Sortie : 25 juin 1857. Poésie

livre de Charles Baudelaire

Frenhofer a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et l'a mis en envie.

Annotation :

... d'Aurea

A une passante de Charles Baudelaire

"La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !"

***

Le Spleen de Paris
8.2

Le Spleen de Paris (1869)

Petits poèmes en prose

Sortie : 1869 (France). Poésie

livre de Charles Baudelaire

Frenhofer a mis 10/10.

Annotation :

... d'Aurea (ex-aequo avec A une passante, disponible de façon fragmentaire sur son profil)

Le Désir de peindre de Charles Baudelaire

"Malheureux peut-être l’homme, mais heureux l’artiste que le désir déchire !

Je brûle de peindre celle qui m’est apparue si rarement et qui a fui si vite, comme une belle chose regrettable derrière le voyageur emporté dans la nuit. Comme il y a longtemps déjà qu’elle a disparu !

Elle est belle, et plus que belle ; elle est surprenante. En elle le noir abonde : et tout ce qu’elle inspire est nocturne et profond. Ses yeux sont deux antres où scintille vaguement le mystère, et son regard illumine comme l’éclair : c’est une explosion dans les ténèbres.

Je la comparerais à un soleil noir, si l’on pouvait concevoir un astre noir versant la lumière et le bonheur. Mais elle fait plus volontiers penser à la lune, qui sans doute l’a marquée de sa redoutable influence ; non pas la lune blanche des idylles, qui ressemble à une froide mariée, mais la lune sinistre et enivrante, suspendue au fond d’une nuit orageuse et bousculée par les nuées qui courent ; non pas la lune paisible et discrète visitant le sommeil des hommes purs, mais la lune arrachée du ciel, vaincue et révoltée, que les Sorcières thessaliennes contraignent durement à danser sur l’herbe terrifiée !

Dans son petit front habitent la volonté tenace et l’amour de la proie. Cependant, au bas de ce visage inquiétant, où des narines mobiles aspirent l’inconnu et l’impossible, éclate, avec une grâce inexprimable, le rire d’une grande bouche, rouge et blanche, et délicieuse, qui fait rêver au miracle d’une superbe fleur éclose dans un terrain volcanique.

Il y a des femmes qui inspirent l’envie de les vaincre et de jouir d’elles ; mais celle-ci donne le désir de mourir lentement sous son regard."

***

Cahier de Douai
7.8

Cahier de Douai (1870)

Sortie : 1870 (France). Poésie

livre de Arthur Rimbaud

Annotation :

... d'Aurea (ex-aequo avec À une passante et Le Désir de peindre de Charles Baudelaire)

Rêvé pour l'hiver

L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l’oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée…
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…

Et tu me diras : » Cherche ! » en inclinant la tête,
– Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
– Qui voyage beaucoup…

***

... de Blanchefleur 321

Au Cabaret vert

Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.
– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. – Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

– Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! –
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

Les Contemplations
7.8

Les Contemplations (1856)

Sortie : 1856 (France). Poésie

livre de Victor Hugo

Annotation :

... d'Aurea (ex-aequo avec À une passante et Le Désir de peindre de Charles Baudelaire et Rêvé pour l'hiver d'Arthur Rimbaud)

Vieille chanson du jeune temps

Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.

J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son oeil semblait dire: " Après ? "

La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.

Moi, seize ans, et l'air morose ;
Elle, vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.

Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.

Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.

Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu.

Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.

Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
" Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.

Oeuvres complètes

Oeuvres complètes

Sortie : 15 novembre 2003 (France). Poésie

livre de Paul-Jean Toulet

Annotation :

... d'Impétueux (ex-aequo avec un poèmes des Amours de Jodelle)

un poème des Chansons de Jean-Paul Toulet

Dans Arles, où sont les Alyscamps,
Quand l'ombre est rouge sous les roses,
Et clair le temps
Prends garde à la douceur des choses
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton cœur trop lourd
Et que se taisent les colombes
Parle plus bas, si c'est d'amour
Au bord des tombes

Les Amours et autres poèmes

Les Amours et autres poèmes (1570)

Sortie : 4 janvier 1570. Poésie

livre de Etienne Jodelle

Annotation :

... d'Impétueux (ex-aequo avec un poèmes des Chansons de Jean-Paul Toulet)

un poème des Amours de Jodelle

Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde,
Loin de chemin, d'orée, et d'adresse, et de gens,
Comme un, qui en la mer grosse d'horribles vents
Se voit presque englouti des grandes vagues d'onde
Comme un qui erre aux champs lorsque la nuit au monde
Ravit toute beauté …
J'oublie en revoyant votre heureuse clarté
Forêt, tourmente et nuit, longue, orageuse et noire...

Phantasus

Phantasus (2013)

Phantasus / Dafnis

Phantasus / Dafnis

Sortie : 2013. Poésie

livre de Arno Holz

Frenhofer l'a mis en envie.

Annotation :

... d'Impétueux (ex-aequo avec un poèmes des Chansons de Jean-Paul Toulet et un poème des Amours de Jodelle)

Erklingende Geige / Un Violon retentit

(...)
Plötzlich,
Aus einem Fenster,
leise,
getragen, schwellend,
die,
tiefen, reinen, perlend feinen,
steigend ringenden,
sehnend schwingenden, selig singenden,
flutenden, glutenden,
goldglitzernden,
silbersanften, silberlichten, silbersüssen
Schmelztöne einer Geige.
Der Goldregen blinkt ... der Flieder duftet,
in
unseren Herzen,
traumhold, traumrot, traumgross,
geht
der Mond auf !

traduction proposée par Impétueux:

Soudain
D’une fenêtre
Légers
Filés, enflant leur onde
Purs et profonds, grâce perlée
Essor qui se débat,
Désir qui fuse, joie qui chante,
Eau mouvante, flamme qui monte,
Or qui palpite
Douceur, lumière, moelleux d'argent :
Les sons fondants
D’un violon.
La cytise, sa pluie d'or, le parfum du lilas.
Au fond
De nos cœurs
Immense, rouge, suave comme les rêves
Se lève
La lune.

Alcools
7.6

Alcools (1913)

Sortie : 1913 (France). Poésie

livre de Guillaume Apollinaire

Annotation :

... d'Impétueux (ex-aequo avec un poèmes des Chansons de Jean-Paul Toulet et un poème des Amours de Jodelle et Phantasus d'Arno Holz)

J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens t’en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps, brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends

Anthologie bilingue de la poésie allemande

Anthologie bilingue de la poésie allemande

Sortie : 15 janvier 1993 (France). Poésie

livre de Collectif

Frenhofer a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et l'a mis en envie.

Annotation :

.... de Ratdebibli
Urworte Orphisch (Goethe)

ΔΑΙΜΩΝ, Dämon

Wie an dem Tag, der dich der Welt verliehen,
Die Sonne stand zum Gruße der Planeten,
Bist alsobald und fort und fort gediehen
Nach dem Gesetz, wonach du angetreten.
So mußt du sein, dir kannst du nicht entfliehen,
So sagten schon Sibyllen, so Propheten;
Und keine Zeit und keine Macht zerstückelt
Geprägte Form, die lebend sich entwickelt.

ΤΥΧΗ, Das Zufällige

Die strenge Grenze doch umgeht gefällig
Ein Wandelndes, das mit und um uns wandelt;
Nicht einsam bleibst du, bildest dich gesellig
Und handelst wohl so, wie ein andrer handelt:
Im Leben ist’s bald hin-, bald widerfällig,
Es ist ein Tand und wird so durchgetandelt.
Schon hat sich still der Jahre Kreis geründet,
Die Lampe harrt der Flamme, die entzündet.

ΕΡΩΣ, Liebe

Die bleibt nicht aus! – Er stürzt vom Himmel nieder,
Wohin er sich aus alter Öde schwang,
Er schwebt heran auf luftigem Gefieder
Um Stirn und Brust den Frühlingstag entlang,
Scheint jetzt zu fliehn, vom Fliehen kehrt er wieder,
Da wird ein Wohl im Weh, so süß und bang.
Gar manches Herz verschwebt im Allgemeinen,
Doch widmet sich das edelste dem Einen.

ΑΝΑΓΚΗ, Nötigung

Da ist’s denn wieder, wie die Sterne wollten:
Bedingung und Gesetz; und aller Wille
Ist nur ein Wollen, weil wir eben sollten,
Und vor dem Willen schweigt die Willkür stille;
Das Liebste wird vom Herzen weggescholten,
Dem harten Muß bequemt sich Will und Grille.
So sind wir scheinfrei denn, nach manchen Jahren
Nur enger dran, als wir am Anfang waren.

ΕΛΠΙΣ, Hoffnung

Doch solcher Grenze, solcher eh’rnen Mauer
Höchst widerwärt’ge Pforte wird entriegelt,
Sie stehe nur mit alter Felsendauer!
Ein Wesen regt sich leicht und ungezügelt:
Aus Wolkendecke, Nebel, Regenschauer
Erhebt sie uns, mit ihr, durch sie beflügelt;
Ihr kennt sie wohl, sie schwärmt durch alle Zonen;
Ein Flügelschlag – und hinter uns Äonen.

Traduction de Roger Ayrault (de l'édition proposée dans la liste, pp.422-425):

Le Démon
Tel était, en ce jour qui t'a donné au monde,
Le soleil quand eut lieu le salut des planètes.
Tel aussitôt tu t'es développé sans cesse
Au gré de cette loi qui réglait ta venue.
Il te faut être ainsi, tu ne peux pas te fuir,
C'est ce qu'ont dit déjà sybilles et prophètes;
Et nul temps, nul pouvoir ne morcelle la forme
Marquée d'un sceau et qui, en vivant, évolue.

(...) pas assez de place pour la suite ... voir commentaires.

Rubayat
8.3

Rubayat (1131)

(traduction Armand Robin)

Sortie : 15 novembre 1994 (France). Poésie

livre de Omar Khayam

Annotation :

... de Ticket_007

un des courts rubayats d'Omar Khayam

"Tout le monde sait que je n'ai jamais murmuré la moindre prière.
Tout le monde sait aussi que je n'ai jamais essayé de dissimuler mes défauts.
J'ignore s'il existe une Justice et une Miséricorde...
Cependant, j'ai confiance, car j'ai toujours été sincère."

Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro
8.2

Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro

Poésies d'Alvaro de Campos

Sortie : 3 mars 1987 (France). Poésie

livre de Fernando Pessoa

Annotation :

... de joandasilou

II - Mon regard (extrait du Gardien de Troupeau de Fernando Pessoa alias Alberto Caeiro)

Mon regard est clair comme un tournesol.

J’ai l’habitude d’aller par les chemins,
Regardant tantôt à droite, tantôt à gauche,
Et en arrière aussi de temps en temps…
Et ce que je vois à chaque instant
Est ce que jamais auparavant je n’avais vu,
Et je sais très bien m'en apercevoir.

Je sais éprouver l’ébahissement
Qu'aurait un enfant si, à sa naissance,
Il se rendait compte qu'il était en train de naître…
Je me sens naître à chaque instant
À l’éternelle nouveauté du Monde…

Je crois au monde comme à une pâquerette,
Parce que je le vois. Mais je ne pense pas à lui
Parce que penser c’est ne pas comprendre…

Le Monde ne s’est pas fait pour que nous pensions à lui
(penser c’est avoir mal aux yeux)
Mais pour que nous le regardions
avec un sentiment d’accord…

Moi je n’ai pas de philosophie: j’ai des sens…
Si je parle de la Nature, ce n’est pas que je sache ce qu’elle est,
Mais c'est parce que je l’aime, et je l’aime pour cela.
Car celui qui aime ne sait jamais vraiment ce qu’il aime,
Ni pourquoi il aime, ni ce qu’est aimer…

Aimer, c’est l’éternelle innocence,
Et l’unique innocence est de ne pas penser.

La Légende des siècles
8.1

La Légende des siècles (1883)

Sortie : 1859 (France). Poésie

livre de Victor Hugo

Annotation :

... de jaklin

Abîme de Victor Hugo

Encor tout débordant des effluves premières,
Mon éclatant abîme est votre source à tous.
Ô les astres d’en bas, je suis si loin de vous
Que mon vaste archipel de splendeurs immobiles,
Que mon tas de soleils n’est, pour vos yeux débiles,
Au fond du ciel, désert lugubre où meurt le bruit,
Qu’un peu de cendre rouge éparse dans la nuit !
Mais, ô globes rampants et lourds, quelle épouvante
Pour qui pénétrerait dans ma lueur vivante,
Pour qui verrait de près mon nuage vermeil !
Chaque point est un astre et chaque astre un soleil.
Autant d’astres, autant d’immensités étranges,
Diverses, s’approchant des démons ou des anges,
Dont les planètes font autant de nations ;
Un groupe d’univers, en proie aux passions,
Tourne autour de chacun de mes soleils de flammes ;
Dans chaque humanité sont des cœurs et des âmes,
Miroirs profonds ouverts à l’œil universel,
Dans chaque cœur l’amour, dans chaque âme le ciel !
Tout cela naît, meurt, croît, décroît, se multiplie.
La lumière en regorge et l’ombre en est remplie.
Dans le gouffre sous moi, de mon aube éblouis,
Globes, grains de lumière au loin épanouis,
Toi, zodiaque, vous, comètes éperdues,
Tremblants, vous traversez les blêmes étendues,
Et vos bruits sont pareils à de vagues clairons,
Et j’ai plus de soleils que vous de moucherons.
Mon immensité vit, radieuse et féconde.


J’ignore par moments si le reste du monde,
Errant dans quelque coin du morne firmament,
Ne s’évanouit pas dans mon rayonnement.


LES NÉBULEUSES

À qui parles-tu donc, flocon lointain qui passes ?
À peine entendons-nous ta voix dans les espaces.
Nous ne te distinguons que comme un nimbe obscur
Au coin le plus perdu du plus nocturne azur.
Laisse-nous luire en paix, nous, blancheurs des ténèbres,
Mondes spectres éclos dans les chaos funèbres,
N’ayant ni pôle austral ni pôle boréal ;
Nous, les réalités vivant dans l’idéal,
Les univers, d’où sort l’immense essaim des rêves,
Dispersés dans l’éther, cet océan sans grèves
Dont le flot à son bord n’est jamais revenu ;
Nous les créations, îles de l’inconnu !


L’INFINI

L’être multiple vit dans mon unité sombre.


DIEU

Je n’aurais qu’à souffler, et tout serait de l’ombre.

(le début dans le commentaire de jaklin, la faute à l'impossibilité d'en mettre plus long, semble-t-il ...)

Poésies · Une saison en enfer · Illuminations
8.6

Poésies · Une saison en enfer · Illuminations (1873)

Sortie : 7 mars 1973 (France). Poésie

livre de Arthur Rimbaud

Annotation :

... de Cro_Magnon

Bal des pendus de Rimbaud :

Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.

Messire Belzébuth tire par la cravate
Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel,
Et, leur claquant au front un revers de savate,
Les fait danser, danser aux sons d’un vieux Noël !

Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles
Comme des orgues noirs, les poitrines à jour
Que serraient autrefois les gentes damoiselles
Se heurtent longuement dans un hideux amour.

Hurrah ! les gais danseurs, qui n’avez plus de panse !
On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs !
Hop ! qu’on ne sache plus si c’est bataille ou danse !
Belzébuth enragé racle ses violons !

Ô durs talons, jamais on n’use sa sandale !
Presque tous ont quitté la chemise de peau ;
Le reste est peu gênant et se voit sans scandale.
Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau :

Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées,
Un morceau de chair tremble à leur maigre menton :
On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées,
Des preux, raides, heurtant armures de carton.

Hurrah ! la bise siffle au grand bal des squelettes !
Le gibet noir mugit comme un orgue de fer !
Les loups vont répondant des forêts violettes :
A l’horizon, le ciel est d’un rouge d’enfer…

Holà, secouez-moi ces capitans funèbres
Qui défilent, sournois, de leurs gros doigts cassés
Un chapelet d’amour sur leurs pâles vertèbres :
Ce n’est pas un moustier ici, les trépassés !

Oh ! voilà qu’au milieu de la danse macabre
Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou
Emporté par l’élan, comme un cheval se cabre :
Et, se sentant encor la corde raide au cou,

Crispe ses petits doigts sur son fémur qui craque
Avec des cris pareils à des ricanements,
Et, comme un baladin rentre dans la baraque,
Rebondit dans le bal au chant des ossements.

Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.

Les poings dans mes poches crevées : choix de poèmes
8.5

Les poings dans mes poches crevées : choix de poèmes

Sortie : novembre 2008 (France). Poésie

livre de Arthur Rimbaud

Annotation :

... d'Aurea

L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l’oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée…
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…

Et tu me diras : » Cherche ! » en inclinant la tête,
– Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
– Qui voyage beaucoup…




Poésies complètes
8.5

Poésies complètes (1895)

Sortie : 1895 (France). Poésie

livre de Arthur Rimbaud

Annotation :

.... de Blanchefleur 321

Le Dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

***

.... de Blanchefleur 321

Roman

I

On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...

II

- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...

III

Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...

IV

Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...

- Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.

***

... de Blanchefleur 321


Poésies Complètes - Emile Nelligan
8

Poésies Complètes - Emile Nelligan

Poésie

livre de Emile Nelligan

Frenhofer l'a mis en envie.

Annotation :

... de doremifasolo

Soir d'Hiver

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai !

Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire : Où vis-je ? Où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés :
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À tout l’ennui que j’ai, que j’ai !…

Frenhofer

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