Cover Mes Lectures 2025
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4 livres

créée il y a 4 mois · modifiée il y a 21 jours
Beaufs et barbares
6.5

Beaufs et barbares (2023)

Le pari du nous

Sortie : 20 janvier 2023. Essai

livre de Houria Bouteldja

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

J’ouvre l’année avec Houria Bouteldja via ce livre qu’on m’a prêté. Je ne sais pas si sans cela j’aurais franchi le pas. Pas que Bouteldja m’effrayait, loin de là, mais c’est juste que je n’étais pas sûr d’être pleinement intéressé par sa position et les sujets qu’elle défendait. Donc c’est très bien qu’on m’ait mis le livre entre les mains. Premier constat : c’est très vif, très direct comme écriture. Elle y va cash la Bouteldja quand il s’agit de dire les choses. C’est donc moins subtil, moins précis et plaisant que du Begaudeau (mais bon on va pas commencer à comparer, ce serait idiot de ma part). Etrangement j’ai vécu le livre en deux temps. D’abord sa longue introduction (presque la moitié du livre) dans laquelle elle explique le concept « d’Etat racial intégral » et de « Pacte racial » pour développer l’histoire des rapports entretenus entre le Parti Communiste, l’Etat et les colonnies - le premier accusé d’avoir failli à sa tâche d’universalisme – bref, je disais : cette première partie était intéressante mais j’étais comme dans l’attente de la suite, l’attente qu’avec ce constat elle développe par la suite une vraie pensée sur ce sujet. Puis arrivé à la seconde partie, cette pensée a été une légère déception et après coup je me suis dit que finalement c’était bien ce long historique sur l’Etat, le colonialisme, le racisme et le PC qui avait été le plus passionnant et même le plus fort pour créer une forme d’engagement décolonnial. Car après ça, une fois qu’on a compris où elle voulait en venir ; à savoir que l’asymétrie des affects entre blancs et indigènes remontaient à très loin historiquement et n’avait jamais été au centre des sujets du PC ; on tombe en conclusion sur ses solutions pour réunir beaufs et barbares. Et là patatra. Ça tombe à l’eau. Elle soumet une stratégie politique qui passerait par les réunions des deux affects autour d’une sortie de l’UE. Son plan c’est ça : sortir de l’UE pour redonner du pouvoir national, pour qu’enfin on remette un dialogue au sein du pays, terrain propice selon elle à un vrai dialogue de gauche. On sent que c’est très faible, elle le sait aussi puisqu’elle l’avoue à demi-mot. Je dirais donc que la partie historique est la plus forte et la plus à même de susciter un engagement, tandis que la partie « politique » se présente comme une conclusion faiblarde qu’on a vite fait d’oublier.

Mais désormais je me sens ok pour lire d’autres de ses livres.

Que ma joie demeure
7.7

Que ma joie demeure (1935)

Sortie : 1935 (France). Roman

livre de Jean Giono

-Alive- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Je ne pourrai plus rester sans te voir, dit-elle. Et je ne pourrai plus attendre.
Alors, il entendit que le monde revenait autour d’eux : le cèdre, les arbres, la forêt, les champs, les montagnes, le torrent, les chemins, les hommes qui marchent à travers les terres, les grandes fermes, les cinq familles, les maisons, les lampes, les feux, les visages, Marthe, Jourdan, Honoré, Jacquou, Barbe, Randoulet, Zulma, Honorine, Mme Hélène.
La joie ?
Il n’y a pas de joie. »

J’avais gardé un souvenir flou et étrange du seul Giono que j’avais lu : Un roi sans divertissement. Le livre m’avait complètement désarmé et un peu laissé de côté par sa proposition hors-norme, mais depuis j’ai nourri l’envie d’y revenir car, après tout, c’est ça la grande littérature, elle ne nous tombe pas toujours tout cuit dans le bec, elle continue de travailler longtemps dans notre esprit. J’ai donc pris un Giono au hasard sur mes étagères (quasiment que des ouvrages issus de boite à livre) et c’est fou comment, le livre aussitôt ouvert, le souvenir que j’avais du style de Giono s’est confirmé à moi. Un écrivain de la nature puissance 1000. Un homme pour qui tout se joue par la nature. Elle pèse sur les hommes et on regarde ces derniers s’agiter vainement.
Ici le projet est différent d’un Roi sans divertissement. Le livre raconte la vie de paysans sur le plateau Grémone, loin de tout, comme isolés du monde, pris dans leur routine, qui un jour vont voir un inconnu arriver sur leurs terres. Un homme appelé Bobi, arrivant de nulle part qui va changer leur vie, leur rapport à leur métier, celui à la nature pour une quête vers la joie. Histoire totalement christique mais dans laquelle le destin s’invite sournoisement. Ça me rappelle les plus beaux récits de Steinbeck mais dans un autre cadre et un style très différent, immensément touffu. J’ai rarement lu une si belle plume pour raconter la nature. Mais il y a aussi une lecture plus politique de cette histoire. Ce que Bobi apprend aux paysans du plateau c’est de ne plus se soucier du rendement, de leurs contraintes de paysans qu’ils s’imposent inutilement, mais plutôt d’en laisser à la nature et à leur communauté. Il leur apprend à mettre leur effort en commun pour qu’aucune terre ne soit privatisée, mais qu’elles appartiennent désormais à tous. Giono nous rappelle la nature marxiste du message christique.

I am, I am, I am
7.9

I am, I am, I am (2017)

Dix-sept rencontres avec la mort

I am, I am, I am. Seventeen brushes with death

Sortie : 7 mars 2019 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Maggie O'Farrell

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Une tendance se dessine chez moi. Je me rends compte que je me dirige souvent vers des recueils de nouvelles écrits par des femmes. C’est un pur hasard hein. C’est d’abord les concepts et les pitchs de ces recueils qui m’attirent et pas forcément le fait qu’il soit né d’autrices. Ici c’est le cas. Avec ce « Iam, Iam, Iam », le but de Maggie O'Farrell est de raconter sa vie à travers différents épisodes où elle a frôlé la mort. Chaque récit titré par la partie du corps concerné par l’éventuel accident, agression, maladie, incident…Et il faut dire que le concept est étonnamment bien respecté sur l’ensemble du livre, nous faisant naviguer entre des situations variées, allant du petit incident anecdotique à l’épisode de maladie important. Très vite on comprend que cette approche offre à Maggie O'Farrell l’opportunité de se raconter en tant que femme, et pour le dire plus simplement encore : de raconter ce que c’est d’être une femme. C’est notamment vrai lorsqu’elle nous raconte son accouchement traumatisant ou bien son agression sexuelle esquivée de peu. Donc oui, comme j’ai pu le lire ici sur Sens Critique, ce recueil a une portée féministe. C’est du feminisme le plus direct et immédiat, dont j’aurais tendance à recommander la lecture aux hommes. Ca ne peut pas nous faire de mal de nous mettre dans la peau d’une femme de temps en temps. Reste que, ce n’est pas parce que le livre est « féministe » que ça en fait un bon livre féministe, ni un bon livre tout court. Attention, je ne dis pas que c’est mauvais. Loin de là. Mais les notes dithyrambiques du site pour louer, de un : le concept du recueil, de deux : sa lecture féministe, ne disent finalement rien ce que le livre est vraiment. Ce n’est après tout qu’un recueil à petite portée. Pas de la grande littérature ; et par moment c’est même un peu balourd et ampoulé je trouve. Maggie O'Farrell a tendance à ajouter des paragraphes pour rien, à opérer des allers-retours pas très passionnants dans ses textes, pour nuancer, ajouter des analogies fragiles et ainsi épaissir ses récits lorsqu’elle les sent trop ténus. Certains épisodes ne racontent vraiment rien de particulier, là où d’autres semblent porter le livre tout entier. J’en retiens trois vraiments importants : celui de son agression évitée de justesse, celui de son accouchement difficile (probablement le texte le plus impactant, le plus « feministe ») et enfin celui sur sa fille : vraiment un beau texte celui-ci.

Un recueil agréable donc, mais très imparfa

Envoyée spéciale
6.9

Envoyée spéciale (2016)

Sortie : 7 janvier 2016 (France). Roman

livre de Jean Echenoz

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Ça faisait trop longtemps que je n’avais pas pris ma petite drogue echenozienne et Envoyée Spéciale était l’un de ses bouquins récents qui me donnait le plus envie, puisque de loin il semblait se rapprocher de ses premiers écrits des années 80. Thrillers et romans d’espionnage tarabiscotés où malice et chausse-trappes littéraires foisonnent dans tous les sens. Lui qui a quelque peu ciselé son écriture pour la rendre un peu moins dense, j’attendais avec ce bouquin-ci qu’il revienne à quelque chose de plus corsé. Résultat : oui et non. Oui, car Envoyée Spéciale est bien un roman d’espionnage farfelue qui développe de longs détours amusants, où des bras cassés de personnages s’agitent vainement parmi des codes usés moqués par Echenoz. Son secret : placer des personnages dans des situations ubuesques et sans cesse faire sourdre le petit détail réaliste de ces histoires pour en relever tout le ridicule. Son écriture excelle toujours là-dedans.

Mais d’un côté : non, on n’atteint quand même pas l’expérimentation dézinguée de ses premiers ouvrages. Je dirais que je me suis énormément amusé durant la première partie du bouquin. Tout ce qui se passe autour de l’enlèvement de Constance. Echenoz fait même monter la sauce en multipliant les jeux de pronoms et révélations d’identité des personnages, comme lui-seul sait le faire. Mais j’ai senti comme une baisse d’intérêt sur la toute fin du bouquin. Les deux ou trois derniers chapitres m’ont laissé sur ma faim. Pas une grande déception, mais juste le sentiment que la quasi intégralité de l’ouvrage était presque trop forte pour cette fin-ci, qu’elle n’honore pas. Pas le meilleur Echenoz donc, mais celui qui se rapproche le plus de ses débuts.

-Alive-

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