Seb C. - Liste commentée : Les premières fois sont les meilleures

Les premiers films sont intéressants : naïfs, passionnés, différents, ils sont un peu un miroir sur l'âme de leurs réalisateurs, un reflet de leurs ambitions et de l'art auquel ils aspirent. Ils sont aussi un moyen d'expression désinhibé, et souvent encore vierge de toute trace de lassitude, de tout ...

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19 films

créee il y a 7 mois · modifiée il y a 6 mois

Mon idole
5.7

Mon idole (2002)

1 h 50 min. Sortie : 17 décembre 2002 (France). Comédie, Policier, Drame

Film de Guillaume Canet

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avant de devenir le cinéaste que les Français aiment détester, Guillaume Canet a débuté dans la réalisation en 2002 avec "Mon Idole", un film gourmand et hybride à la croisée de la comédie noire, du drame et du thriller, voire du film d'horreur, qui a connu une excellente réception critique et publique. C'est de loin son film dont l'énergie est la plus sincère et juvénile, avec une mise en scène avide de références (presque chaque genre existant est représenté à sa façon, de façon plutôt adroite) et un François Berléand qui se marre comme un petit fou à interpréter un patron de chaîne cynique et méchant, signant au passage ce qui reste selon moi son meilleur rôle au cinéma. Canet en a d'ailleurs parfaitement conscience en intégrant au montage final des scènes qui auraient presque eu davantage leur place dans un bêtisier, où Berléand part en couille avec jubilation dans des freestyles formidables que seul Lellouche osera retrouver (dans "Narco", également dans cette liste). Guillaume Canet ne retrouvera la comédie grinçante qu'une quinzaine d'années plus tard, avec Rock'n'Roll, qui sera sympathique mais aura perdu l'innocence tranchante de ce premier essai, lequel reste à ce jour le film de Guillaume le plus généreux, le plus drôle, le plus enlevé et, finalement, le plus clairement passionné ; signe qui ne trompe pas d'ailleurs, il a écopé d'un avertissement auprès du jeune public en raison d'une poignée de scènes assez gore (oui, oui : du gore, chez Canet).

L'Exorcisme d'Emily Rose
5.6

L'Exorcisme d'Emily Rose (2005)

The Exorcism of Emily Rose

1 h 59 min. Sortie : 7 décembre 2005 (France). Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Scott Derrickson

boulingrin87 a mis 8/10.

Annotation :

Petite triche ici puisque ce film n'est techniquement pas le premier film de Derrickson, qui a commencé par un DTV d'Hellraiser. Mais puisque cette liste parle de cinéma, allons-y quand même pour l'Exorcisme d'Emily Rose. Le film est en proche compétition avec Sinister, auquel il est inférieur par certains aspects ; mais c'est plutôt sa démarche, son originalité que je souhaite ici saluer, puisque, pour sa première réalisation pour les salles, Derrickson a choisi de mettre en boîte un mélange entre le film de possession démoniaque et le thriller judiciaire. Très couillu, le choix est aussi payant : bien qu'imparfait, cet étonnant mélange fonctionne grâce à la réelle harmonie d'enchaînement entre ses deux parties, leur côté très travaillé (des scènes de tribunal très vivantes qui alternent avec des flash-backs plus tournés vers l'angoisse paranormale). Niveau interprétation, même si Laura Linney et Tom Wilkinson, très bons, sont en haut de l'affiche, c'est pourtant la débutante Jennifer Carpenter qui est la vraie vedette du film, en se mettant physiquement en danger dans de terrifiantes contorsions dignes de "L'Exorciste", par ailleurs captées avec talent par la mise en scène élégante de Derrickson. Si on n'évite pas certains dialogues bien cheesy et un traitement de la possession finalement assez superficiel, c'est quand même le film dans lequel Derrickson balance ses plus grosses cartouches de flippe, bien aidé par Jennifer Carpenter et une équipe artistique au taquet (dont une superbe photo grisâtre signée Tom Stern et une musique particulièrement belle et inquiétante composée par Christopher Young). Si Derrickson réalisera par la suite d'excellents films d'angoisse (enfin, surtout Sinister), L'Exorcisme d'Emily Rose reste de loin son projet le plus original et le plus ambitieux, surtout pour une première sortie cinéma.

American Beauty
7.8

American Beauty (1999)

American Beauty

2 h 02 min. Sortie : 2 février 2000 (France). Drame

Film de Sam Mendes

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

On ne présente plus Sam Mendes, qui a éclot avec l'oscarisé American Beauty après avoir foulé les planches de nombreux théâtres en tant que metteur en scène. Plus qu'un film, American Beauty est devenu un modèle, une espèce de mètre étalon que la plupart des cinéastes de drame "grand public" (surtout américains) essaieraient de copier dans les années qui suivraient : Chloe Zhao, Woody Allen, Paul Haggis, Steve McQueen, Kenneth Lonergan, Martin McDonagh, Todd Field... s'inspireront tous, à leur propre manière, du style Mendes et plus particulièrement du style American Beauty, qui a redéfini à sa manière le "drame raconté par une voix off" brocardant le rêve américain. Et si Mendes est resté à la fois remarquablement constant dans la qualité que diversifié dans ses choix de réalisation, American Beauty reste un peu le magnum opus de ce cinéaste. Ca tient à peu de choses, en vérité : l'incarnation phénoménale par un Kevin Spacey au sommet de sa gloire, la musique absolument cultissime signée Thomas Newman, et les inoubliables seconds rôles incarnés avec fougue par Mena Suvari, Chris Cooper et tant d'autres. Il est objectivement difficile de placer, avec le recul, American Beauty au-dessus (ou au-dessous) du reste de la film de Sam Mendes, qui a su maintenir une réelle exigence pendant toute sa carrière (jusqu'ici, en tous cas) ; pourtant, en sa qualité de précurseur, il continue de tenir une place à part dans sa filmographie, d'autant qu'il n'a vraiment pas vieilli.

Narco
5.7

Narco (2004)

1 h 45 min. Sortie : 1 décembre 2004 (France). Comédie

Film de Tristan Aurouet et Gilles Lellouche

boulingrin87 a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Retour de cette liste vers la bande à Canet, avec cette étonnante comédie de 2004 qui fut aussi la première (co-)réalisation de Gilles Lellouche avant Les Infidèles et surtout Le Grand Bain. D'une inventivité folle, cette comédie a été appréciée par la critique mais s'est faite clouer au pilori par le public, pour des raisons que je suis toujours incapable d'expliquer près de 20 ans après tant Narco m'a ému, m'émeut, et m'émouvra. C'est là vraiment un film-somme : une comédie populaire, un drame, un thriller, une comédie romantique, un film d'horreur, bref, un film habité par le même souci de générosité que Mon Idole de Guillaume Canet sorti peu de temps avant. Mais Narco fait plus qu'amorcer le talent du futur Lellouche réalisateur : il en déchaîne intégralement la créativité, en déployant un univers exceptionnellement original, des personnages hénaurmes sortis d'un cartoon, et des dialogues d'un tranchant redoutable, balancés par des acteurs au meilleur de leur forme. Il faut voir pour les croire les performances de Benoît Poelvoorde, qui n'a jamais été aussi fin et touchant dans sa beaufitude solitaire, ainsi que de Zabou Breitman, en jolie pimbêche rigolote et tragique à la formidable présence. Au-delà d'un aréopage de seconds rôles dont Lellouche et Aurouet capturent à merveille les ressorts comiques (Guillaume Galienne, François Berléand, François Levantal, Philippe Lefebvre, Lionel Abelanski, Laurent Laffite, Jean-Noël Brouté, jusqu'à un Vincent Rottiers alors tout juste ado), le film séduit par ses nombreuses embardées rêveuses et fantaisistes, systématiquement pensées dans leurs moindres détails, et amorce très clairement le style à la fois ironique et mordant du "Grand Bain", avec cependant un souci d'originalité supplémentaire dans le décorum (un étrange Colorado banlieusard) et l'intrigue, délibérément excessive et pourtant tellement prenante. J'irais probablement jusqu'à dire que Narco est la comédie française la plus originale jamais tournée.

Fatal
4.9

Fatal (2010)

1 h 35 min. Sortie : 16 juin 2010 (France). Comédie

Film de Michaël Youn

boulingrin87 a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Le rire est hautement subjectif, mais ce qui ne le sera malheureusement pas, c'est la dégringolade phénoménale du Mickaël Youn réalisateur, passé de ce Fatal aux sous-produits de consommation courante que furent Divorce Club et (surtout) BDE. Je ne vais pas m'en cacher, j'adore le Mickaël Youn de l'époque Morning Live, dont Fatal a constitué l'apex : le comique y était non seulement réalisateur, mais aussi scénariste, interprète, chanteur, clippeur, le tout dans un prolongement de son personnage de rappeur qui cartonnait déjà à l'époque en mode multicanal (avec de très bons tubes, sisi, d'ailleurs j'écoute parfois encore "Saturday Night Kebab" et "Ouais ma gueule", toi-même tu sais). Pour un premier film d'un comique dilettante et vulgos, Fatal dégueule littéralement d'idées à chaque seconde : il y a, certes, de la vulgarité (obligé), mais il y a surtout un univers travaillé, des personnages hauts en couleur et une mise en scène carrément érudite qui passe son temps à moquer les travers de la télévision de façon plus ou moins détournée. L'incroyable énergie des clips, la drôlerie des paroles, l'idiotie de seconds tous plus crétins les uns que les autres et l'incroyable absurdité d'un scénario qui nous dévoile les origines savoyardes du rappeur-racaille sont tous drôles, mais ne sont pourtant presque rien en comparaison du personnage de Fatal lui-même, incarné avec une force de conviction presque effrayante par un Youn à la limite de la possession démoniaque. Inventif et débridé à chaque instant, son personnage est un tel concentré d'énergie qu'il aura finalement épuisé l'acteur/réalisateur, qui va bien vite se ranger et partir dans du cinéma de papy beaucoup plus quelconque. Repose en paix, Fatal ; je continuerai religieusement à t'écouter et te regarder chaque année.

La Maison de cire
4.8

La Maison de cire (2005)

House of Wax

1 h 53 min. Sortie : 25 mai 2005 (France). Épouvante-Horreur

Film de Jaume Collet-Serra

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Jaume Collet-Serra est un réalisateur extrêmement protéiforme, qui aura réalisé des films d'horreur certes, mais aussi des télénovelas dans l'univers du football (WHAT ?), une adaptation d'un livre de Didier Van Cauwelaert (THE ?) et celle d'une attraction Disneyland (FUCK ?). C'est pourtant bien sa première incursion au cinéma qui reste la meilleure, ce qui ne manque pas d'ironie quand on sait qu'il fut alors débauché pour l'anthologie de films d'horreur Dark Castle, notoirement connue pour son insondable nanardise (Le Vaisseau de l'Angoisse, 13 Fantômes, Gothika...). Au final, la collaboration entre Joel Silver, Robert Zemeckis et Collet-Serra se passera tellement bien que le cinéaste sera rappelé dix ans plus tard pour "Esther"... que la Maison de cire supplante néanmoins en tous points. Chose pas si anodine, La Maison de cire est tout d'abord l'un des rares films d'horreur des années 2005 interdits aux moins de 16 ans (et à ma connaissance le seul de la série des films Dark Castle) : pour une première réalisation en particulier, JCS y fait preuve en effet d'une générosité hors norme dans le gore, dont peu de ses contemporains ont pu se prévaloir. Mais aussi, et c'est sans doute plus important : dans La Maison de Cire, l'horreur a une vraie vision, avec de nombreuses saillies d'humour très noir et osé (la très culte ouverture de crâne du personnage interprété par Paris Hilton, littéralement vide) ainsi qu'un univers ultra glauque à la Madame Tussauds (ou Musée Grévin) qui a une réelle force esthétique. L'ensemble est très léché et efficace, alternativement drôle et horrible comme tout bon film d'horreur, et reste capable d'un recul sur lui-même, d'une forme d'ironie mordante dont le reste de la filmographie de JCS sera malheureusement dépourvue. D'une certaine manière, La Maison de cire aura été l'ascension, et la chute artistique presque immédiate d'un réalisateur qui aura tout donné pour son premier film, avant d'endosser un rôle de "faiseur sur commande" malheureusement beaucoup plus quelconque.

Bernie
7.1

Bernie (1996)

1 h 27 min. Sortie : 27 novembre 1996 (France). Comédie

Film de Albert Dupontel

boulingrin87 a mis 8/10.

Annotation :

Dupontel a commencé par du trash, du très trash même. Celui qui est aujourd'hui le réalisateur de grandes fresques dramatiques comme "Au revoir là-haut" ou "Adieu les cons", avant même sa phase semi-punk illustrée par "Enfermés dehors" ou "9 mois ferme", accoucha à la fin des années 1990 d'un des OFNIs français les plus hardcore jamais réalisés, assez proche dans l'esprit de "C'est arrivé près de chez vous". S'il a conservé la patte "Bernie" dans ses réalisations de la décennie suivante, Dupontel est aujourd'hui complètement passé à autre chose avec des films pas forcément désagréables, mais assez sirupeux et artificiels, à des années-lumière de son premier baiser avec le cinéma français : en l'occurrence, un baiser bien fougueux, crado, avec la langue et plein de bave. Seul film du cinéaste à être interdit aux moins de 12 ans, Bernie raconte une histoire affreuse, bourrée de personnage cruels, envahie par une forme de pessimisme terminal, dans lequel on suit les exactions du personnage éponyme, orphelin taré remuant ciel et terre pour retrouver ses parents biologiques. Le film est blindé de scènes extrêmement crues et choquantes, avec meurtres, viols, nécrophilie, torture, (fausse) maltraitance animale, le tout dans un climat de misère sociale permanent. Soyons clair, ça n'aurait pas suffi à en faire un bon film. Mais Dupontel transforme l'essai grâce à sa réalisation extrêmement vivante, pleine d'expérimentations brindezingues (qu'on lui reconnaîtra de nouveau, mais un peu plus sage, dans Enfermés dehors ou 9 mois fermes) ; grâce à sa propre interprétation du personnage de Bernie, auquel il donne vie par des répliques tordues et une naïveté simultanément effrayante et touchante ; et grâce au casting dont il s'est entouré, qui deviendra un peu sa famille de cinéma. On retrouve en effet et pour la première fois réunie la bande au complet, avec Nicolas Marié, Philippe Uchan, Claude Perron, Hélène Vincent, dans des rôles tous très réussis, écrits avec énormément d'acidité et de méchanceté, et pourtant assurés sans coup férir par des acteurs qui ne retrouveront jamais de rôles aussi extrêmes dans leurs carrières. Mention spéciale à Hélène Vincent et à Roland Blanche, absolument effrayants dans leurs rôles de parents tarés, qui ne se seront jamais autant mis en danger personnellement que dans ce film, rendu encore plus attachant par ses insensées prises de risque.

Calvaire
6.3

Calvaire (2005)

1 h 28 min. Sortie : 16 mars 2005 (France). Drame, Épouvante-Horreur

Film de Fabrice Du Welz

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Calvaire compte un peu double dans cette sélection : c'est le premier long de Fabrice Du Welz, et c'est le premier long de Fabrice Du Welz AVEC le légendaire chef opérateur Benoît Debie, qui fait, lui, son retour au cinéma après avoir éclairé Irréversible de Gaspar Noé... et, accessoirement quand même, après avoir débuté avec Du Welz sur l'excellent court "Quand on est amoureux, c'est merveilleux". "Calvaire" peut être considéré comme une sorte de prolongement de ce dernier (comme souvent pour les premiers longs), tant il s'attache à en retrouver la fougue, l'humour noir et la radicalité de forme qui déserteront malheureusement par la suite le cinéma de Fabrice Du Welz, à l'exception notable de l'excellent Vinyan (deuxième film - en gros, le cinéma de Du Welz s'est progressivement et inutilement assagi après ça). Le film est un déchaînement de tout : de références, d'humour, d'horreur pure, en nous emmenant dans un cauchemar glauquement rigolo à mi-chemin entre du Wes Craven "early years" (du crasseux bouseux façon "La Colline a des yeux", du gore domestique façon "La Dernière maison sur la gauche"), du thriller fantastique bien de chez nous (brillamment porté par le seul Laurent Lucas, figure irremplaçable du genre), et de la pure comédie bien noire et craspec dont l'épique Jackie Berroyer (dont c'est ici à mon avis le meilleur rôle) se fait le porte-parole. "Calvaire" regorge de répliques culte, de moments gênants d'anthologie, dont les meilleurs sont d'ailleurs à mettre sur le compte du personnage incarné par Berroyer, aubergiste-comique raté dont la personnalité déviante (issue de "Quand on est amoureux") donne lieu à d'inoubliables moments de rire jaune et effrayé. Comme souvent dans ce genre de "film de démarrage" sauvagement couillu, la classification ne trompe pas puisque Calvaire est actuellement le seul de l'œuvre de Du Welz à avoir écopé d'une interdiction en salles aux moins de 16 ans.

Ça rend heureux
6.3

Ça rend heureux (2007)

1 h 25 min. Sortie : 20 juin 2007 (France). Comédie

Film de Joachim Lafosse

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Semi-triche sur ce film, puisque "Ca rend heureux" n'est pas tout-à-fait le premier film de Joachim Lafosse ; c'est en revanche son premier "véritable" long, puisque ses travaux précédents ne dépassaient pas les 70 minutes. Chose très étonnante (presque contre-nature compte tenu des films qui peuplent cette liste !), "Ca rend heureux" est un premier long profondément optimiste, qui choisit pour thème la réalisation d'un film en l'abordant avec piquant certes, mais surtout avec une forme de joie et de légèreté qui déserteront les travaux futurs de son réalisateur, toujours plus solennels. En regardant ce film avec un œil actuel, on réalise en effet que Lafosse a été un peu injustement catégorisé dans le drame, tant cette étonnante tentative, malheureusement passée inaperçue, est sincèrement lumineuse. Pas exempte d'une certaine gravité certes, avec des séquences de tension "prises sur le vif" très réussies et vibrantes d'énergie, un peu à la façon de ce que fera bien plus tard René Féret avec "Le prochain film" ; mais indéniablement portée par une forme d'authentique allégresse, un peu bordélique mais très attachante, portée par des acteurs tellement bons qu'on ne décerne pas le dispositif de "fiction" (avec une mention spéciale à Kris Kuppens, formidable acteur flamand qui deviendra un fidèle du réalisateur). Je paierais cher pour voir Lafosse retourner à ce style si particulier qui le fit éclore, tant "Ca rend heureux" reste, aujourd'hui encore, l'un des meilleurs représentants (le meilleur ?) de cette catégorie si spécifique des "films sur des films", et ce même si j'ai beaucoup d'affection pour son métrage suivant, le glaçant "Nue propriété" qui le propulsa sur un terrain très différent qu'il occupe encore aujourd'hui.

Les Beaux Gosses
5.9

Les Beaux Gosses (2009)

1 h 30 min. Sortie : 10 juin 2009 (France). Comédie

Film de Riad Sattouf

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Facile : Riad Sattouf n'a fait que deux longs-métrages pour le cinéma, dont le second (Jacky au royaume des filles) a été un four monumental. Trop peu ancré dans la réalité qu'il s'est fait une spécialité de chroniquer, trop sérieux, trop lourd, surtout pas assez rigoureux dans sa mise en scène et dans l'ensemble de sa réalisation technique, "Jacky..." n'a pas vraiment compris ce qui faisait la qualité des "Beaux gosses". En allant même plus loin, je dirais qu'aucun réalisateur français ayant embauché Vincent Lacoste n'a compris ce qui faisait la qualité des "Beaux Gosses" : ce n'est que dans ce film qu'on voit le Lacoste dans son véritable apparat, celui d'un jeune n'ayant pas le profil d'un acteur, choisi spécifiquement parce qu'il sortait des tropes classiques des enfants star du cinéma français. Je me demande ce que pense Sattouf de l'ascension délirante de son poulain ; pour moi en tous cas, il n'a clairement jamais été meilleur que dans les Beaux Gosses, pour la simple raison que Sattouf est littéralement le seul cinéaste à avoir capté l'intrinsèque moëlle du style molasso-osefiste de cet (alors) aspirant acteur. Et si les Beaux Gosses est si drôle, c'est d'ailleurs en grande partie grâce au talent de Sattouf lui-même, qui a visé pour cette comédie une forme d'épure narrative extrême, tout juste parsemée d'éclats d'humour noir assez sauvages et courageux au vu du genre abordé (un suicide de professeur, un accident dramatique en cours d'éducation physique notamment) mais autrement d'une grande sobriété. Depuis, les comédies scolaires sont tombées par paquets de douze, certaines passables, la plupart médiocres voire nulles ; Les Beaux Gosses sont donc non seulement des vainqueurs par KO au sein de la filmo de Sattouf, mais également comparés à l'ensemble du genre français. Une étoile filante qui n'aura probablement jamais de suite, ni dans le cinéma de Sattouf, ni dans celui d'autres réalisateurs de teen movies français.

Vive les vacances
5.5

Vive les vacances (2015)

Vacation

1 h 39 min. Sortie : 19 août 2015 (France). Comédie, Road movie

Film de John Francis Daley et Jonathan Goldstein

boulingrin87 a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Il est ici question d'un duo, et il est possible que ce film finisse par sauter de cette liste en fonction de la suite des aventures de John Francis Daley et Jonathan Goldstein. Mais quand même. Scénaristes de comédies américaines bas du front, les gusses ont tenu tête quelque temps aux bulldozers des productions Apatow qui raflaient tout sur leur passage, avant de décider de prendre les armes pour de bon en co-réalisant en 2015 "Vive les Vacances", challenger tardif des films d'Adam McKay dont ils ont grosso modo repris la formule en en amplifiant grandement la vulgarité. Car Vive les Vacances est vulgaire, mais vulgaire... il est tellement crado qu'il en devient à vrai dire attachant, tant la plupart de ses vannes osent foncer tête la première dans une forme de méchanceté sans tabou, qui désertera d'abord Game Night puis Donjons & Dragons et m'a personnellement fait m'interroger sur l'absence d'interdictions aux moins de 12 ans tant certaines scènes sont d'un trash sidérant pour une comédie (surtout prétendue "familiale"). Mais plus que son côté cracra complètement assumé, Vive les Vacances brille par un sens de l'absurde unique en son genre, extrêmement proche des comédies françaises de Bruno Podalydès dans son recours à des inventions loufoques (la voiture de location moldave aux fonctions mystérieuses en première ligne). De ce mélange un peu mutant entre grossièreté et absurdité, le duo de réalisateurs tire de véritables moments d'anthologie où s'expriment des gags incroyablement bien minutés, interprétés par un casting tout simplement parfait, de l'indispensable Christina Applegate au maladroit Ed Helms jusqu'aux gosses (dont l'un est interprété par l'excellent Skyler Gisondo, vu plus tard chez P.T. Anderson) en passant par une chiée de caméos dont je me demande encore comment ils ont pu accepter de telles scènes (Norman Reedus en camionneur pédophile ou Chris Hemsworth en gigolo surmembré sont juste hallucinants). Les réalisations suivantes du duo, quoique très honnêtes, n'ont pas retrouvé ce mélange si savant de crasse, d'absurdité et de densité de gags qui font de Vive les Vacances non seulement leur meilleur film à date, mais aussi l'une des meilleurs comédies américaines contemporaines.

À l'intérieur
5.8

À l'intérieur (2007)

1 h 22 min. Sortie : 13 juin 2007. Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Julien Maury et Alexandre Bustillo

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Difficile pour moi de faire une telle liste sans parler du premier film d'un autre duo, celui formé Maury/Bustillo, stéréotype du premier film qui a marqué l'apogée de ses cinéastes avant une spectaculaire dégringolade. Anciens journalistes passionnés de film d'horreur, les deux messieurs ont réussi de haute lutte à tourner une première œuvre totalement décomplexée, mais surtout dotée d'une vision, d'une puissance artistique qu'aucun de leurs films suivants ne parviendront ne serait-ce qu'à effleurer. Si "A l'intérieur" anticipe clairement les scories du duo qui ne feront que s'amplifier par la suite (acting approximatif et mauvais dialogues en première ligne), ça reste néanmoins le seul de leur filmographie à maintenir une tension et une cohérence scénaristique pendant tout la durée, notamment dans le traitement de l'ambiance, crépusculaire et terrifiante, brillamment mise en valeur par un huis-clos parfaitement maîtrisé. Ce n'est peut-être pas un hasard si Maury et Bustillo ne retrouveront jamais l'état de grâce de leurs débuts, car tous leurs films suivants délaisseront l'unité de temps et de lieu qui ont donné à "A l'intérieur" une grande partie de sa singularité. Mais ce n'est pas la seule raison de la supériorité de ce film sur le reste de leur travail : pêle-mêle, on peut citer quelques seconds rôles quand même extrêmement bien choisis (dont un Nicolas Duvauchelle débutant), des maquillages et effets spéciaux artisanaux extrêmement soignés (qui dominent aujourd'hui encore, en nombre et en qualité), ainsi qu'une intrigue intelligemment ramassée, qui joue de sa modestie pour monter les potards d'angoisse et d'horreur à fond les ballons. Il faut dire aussi que le film est sorti à une époque où le genre avait le vent en poupe, ce qui a sans doute facilité sa création ; reste que le film se détache magistralement de tous leurs autres travaux, au point de demeurer un classique non seulement français, mais aussi international.

Sheitan
5.8

Sheitan (2006)

1 h 35 min. Sortie : 1 février 2006. Comédie, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Kim Chapiron

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Nombreux sont les membres du collectif Kourtrajmé, véritable étoile montante des années 90-2000, à avoir depuis tracé leur chemin de leur côté, le plus souvent séparément : Ladj Ly, Romain Gavras, Alexis Manenti... Mais s'il fallait citer un membre de la bande ayant réellement donné l'impulsion du passage au long, ce serait sans doute Kim Chapiron, qui a osé, avant tout le monde, faire son propre film, et pas un petit s'il vous plaît. Conçu dans la douleur, défendu avec hésitation par son rôle-titre Vincent Cassel qui a failli quitter le bateau en plein milieu du tournage, émaillé d'anecdotes de tournage sidérantes lorgnant vers le sulfureux pur et simple (dont la perte de virginité de son actrice principale lors de la grande scène de sexe du film [consentie, heureusement]), "Sheitan" est une très bizarre mutation, dont l'hallucinant making-of pressé sur le DVD d'époque renseigne avec une étonnante transparence sur les nombreux déboires. De fait, Chapiron a absolument tenu à conserver l'ADN Kourtrajmé pour son premier long : le film est blindé de guests ou d'acteurs de premier plan issus de la bande (Olivier Barthélémy, Romain Gavras, François Levantal, Mouloud Achour), assume un mauvais goût poussé à l'extrême (Vincent Cassel y apparaît grimé en femme enceinte qui accouche, tant qu'à faire), est mis en musique par la famille (on y entend Oxmo Puccino, Mai Lan et La Caution), et prend évidemment bien soin de reprendre l'ambiance "banlieusarde" chère aux courts-métrages avec des acteurs au phrasé très typé, à la fois pour le milieu et pour l'époque. Et autant dire que Kim Chapiron, après le tollé provoqué par le film, s'est rapidement calmé en partant ensuite réaliser des comédies dramatiques pour TF1 (il y eut certes Dog Pound, qui constitua une forme de transition vers un cinéma plus sage). Sheitan est un film complètement malade, qui a précisément pour qualité principale d'être malade : il prend plaisir à provoquer, à moquer les conventions, à gêner en permanence son spectateur, pour ne pas dire "le secouer comme un prunier". Malgré le bordel ambiant, c'est un film artistiquement cohérent, qui exploite à fond ses idées. Et s'il n'est pas toujours un modèle de rigueur, il est en revanche un modèle de liberté, qui aura par ailleurs fait naître les carrières d'actrices aussi formidables que Roxane Mesquida (qui travaillera ensuite avec Gregg Araki et Quentin Dupieux) ou Leïla Bekhti.

Bons baisers de Bruges
7

Bons baisers de Bruges (2008)

In Bruges

1 h 47 min. Sortie : 25 juin 2008 (France). Comédie dramatique, Gangster, Film noir

Film de Martin McDonagh

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Il m'a été difficile d'isoler "Bons baisers de Bruges" de la filmographie de Martin McDonagh, sorte d'avatar "comédie noire" de Sam Mendes qu'il a plus ou moins accompagné en termes de style et de croissance de notoriété. Plus qu'une comédie dramatique, "Bons baisers..." est, comme les autres films de McDonagh, une "comédie noire avec du drame dedans", dont la principale qualité est de mêler avec une adresse épatante le rire et la mélancolie, peut-être finalement plus encore que les films suivants du réalisateur, ce qui me fait pencher pour cette première œuvre. Très singulier dans son casting (qui rassemble sans même le savoir une bonne partie du Potterverse actuel et futur, avec Brendan Gleeson, Ralph Fiennes, Colin Farrell et Clémence Poésy), "Bons baisers..." a également pour caractéristique historique de marquer un transfert total de la carrière de Farrell depuis le blockbuster américain (Phone Game et compagnie) vers un cinéma d'auteur beaucoup plus pointu, un choix qui lui réussira au-delà de tout espoir (et pas seulement parce qu'il finira régulier de McDonagh). Surtout, si on le compare aux films suivants de McDonagh, "Bons baisers..." est le film qui joue le plus librement de l'alternance des tonalités, c'est celui qui ose le plus fort rire de choses théoriquement pas drôles du tout, autant par son doux recul sur ses personnages que par une direction d'acteurs affûtée à l'extrême. C'est en effet dans ce film que je retrouve mes performances préférées de ses formidables acteurs, ici à une forme de simple et tranquille apogée.

Ils
5.7

Ils (2006)

1 h 18 min. Sortie : 19 juillet 2006 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Xavier Palud et David Moreau

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Duo encore, film d'horreur encore, avec une œuvre issue de la sainte époque de la grande flippette française des années 2005. Comme un bon paquet d'autres noms de l'époque (Maury/Bustillo, Aja, Vallette...), Xavier Palud (frère d'Hervé, réalisateur d'"Un indien dans la ville") et David Moreau seront approchés après "Ils" pour réaliser un remake de film d'horreur asiatique aux USA avec Jessica Alba ("The Eye") dont l'échec critique et commercial marquera la fin de leur collaboration. Du duo, ne reste donc de vraiment notable que ce premier film très abouti, tourné en caméra sur l'épaule dans une grande maison isolée en Roumanie. Très raffiné dans ses effets, "Ils" lorgne davantage vers l'angoisse que l'horreur pure, avec peu ou pas de gore mais un gros travail sur l'ambiance, l'image et les sons. Prenant place essentiellement de nuit, en grande partie privé de musiques et faisant confiance à ses bruitages, silences et apparitions furtives pour faire monter la pression, "Ils" est un authentique home invasion à la française, porté à bouts de bras par deux interprètes parfaitement choisis : d'une part, une Olivia Bonamy alors en bons termes avec le film de genre (elle fut l'égérie des débuts des célèbres Bee Movies avec le génialement nanardeux "Bloody Mallory"), et d'autre part l'acteur issu du théâtre et du film d'auteur Michaël Cohen, tous deux très à leur aise. Le grain de l'image, la gestion de la lumière y définissent en quelque sorte le style de David Moreau, qui reviendra longtemps après au fantastique (avec l'excellente adaptation de la BD "Seuls") après une scission au cours de laquelle il tournera notamment une... comédie romantique (plutôt réussie). S'il faut souligner l'incroyable polymorphisme de David Moreau (à défaut de celui du duo, puisque Palud va très vite se faire discret), qui maintiendra une certaine exigence de forme quel que soit le genre approché, c'est vraiment dans ce premier long que le cinéaste abat toutes ses cartouches, affirme son style et prépare, sans doute sans le savoir, sa trajectoire "fantastique" qui demeurera plutôt réussie et cohérente malgré les obstacles. Aujourd'hui encore, "Ils" est un formidable film d'angoisse, pas forcément intrinsèquement meilleur que certains des autres films de David Moreau, mais qui a le mérite de poser avec franchise et aplomb les bases d'un style qui fera discrètement école.

Naissance des pieuvres
6.6

Naissance des pieuvres (2007)

1 h 25 min. Sortie : 15 août 2007. Drame, Romance

Film de Céline Sciamma

boulingrin87 a mis 8/10.

Annotation :

Céline Sciamma a acquis la renommée à partir de Tomboy, qui l'a propulsée sur la scène du cinéma d'auteur français avant d'atteindre des sommets avec Bande de filles et Portrait de la jeune fille en feu. Mais on oublie régulièrement que la réalisatrice a débuté dans les salles avec Naissance des pieuvres. Si ce premier film est selon moi son plus abouti, c'est déjà parce qu'il cristallise les grandes obsessions que la cinéaste continuera d'aborder dans ses œuvres suivantes, mais avec un souci de concision et de simplicité qu'elle perdra un peu en chemin par la suite : Naissance des pieuvres dit finalement déjà tout sur son sujet de prédilection de l'émancipation adolescente et particulièrement féminine, ainsi sur les questions liées à l'identité de genre. Ce qui fait une grande partie de l'intérêt de ce film est aussi qu'il a été conçu avant la vague de bien-pensance des années 2010 qui condamnerait des cinéastes à la démarche pourtant pas si éloignée, comme Maïmouna Doucouré avec son film "Mignonnes" qui s'est fait cancel dans le plus grand des calmes : Sciamma y met en scène librement (mais sans excès punissable, faut-il le préciser) ce qu'on peut grossièrement résumer comme la découverte par une bande d'adolescentes de leur propre sexualité. Frontal et sans chichi, le film n'a pas peur d'interroger une question taboue, sans sombrer dans l'impudeur, mais quand même avec une forme d'insidieuse impertinence qu'on ne reverra plus vraiment par la suite dans le cinéma de Sciamma, et qui encourage à une forme de réflexion probablement plus aiguë que ses autres films (précisément grâce à l'électrochoc procuré par la mise en scène).

Vidocq
3.8

Vidocq (2001)

1 h 38 min. Sortie : 19 septembre 2001. Policier, Fantastique, Thriller

Film de Pitof

boulingrin87 a mis 7/10.

Annotation :

Pour le lol, mais pas tant que ça. Cinéaste archi-conspué dont la brève carrière fut torpillée dès le deuxième film (le célébrissime Catwoman avec Halle Berry, considéré comme l'un des plus gros nanars de tous les temps), Pitof n'aura connu qu'un court, et (très) modéré, moment de gloire avec Vidocq en 2001. Je vous parle d'un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître : celui où le numérique n'intervenait généralement qu'en post-production. Vidocq fut le premier film au monde à être entièrement tourné en numérique (accompagnant par ailleurs la démocratisation du DVD, pour lequel il fut spécifiquement pensé). Alors les mioches, ça vous en bouche un coin, non ? Blague à part, je suis finalement content que la techno ait été inaugurée sur ce film, malgré la sinistre image qu'il se traîne. Vidocq a en effet une réputation de nanar, mais c'est un film que j'aime d'un amour sincère, pour plusieurs raisons. Déjà, l'histoire est assez chouette, en mêlant le classique film policier historique à une sorte de film d'horreur paranormal pour un mariage franchement original (à défaut d'être toujours heureux). Ensuite, le film est d'une audace formelle indéniable, finalement peu réitérée et surtout pas dans des films français. Pitof a opté pour une alternance très ambitieuse entre des ultra-grand angles mettant en valeur la reconstitution (souvent entièrement 3D, certes) du Paris du XIXème siècle, franchement impressionnante pour l'époque, et des plans très rapprochés, presque collés à la peau des personnages, qui mettent étrangement en valeur leurs rides, leurs tics et les gouttes de sueur dont ils sont généralement badigeonnés. Le résultat est vraiment très, très, spécial, mais étrangement magnétique ; en tous cas, définitivement courageux et témoignant d'une réelle posture esthétique qui n'était pas gagnée d'avance compte tenu des enjeux. J'ajoute à ça le traitement de l'antagoniste, le fameux "Alchimiste" ici représenté sous la forme d'un ninja en voile intégral s'exprimant uniquement par des gémissements féminins : ça semble ridicule dit comme ça, mais le machin m'a foutu une trouille monstre à l'époque, et la façon dont ses interlocuteurs se reflètent perpétuellement dans le masque (cf. l'affiche) est à elle seule une source infinie de trouvailles de mise en scène. Alors, nanardesque, le Vidocq ? A en croire l'avis général, oui, mais c'est ma liste, et je fais ce que je veux. Na.

Bone Tomahawk
6.6

Bone Tomahawk (2015)

2 h 13 min. Sortie : 11 mai 2016 (France). Western, Épouvante-Horreur

Film DTV (direct-to-video) de S. Craig Zahler

boulingrin87 a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Parions sur l'avenir avec S. Craig Zahler, qui a éclot avec un premier film si fort que, même si réussis, ses petits frères (Section 99, Traîné sur le Bitume) n'ont pas réussi à lui chatouiller les orteils. Bone Tomahawk est en effet le seul de la filmo de Zahler à oser un mélange des genres détonant, en l'occurrence le western et le film d'horreur. Un peu à la façon de Scott Derrickson, qui démarra également avec une hybridation (L'Exorcisme d'Emily Rose, également dans cette liste), le cinéaste a vraiment fait ses armes sur une originalité de forme de premier plan, sans que cette dualité ne se contente d'être un argument marketing. On a dans Bone Tomahawk deux parties bien distinctes ; mais, plutôt que de se répondre en alternance (et c'est là où Zahler y va de sa propre patte), celles-ci se succèdent ; plus original, piochent chacune dans diverses inspirations qui les font bifurquer elles-mêmes vers d'autres genre. Le coeur du film, un western lent et contemplatif traversé d'éclairs de violence sèche, convoque autant Jane Campion (dans le tragique de l'histoire racontée) que les frères Coen (dans le subtil ridicule dont sont affligés les "héros" du film, qui sont pour la plupart handicapés, vieux et inoffensifs). Les dialogues claquent, les acteurs habitent leurs personnages, c'est un pur régal. Quand vient la deuxième partie, beaucoup plus courte, Zahler organise alors un jeu de massacre aussi bref que terrifiant, qui justifie les quasi-deux heures de calme précédant la tempête et laisse le spectateur ébahi de voir ainsi les personnages, avec qui il a tissé des liens forts, se transformer ou disparaître. L'intensité ultra-extrême des vingt dernières minutes, qui met le paquet sur des scènes gore à la limite du soutenable, marque au fer rouge de la radicalité ce qui est autrement un drame historique de la plus belle des tenues, incarné avec puissance et filmé avec une simplicité remarquable. C'est cette simplicité, qui désertera progressivement les films du cinéaste, qu'on est peut-être même en droit de chérir le plus, outre les exceptionnelles qualités de ce premier long-métrage délicieusement hybride.

V/H/S
5.5

V/H/S (2012)

1 h 56 min. Sortie : 2012 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Matt Bettinelli-Olpin, David Bruckner, Tyler Gillett, Justin Martinez, Glenn McQuaid, Joe Swanberg, Chad Villella et Ti West

boulingrin87 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

V/H/S restera certainement LE film de cette liste à avoir révélé le plus de cinéastes en même temps. Membre éminent de la catégorie très select du film d'horreur à sketches, c'est en quelque sorte celui qui en a inventé le concept moderne, en alignant des courts-métrages horrifiques dotés chacun d'un esprit, et d'une histoire, très différents. Ce film a particulièrement contribué à faire exploser les carrières de David Bruckner, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, qui se retrouveraient plus tard pour "Southbound" avant de tracer leurs routes séparement, le premier pour des films tels que Le Rituel et La Proie d'une Ombre, et les deux autres avec Wedding Nightmare et la saga Scream dont ils ont pris les commandes depuis le 5ème épisode. Si David Bruckner a su confirmer en multipliant les réussites au point de compter désormais parmi les réalisateurs majeurs de fantastique contemporain, on ne peut malheureusement pas en dire autant du duo issu du collectif Radio Silence, qui, depuis qu'il s'est attelé à la saga Scream en particulier, s'est mangé en pleine poire les affres de la grosse machine hollywoodienne sans parvenir à conserver la passion de ses débuts. C'est assez triste, car V/H/S, qui a marqué leur éclosion, est resté aujourd'hui un film à sketches incroyablement stylé, mêlant humour noir, étrangeté fantastique et pure horreur dans une série de courts-métrages à la fois différents et homogènes. Si Southbound (666 Road chez nous) n'a fait que confirmer l'excellence de la bande, c'est en revanche V/H/S qui a vraiment marqué le plus dans le monde, permettant le premier à ses différents membres de se hisser sur des productions d'envergure bien plus importante. Le film s'est d'ailleurs transformé en licence, malheureusement peu exportée en France car produite par la plate-forme de streaming américaine Shudder : son dernier opus permet par exemple d'y retrouver Scott Derrickson et Bruckner lui-même, venu faire un clin d'oeil à ses débuts. C'est dire si ce premier essai de 2012 a du mérite, dans la mesure où il est parvenu à la fois à rester le meilleur de ses réalisateurs respectifs, et le meilleur de la saga en devenir.

boulingrin87

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