selon Adrast

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Bon, + grosse claque ciné de ces 10 dernières années, j'vais pas bouder mon plaisir parce que des cinéphiles sortis de la cuisse de Godard me disent que c'est anticonstitutionnellement boursouflé.

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Je crois que le traumatisme date de la petite enfance, quand j'étais chez la nounou et que j'avais pas le droit de regarder les films "pour adultes" que les grands de la famille mataient dans leur canapé, mais que j'en voyais quand même des bouts d'images, subrepticement. Maintenant que j'ai le droit de les voir, le premier reste pour moi le plus mystique et le plus matrixant, le plus inspirant, le plus beau parce que dans la retenue, loin de la débauche cameronesque du 2 qui ne plait qu'aux gros biscottos. Seul Alien 3 arrive à capter cette ambiance confinée et transcendante.

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La musique, oui, la musi-queue.

Plus je le vois, moins il me mystifie mais bon, le voir une première fois m'a ébaubi, le revoir au ciné m'a halluciné, et sa BO m'obsède presque autant que les élucubrations métaphorico-allégoriques qu'on peut tisser autour du scénario somme toute assez simpliste. Vous m'direz c'est c'que font tous les étudiants en ciné au point de nous soûler, mais bon ça va, on les écoute pas, sauf quand ça name-droppe, pour remplir sa liste de courses.

Et puis ce réalisme documentaire sublimé par une mise en scène 2001esque [mon meilleur film-somniphère je l'rappelle] bordel, on est très haut dans la catégorie des meilleurs faux vrais films, ou des vrais faux films. C'est ça qu'est fort, brouiller à ce point les frontières entre réalité et fiction.

Et puis et puis on est dans le quasi film muet, pour une fois qu'on ne nous abreuve pas + que de raison de paroles inutiles aussitôt entendues aussitôt oubliées. C'est une leçon de narration passive. C'est c'qui lui donne ce caractère alien.

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Je crois que c'est un peu le Interstellar de ma gégén' au final, en plus concon et belliqueux. Une sorte de film difficilement compréhensible au départ, dans lequel on investit de l'affect parce qu'il y a du spectaculaire quand même, et qu'on sent que quelque-chose nous dépasse, des points de mystère qu'on peut pas vraiment élucider, tout un univers encore jamais appréhendé. Et puis cette impression de maîtrise et de "maturité" [telle qu'on la définissait bêtement à l'époque, soit une imagerie plus sombre et des thèmes plus violents que la moyenne] qui s'en dégage, qui impressionne forcément de jeunes ados en quête de blockbusters à la fois accrocheurs et élaborés.

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Ex aequo avec Kill Bill vol. 1 que j'ai certainement + vu au final, surtout dans ma première année de licence, avant la dépression du Seul Contre Tous qui tournait en boucle.

Les 2 se placent sur les hautes marches du cinéma jukebox, le genre de films que tu mates pour le rythme imposé par la bande-son, avec d'un côté Pulp et sa BO Soul et Bill pour ses morceaux de stade, japonisants et glam intimistes, et surtout ce passage animé qui m'émeut toujours comme un émeu.

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Vous avez rien compris à la quête de l'amour paternel et vous devriez avoir HONTE. Ou alors vous avez très bien compris mais vous vous en foutez c'qui est encore PIRE. Pire encore que ne pas apprécier la maître-classe de SF ci-présente.

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À chaque fois que je le revois je suis toujours aussi impressionné, quasi pantois, par la conduite sans anicroche, un peu comme devant 7even, qui n'est pas dans la liste parce que j'ai trop peur de passer pour un normie et que surtout j'ai + l'impression de faire mes devoirs en regardant 7even qu'en regardant les films du père Gilliam.

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La doublette Drive/Shame la même année j'ai quasiment jamais connu ça dans ma vie de branleur à salles obscures, hormis peut-être l'année de la doublette There Will Be Blood/No country for Old man.

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La musique, le mutisme, le vroom vroom : la poésie brute d'autiste nimbée de couleurs et d'éclairages artificiels.

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Oui oui c'est pas le doc le plus pertinent sur le BM, mais c'est celui qui a le + d'âme, qui a su restituer une atmosphère nocturne, dépressive et décrépite plutôt qu'un amoncellement de riffs et de shrieks entrecoupant des entretiens barbants d'historiens diplômés du Mittal.

Et au final c'est un de mes docs préférés, le genre de truc inspirant pour donner l'envie, l'envie d'avoir envie, de produire ses propres assemblages, ses collages de sons et d'images pour aborder un sujet tout en sachant s'en extraire et prendre de la distance quitte à faire du hors-sujet, dans les musiques usitées, les sujets abordés, et dans quel ordre ; ou dans les images employées.

Et puis l'humour est bien là, sous-jacent, souvent sous forme de cringe qui réchauffe pire que les poêles à 5000€ [bordel ce passage avec Harmony Korine est le pire, autant dans ce qu'il dit que dans la partie de claquettes sur du Bethlehem], mais comment peut-il en être autrement avec un genre aussi edgy (Mitchell) ?