Visionnage 2025

Annotation :

Pour commencer l’année, envie de m’essayer au premier film de Lánthimos qui m’a toujours attiré. On y trouve déjà une sorte de fable morale violente comme en fera toujours Lánthimos, mais de manière bien plus fauchée et inventive. En bref : ça sent le premier film. Ça sent le réal qui veut marquer les consciences et proposer un style bien identifiable. Pour autant ça ne fait pas de Canine un grand film. Même si je trouve le concept de cette famille recluse et sectaire subtilement dérangeant, je trouve aussi que le film ne repose que sur ça et peine à s’agrandir, n’essaye même pas vraiment de raconter autre chose.

Annotation :

Choix de mes filles de regarder un Gibli qu’on n’avait encore jamais vu. Ce n’est pas un opus indispensable, mais c’est quand même toujours le haut du panier de l’animation pour moi. Tellement fatigué de l’animation occidentale (ricaine surtout) que chaque Ghibli apparait comme une bouffée d’air frais, lorsque j’en regarde avec mes filles.

Annotation :

Bats les couilles…je l’ai déjà oublié.

Annotation :

En soi, Le deuxième acte ne diffère pas des Dupieux précédents. C’est juste que je commence, comme beaucoup de spectateurs je crois, à me lasser de son style. Oui, certes, il y a toujours un concept méta pas inintéressant. Chaque film de Dupieux est comme une blague absurde délicieuse à se raconter sous forme de pitch, mais qui finit par s’étaler un peu trop dans le format métrage. Même si ça dure à peine plus d’une heure, vient toujours un moment où le rire curieux laisse place à la lassitude. Et pour moi c’est le cas sur tous les Dupieux. Absolument tous. Bien que je ne pense pas que son cinéma soit une supercherie comme beaucoup le laissent entendre, je sais au moins que Dupieux ne sera jamais parmi mes réals français favoris. Il semble avoir trop conscience de son statut et n’essaie même plus de tenter de s'extraire du style qu'il s'est créé.

Annotation :

Fin de semaine, flemme de se plonger dans un truc intello, ma femme et moi avons sorti une crème glacée du congèle et nous sommes avachis devant ce dernier Guy Ritchie. Ecoutez…que dire ? C’est très fun, solidement écrit, c’est plein d’humour anglais comme on l’aime et de rebondissements savamment distillés. Un bon cru du bonhomme. Un chouette film du genre, peut être même meilleur que Snacth ou Crime, arnaque et botanique. Ritchie est revenu à ce qu’il savait faire et c’est tout ce qu’on lui demande.

Annotation :

Je l’ai repoussé tellement de fois celui-là. Ça devient vraiment dur de caler 3h de film dans un emploi du temps de parent. Mais bon, j’ai fini par me lancer dedans en coupant le visionnage sur deux jours consécutifs. Aucun regret : c’est vraiment un grand film auquel je vais repenser longtemps. Très éloigné de ce qu’on pourrait attendre d’un Scorcese, même si ça ne veut plus dire grand-chose tant Scorcese a fait des choses différentes dans sa carrière. Ici c’est une sorte de western crépusculaire d’investigation. J’aime comme le film est découpé : prenant d’abord le temps de nous raconter le complot horrible qui se dessine sous nos yeux, avec des scènes vraiment fortes, à la photographie et mise en scène grandiose, qui réussit à la fois à nous familiariser avec cette société et nous plonger dans une ambiance étouffante à la violence sourde et maquillée. Bref, la premièr partie du film tient du génie pour moi. La seconde est plus classique dans son déroulé. Du moment que l’enquête se met en place, c’est comme si un compte à rebours se déclenchait, mais du coup le film prend un rythme autrement plus étriqué et sacrément prenant. Résultat, les 3h sont passées comme un souffle. Vraiment de la folie d’être capable de proposer un tel métrage à son âge. Chapeau le Martin.

Annotation :

Ma femme voulait voir ce truc. Rien qu'au trailer ça sentait le nanard, et en effet. C'est un film qui essaie clairement d'être original dans son ton, on sent qu'il fait les choses au premier degré. Ca raconte l'histoire de Miss Meadows, une jeune femme un peu farfelue, très polie et avec un côté vieille fille exacerbée, qui cache en fait une tueuse au sang froid prête à dézinguer le moindre délinquent. En gros : The Punisher dans le corps d'une jolie jeune femme bien sous tout rapport. Sauf qu'absolument tout sonne faux, sur-écrit, mal amené, mal monté, en toc. Les interactions des personnages et leurs dialogues sont juste lunaires. C'est fou d'écrire des textes aussi nuls, c'en est presque magistral à ce niveau. On a finalement devant les yeux une sorte de téléfilm qui essaie d'être un thriller farfelue et original, mais qui parvient juste à être un truc tièdasse et construit n'importe comment. Un bon navet des familles comme il m'arrive peu souvent d'en voir.

Annotation :

Regardé avec mon cousin par pure flemme de chercher autre chose. On avait quelques idées précises de film d’horreur en tête, mais faute de les trouver, on a fini par regarder ça. Prequel du film La Malédiction, cette origine nous plonge dans un orphelinat religieux à Rome autour d’une jeune nonne naïve qui va découvrir petit à petit que des choses très étranges se déroulent en ces lieux. Très vite, dès l’ouverture du film, tous les poncifs du genre nous tombent dessus en un tas informe et désordonné et s’enchaînent dans une longue suite des scènes horrifiques vues 10.000 fois.

Le film convoque d’illustres références, comme Rose Mary’s Baby en tête ou L’exorciste, mais sans jamais atteindre 1% de leur subtilité ou de leur intelligence. Il y a quand même un talent certain de composition de plans, de photographie et même de mise en scène. Un talent esthète j’entends. On sent que le réal veut nous marquer avec des images horrifiques d’une beauté indéniable, mais malheureusement le film ne sait pas se raconter. Tout arrive trop vite, n’importe comment, avec trop de screamers, de surenchère horrifique pour que dalle, jusqu’à la nausée, jusqu’à complètement abrutir un film qui avait le potentiel d’être autre chose. Bref, c’est de la merde boursoufflée narrativement, bien que réussie esthétiquement. En somme, le genre de film qui se vit mieux en trailer qu’en métrage.

Annotation :

C’est bof, mais du bof regardable, parfois même appréciable. En vrai ça se regarde moins pour les scènes de tornade, finalement pas si folles que ça, que pour les relations sympathiques entre les personnages. Même si bon…c’est juste que des jeunes américains sur-stylés, sans aspérités, dont les enjeux et désirs sont écrits d’avance, donc rien de fou non plus de ce côté-ci. Mais malgré cet aspect très fade et éculé du film, il a un je-ne-sais-quoi qui fait que je ne veux pas le rejeter complètement. J’étais peut-être juste dans le bon mood pour me mater ça.

Annotation :

Premier contact avec le cinéma de Bresson. Film pris complètement au hasard parmi sa filmo, et apparemment j’aurais commencé par son plus radical. En effet, je dois avouer que le film a quelque chose de plutôt rebutant de prime abord. Les jeux d’acteurs effacés, les répliques distantes, la façon très froide et mécanique par laquelle se raconte le film. Il n’y a vraiment rien ici qui cherche à plaire au spectateur, c’est certainement la plus mauvaise entrée que je puisse emprunter pour découvrir ce cinéaste. Reste qu’il y a quand même un petit quelque chose qui continue de m’interpeller : le film serait adapté d’une nouvelle de Tolstoï, et c’est vrai qu’il y a quelque chose de très slave dans cette histoire. Le récit d’un type initialement malchanceux, accusé à tort de fausse monnaie, et qui va à partir de là aller de mauvaises décisions en mauvaises décisions, puis qui dans un dernier mouvement va commettre quelque chose d’atroce : je trouve qu’il y a dans cette histoire une ambiguïté gênante qui rappelle les récits des grands auteurs russes. Impossible de saisir l’intérieur du personnage, impossible de comprendre ses agissements.

Annotation :

Plus je repense à The Substance, plus je me dis que je m’en fous. J’y vois une comédie horrifique body-horror, mais pas assez déglinguée pour m’interpeller réellement. Dans ce cas je préfère me tourner vers des films de la Troma (ces nanards puissance 10 qui vont archi loin dans le délire comique-horrifique) et si je veux par ailleurs du body-horror qui injecte une vraie morale pleine de malaise, je préfère allers vers du Cronenberg. J’ai l’impression que The Substance tente d’être un peu les deux : une fable horrifique et une comédie gore, mais qu’il reste en surface des deux genres et offre in fine un film finalement très classique. Son vrai seul mérite est marketing : il a eu l’intelligence de faire revenir Demi Moore pour un rôle à contre-emploi (bien pensé certes, puisque le film parle d’une star déchue) mais si on le juge comme ce qu’il est, une comédie d’horreur pure, on trouvera qu’il ne réinvente pas grand-chose. Ses effets très clinquants, sa mise en scène grossière pour appuyer son aspect comédie grinçante l’empêche d’être vraiment horrifique, et son pitch très classique, obligé de répondre à la logique de la morale qu’il veut nous délivrer, l’empêche d’être surprenant. On comprend très vite ce que va nous raconter le film et vers quelle fin grotesque il veut nous mener. Bref, pour moi c’est sympatoche mais loin d’être du bon cinéma de genre.

Annotation :

La première partie du film est celle qui m’a le plus séduite. Vivre simplement les printemps arabes du point de vue d’une famille indirectement impliquée dans la répression, je trouve que c’est passionnant. Le rôle très difficile du père en tant qu’enquêteur promu est également quelque chose qui, dès le départ, permet de tracer une ligne morale fine et complexe qui m’a beaucoup plu. J’ai aimé cette dichotomie réduite à une petite famille : les filles commencent à s’intéresser aux émeutes sans y prendre part, le père devient enquêteur avant de se rendre compte quelles saloperies il va devoir mener - revenant de ses journées complètement anéanti - et la mère essaie de ménager les uns et les autres, et se trouve tiraillée entre tout ça. Si le film en était resté là, je crois que je l’aurais davantage aimé. Malheureusement il ressent le besoin d’alourdir les enjeux en faisant tout grimper en intensité via la péripétie de l’arme disparue.

Une fois que le flingue disparait, tout s’accélère et chaque rôle se révèle de manière bien moins subtile : les deux jeunes filles deviennent de plus en plus rebelles – elles portent dans leur rôle la symbolique des printemps arabes, la rébellion contre le père. La mère de plus en plus sévère, finit par choisir le camp de ses filles, et des femmes arabes de manière générale, et quant au père, il devient le bourreau bien méchant qui n’hésite plus à interroger, enfermer et poursuivre sa famille, arme à la main. Bref, le film commence sur une couche morale très fine et passionnante, avant de basculer vers quelque chose de tout à coup beaucoup moins complexe. Dommage. Très déçu par ce final.

Annotation :

Je n’ai jamais cessé de penser à un autre film en regardant ce Souleymane. Je pensais à « Deux jours, une nuit » des frères Dardenne. Même si l’histoire n’a rien à voir, j’ai retrouvé ici, pour ainsi dire, un cinéma social d’action. Je ne vois pas comment mieux décrire la chose. Comme le film des Dardenne, il s’agit d’un film qui prend une situation sociale réaliste pour en tirer un métrage mouvementé, toujours dans l’action et le stress par les situations qu’il développe. Bien sûr, chez les Dardenne il s’agissait plus d’une situation morale (très forte par ailleurs) qui voulait nous fatiguer mentalement par la position délicate et désespérée du personnage incarnée par Cotillard, tandis qu’ici on est dans de l’action pure : suivre le quotidien compliqué d’un livreur uber, qui travaille d’ailleurs dans l’illégalité. C’est toujours passionnant de suivre ce genre de choses, car ces gens on en croise tous les jours, on en voit tout le temps et pourtant on ne sait rien d’eux, on ne sait rien de leur situation. Pour ça le film m’a parlé, même si j’avoue que être toujours dans de l’action pure pouvait me lasser à certains moments.
Ceci dit j’ai trouvé la fin très touchante. Les tout derniers mots du film avec cette femme qui, pour une fois, souhaite écouter la vraie histoire de Souleymane – en fait celle que nous spectateurs venons de vivre 1h30 durant. Pour moi tout le tissu du film est là : ce Souleymane se fatigue chaque jour, et autour de lui personne ne semble vraiment l’écouter, ne vouloir comprendre ce qu’il a vécu, car au fond son histoire est des plus banale. Obligé de s’inventer un passé tumultueux de rebel politique pour tenter d’amadouer l’administration française, tandis que son histoire réelle est promise à l’ennuie. Pour moi on a presque là un film post « Gilet Jaune » qui nous dit : vous tous dont le quotidien n'est pas racontable, ne constitue pas de récits, et dont pourtant il est l’origine de votre souffrance, eh bien le cinéma peut le raconter. J’ai trouvé le message très touchant au fond.

Annotation :

Ce Jurassic World n’est pas un film que je rêvais de voir, ni même que j’attendais spécialement, mais la fatigue parentale et le train-train du travail ont eu raison de ma femme et moi, et nous ont poussé comme beaucoup à déconnecter et à nous faire un petit cinéma blockbuster sans les enfants. La vie quoi. Et finalement ce film n’a pas été pour moi la bouse décrite par certains, je suis même agréablement surpris par ce que j’ai vu. Oui bon, ça reste un bon gros film popcorn qui coche toutes les cases attendues, mais contrairement aux premier Jurassic World (seul que j’ai vu de la saga World), c’était au moins un film d’aventure honnête. C’est peut-être sa ressemblance avec le Monde Perdu qui m’a accroché : le fait d’envoyer des personnages directement au cœur de la jungle, c’est le genre de pitch d’aventure qui réveille le gamin en moi. Remettre les dinosaures dans leur milieu naturel et suivre des survivants mal préparés, avec des rencontres souvent soignées en termes de mise en scène, me suffit pour passer un bon moment. La scène avec le T-Rex dans la rivière par exemple, je l’ai trouvée bien fichue, bien pensée. Après voilà, le film a le défaut des blockbusters actuels : il passe trop vite, certaines scènes qui auraient pu être plus bien plus fortes et iconiques sont réduites pour pousser un rythme effréné. Et puis il y a cette espèce de structure qui fait penser à un jeu vidéo. Les héros qui doivent absolument prélever du sang d’un dinosaure marin, volant et terrestre, j’y crois moyen, on se croirait dans Pokemon. Et enfin cette manie de foutre des dinosaures mutants, comme des boss final du film, là encore on sent que la saga est tombée loin des ambitions des premier opus et cherche un esprit presque enfantin dans ses histoires. Ce sont malheureusement ces détails là (qui n’en sont pas d’ailleurs) qui font que Renaissance reste bien un objet facile comme ses prédécesseurs, mais il a au moins le bon goût de revenir au classique « film de survie » et de le faire avec un savoir-faire correct, qui font que je ne le boude pas non plus.