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livre de Jean Echenoz (2012)

Je suis content, je viens pour la première fois de terminer un roman de Jean Echenoz. "Cherokee" m'était tombé très vite des mains en 1983 et en 1986 "L'équipée malaise" m'avait endormi. Je n'arrivais pas à entrer dans cet univers en grande partie à cause de l'écriture. Mais cette fois-ci, victoire, avec "14", je suis allé jusqu'au bout ! Pas difficile me direz-vous, ça ne fait que 124 pages dans un format poche, écrit gros.
"14" a pour sujet cette terrible boucherie que fut la première guerre mondiale et le moins que l'on puisse dire c'est que Jean Echenoz l'évoque très bien en peu de pages. Tout y est : l'horreur, les mutineries, les gueules cassées, les tranchées, les poux et les rats, les femmes au travail,... Un vrai petit précis que ceux qui ne connaissent pas cette période pourront lire pour une remise à niveau. Pour les autres, rien de nouveau sauf peut être quelques petits détails glanés de-ci de-là au détour d'un paragraphe ou lors d'une des nombreuses énumérations dont Jean Echenoz semble raffoler. Ainsi, j'ai découvert la cervelière, sorte de petite calotte métallique qui les soldats ont du mettre sous leur képi au début du conflit et vite remplacée par un casque pour cause de peu de pratricité.
On sent que l'auteur s'est passionné pour cette guerre 14/18, s'est documenté énormément, minutieusement, jusqu'à faire du name-dropping d'époque en nous abreuvant de marques d'armes, d'avions ou de vélos aux noms inconnus (Euntes la marque de vélo bien connus des ecclésiastiques en soutane). Cela alourdit un peu ce texte aux longues phrases tortueuses..
Si l'évocation du conflit est absolument parfaite de maîtrise et de concision, j'ai par contre eu l'impression que c'était au détriment de l'histoire avec un petit "h". La quatrième de couverture laisse entendre une intrigue romanesque avec une héroïne attendant le retour de deux hommes. Il y a de ça, mais le personnage féminin est à la fois très secondaire et désincarné, faisant quasiment de la figuration. Elle est par contre l'objet d'une scène étonnante où, lors d'une consultation auprès de son médecin de famille, elle se voit proposer un avortement ! En 1914 ? C'est vraiment d'époque ? Peut être dans la bourgeoisie alors, ils ont toujours plus d'avantages et de combines que le bas peuple.
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pilyen
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le 2 nov. 2012

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