22/11/63: un roman multiple où Stephen King se permet des écarts avec les codes de sa littérature

Je dois vous avouer que j'ai décidé de lire 22/11/63 car j'ai toujours été interessé par les diverses spéculations autour de l'assassinat de JFK.Que Stephen King décide de prendre comme but narratif ce moment tristement historique et de l'entremêler à un voyage dans le temps difficilement justifiable, m'a aussi poussé à essayer de comprendre l'ambition ô combien cûlotée de l'écrivain.King, lucide, expose dans la postface de son roman qu'il est convaicu à 98-99% de la culpabilité de Lee Harvey Oswald dans l'assassinat de Kennedy après s'être documenté gracieusement.De cette manière, il justifie le parti pris de son intrigue qui m'a,pour ma part, profondément dérouté.
Oui, Stephen King est un conteur hors pair mais la mécanique de ce 22/11/63 part déjà curieusement. En effet, comment accepter qu'un jeune professeur de littérature du Maine (double littéraire de notre écrivain) réponde à la requête de son copain Al mourrant, pour faire un bond dans le temps et empêcher l'assassinat de Kennedy. Il est vrai que les scènes d'exposition nous renseigne sur les déboires de Jake Epping et de sa femme alcoolique mais est ce que ses raisons peuvent à tout prix justifier son départ soudain vers l'espace temps 1958-63? Chez King, on trouvera toujours la necessité d'un homme qui s'ennuie et veut transcender sa propre existence. C'est mon interprétation et je vous la soumets.Jake Epping fait aussi parti de ces gens qui aiment la curiosité du néant et n'est ce pas la volonté d'un écrivain de noircir sa page blanche et de donner forme au néant qui le hante?
Au niveau du style de personnages de Stephen King, j'aime toujours les louches et les énigmatiques.Dans cette mouture, le lecteur n'est pas en reste avec Al Templeton, Carton jaune et Clayton, le mari de Sadie.En contrepoint, on pourra trouver que les personnages de Sadie Hawkins, Jake Epping,Deke Simmons sont gentillets, provinciaux et plan-plan mais ils sont ceux par lesquels l'action est palpable,se transforme sans cesse.Une autre dimension que Stephen King glisse également en eux, c'est l'affectif que l'écrivain vieillissant défend avec un bâton de pèlerin.Il faut le souligner car ce choix de montrer la beauté intérieure de ces êtres est presque innattendu de sa part. Certains lecteurs,avides de sensations fortes ont dû être sidérés par cette volonté marquée de leur écrivain préféré.
Pour finir, je reviendrai sur le traitement de King sur la culpabilité assumée de Oswald et de la volonté de Jack Epping de l'empêcher de nuire.En acceptant ce postulat de départ, vous pouvez adhérer à l'histoire sans trop de problèmes.Par contre, si vous faites partie des gens qui supposent une autre culpabilité chez l'assassinat de Kennedy, n'ouvrez jamais ce livre car vous seriez affligés.Pour ma part, je me suis dit que King défendait une possibilité historique tout en effectuant sa petite cuisine personnelle. Et c'est comme ça que je suis arrivé au bout des 936 pages.Bon voyage!
Locke
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le 1 juin 2013

Modifiée

le 1 juin 2013

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