Tout d’abord, j’ai été terriblement surprise par le contenu de ce roman : je m’attendais à un thriller autour de l’assassinat de Kennedy. Cependant, la majeure partie du roman s’intéresse à la vie quotidienne de Jake/George et au développement de ses nouvelles relations : amitiés mais surtout, amours… Je n’ai pas été déçue par cet aspect mais cela m’a beaucoup surprise. Néanmoins, j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs vers les 2/3 du roman.


J’ai beaucoup aimer découvrir les USA des années 60 à travers les yeux de Jake/George : en effet, contrairement à ce qui se fait habituellement dans les romans qui se passent à une autre époque que la nôtre, le personnage principal possède un mode de pensée actuel. Ainsi, les différences de mentalités lui sautent davantage aux yeux et il les remet plus facilement en question : notamment, en ce qui concerne les droits civiques, la ségrégation et l’évolution de la condition féminine. Dans un premier temps, Jake a l’impression d’avoir atterri dans une époque de rêve où les gens sont plus sympas, où la confiance règne davantage entre les individus et où les aliments ont nettement plus de goût. Mais très vite, il s’aperçoit des mauvais côtés de cette période : les mauvaises odeurs, l’absence d’intérêt pour les questions d’environnement, le racisme, etc.


Historiquement, ce roman est donc très intéressant. Il m’a également permis de prendre conscience de mon manque de connaissance de l’Histoire et de la politique américaine, que ce soit par le biais des réflexions de Jake sur l’implication d’Oswald dans la mort de Kennedy ou lorsque l’on découvre les conséquences des actions de Jake sur le futur.


L’autre élément important de ce roman, c’est le fameux effet papillon : tout au long du roman, Jake ne peut s’empêcher de se questionner sur les conséquences de ses actes sur le futur des personnes qu’il rencontre et des implications de celles-ci dans le futur, en général. Il remarque également que certaines de ses actions provoquent des changements inattendus à des endroits différents du monde. Stephen King développe toute une réflexion autour de cet effet papillon et de la façon dont fonctionnent les changements d’époque : ce n’est pas toujours facile à suivre, mais je trouve que ça tient encore pas mal la route !


En effet, même s’il reste facile à lire, j’ai trouvé ce roman assez complexe. Tout d’abord, par sa longueur [1044 pages, tout de même] et les nombreux personnages que rencontrent Jake tout au long de son épopée. Souvent, ceux-ci font écho à des personnes qu’il a rencontrées précédemment que ce soit dans sa vie du futur ou dans ses premiers mois dans le passé : ces similitudes se remarquent au niveau de noms de famille, leurs prénoms ou leur physique. Les liens ne sont pas toujours évidents pour le lecteur : on a tendance à oublier certains personnages et à ne pas parvenir à retrouver à qui l’auteur tente de faire allusion [et pourtant, je n’ai pas particulièrement traîné dans ma lecture…]. Parfois, l’auteur nous donne une bribe d’information, mais pas toujours… Et alors là, quelle frustration quand on ne parvient pas à reconnecter les pièces du puzzle !


Heureusement, la structure temporelle du roman est linéaire, sinon je pense que cela aurait pu devenir un vrai casse-tête !


Enfin, soulignons que l’auteur aime faire des liens avec le reste de son oeuvre. Ici, Jake écrit lui-même un roman qui fait furieusement penser à autre roman de l’auteur. C’est amusant d’arriver à décoder ses clins d’oeil [et il est fort probable que j’en ai loupé quelques-uns].

Maghily
8
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le 24 janv. 2016

Critique lue 237 fois

Maghily

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