L’intrigue se passe à Cane, une petite ville minière et sinistrée de Pennsylvanie. Autrefois célèbre pour son parc d’attraction, Candyland, c’est aujourd’hui un lieu abandonné et pollué. Le parc est devenu un repaire de drogués. Non loin de là vit une communauté Amish. C’est dans cet univers contrasté et fait de non-dit que le lecteur évolue. Quand Thomas, le jeune homme le plus en vue de la ville est assassiné, les fantômes du passé ressurgissent. S’offre à nous une galerie de personnages hétéroclites et bancales car entre le flic alcoolo, l’ancienne amish un brin folle, le criminel repenti et la junkie amoureuse, on comprend très vite que dans cette affaire tout le monde a sa part d’ombre.
La construction du roman est absolument addictive ! Les quarante premières pages sont un peu poussives mais après il est impossible de le lâcher. On va de rebondissements en révélations. L’auteur ménage aussi des phases de pauses bienvenues en nous offrant des moments d’introspections de certains personnages et des descriptions de l’ambiance si particulière du lieu. C’est dans un univers assez unique que l’on nous entraîne. La fin est là pour clôturer le récit et pas pour nous livrer toutes les révélations en cinq pages. L’autrice ne cherche pas juste à nous accrocher à son livre en ménageant du suspense, elle nous propose un récit d’une grande maîtrise narrative.
Ils s’arrêtèrent à l’intersection entre Wild Cherry Lane et Praline Street, vitres baissées. Les noms de rue qui participaient autrefois à la thématique sucrée de Cane n’étaient plus que du sel sur les plaies des victimes de la récession économique.
Le roman joue sur les contrastes. On peut passer d’une scène sanglante ou violente à une autre extrêmement gourmande et sucrée. Car au cœur de cette noirceur il y a la boutique de Saddie, l’ancienne Amish, pleine de sucreries qui donnent l’eau à la bouche. Seul espace de douceur, sa boutique est son repaire et le seul lieu où elle se sent à sa place. Saddie est un peu la parabole de Candyland. C’est une jeune fille pure et souriante qui est brisée et souillée par les habitants de Cane. Candyland était autrefois surnommé « le cœur sucré de l’Amérique » est n’est plus aujourd’hui qu’une ville où règne la pauvreté et la contrebande.
Je ne me suis attachée à aucun des personnages car tous étaient violents, mal sains ou tordus mais, paradoxalement, cela ne m’a pas empêché d’adorer cette histoire. Au fil du récit, on fini par comprendre la noirceur de certains et à presque leur pardonner. Ce sont des personnages qui s’apprivoisent, dont on met du temps à vraiment le comprendre. J’ai trouvé cela très interessant car l’autrice nous invite à aller au delà de nos premières impressions.
On milieu de la drogue, de l’alcool, des meurtres sordides et des erreurs du passés il y a néanmoins l’amour et l’espoir d’une rédemption. On ne répare pas son passé et on peut encore moins le changer. Dans ce roman il n’y a pas de deuxième chance. Mais il y a néanmoins l’espoir d’apprivoiser les démons et de sortir des ténèbres.