En Islande les glaciers fondent, et ce phénomène aussi triste qu'inévitable, semblent résigner les Islandais qui y voient peut-être leur disparition à eux. Ils ont déjà perdu leur économies, leur banque il y a une dizaine d'année, Ils perdront peut-être leur culture, leurs origines.
Mais avant d'en arriver là ,les glaciers recrachent des souvenirs.
Pour Konrad qui est un vieux policier maintenant à la retraite, c'est un corps congelé depuis 30 ans, presque intact, qui fait revenir à sa mémoire les souvenirs d'une enquête non aboutie, ratée.


Le corps retrouvé a bien été tué, ce que l'on supposait, mais l'enquête n'avait rien réussi à prouver autrefois. Les américains appellent cela un "cold case", c'est ironique, et l'enquête va se rouvrir.
Elle avait laissé beaucoup d'aigreur dans la police et chez un coupable présumé jamais innocenté.
30 ans plus tard le corps fait remonter les souvenirs et rouvre un peu les plaies. Mais les corps ont vieilli, le coupable présumé meure d'un cancer, les mémoires aussi. Une petite dame demande ce que l'on va pouvoir trouver comme pistes 30 ans après.
C'est l'histoire d'une enquête bâclée mais en cherchant bien on trouve toujours. L'enquête oblige Konrad à retourner voir de gré ou de force les anciens acteurs et chaque rencontre fait remonter des souvenirs douloureux tant pour lui que pour son entourage.
Konrad, sans réel mandat policier, repart en chasse, poussé par une obligation morale et la possibilité de corriger cette erreur. Et les langues parlent à nouveau. De nouveaux témoignages, de nouvelles histoires ressortent.


L'histoire policière est ténue tout de même. Le suspens de l'enquête est tout aussi froid que la piste qu'il reprend.
Indridason ne décrit pas non plus une ambiance, ou bien rarement le petites vies pauvres des gens de l'enquête.
Il décrit par contre avec beaucoup d'application des états d'âme d'hommes et de femmes.
Des remords et des angoisses fossilisés par les décennies qui sont remués à nouveau par ces rencontres et qui mettent en perspectives des petites vies souvent tristes et dures, un peu à l'image du pays.
Il y a les petits faiblesses de qui s'approprie de l'argent et cache la découverte qui aurait pu faire avancer l'enquête. Les petites lâchetés de ceux qui pourrissent l'enquête pour se simplifier la vie. Et puis la vie. La femme qui meure d'un cancer, les divorces, les enfants qui grandissent, les petits enfants qu'on emmène au cinéma. Il y a aussi les culpabilités et les remords qui empoisonnent et leurs lot de nuits blanches et d'alcool pour oublier jusqu'à la dépendance.
Tout cela c'est la vie, dans des petits chapitres de 4 5 pages comme des saynètes agréables à lire, et fait oublier l'enquête sans grand suspens ce qui est une réussite.

OlivierBretagne
6
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le 9 févr. 2020

Critique lue 298 fois

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