Kennedy à Berlin ? Oui, enfin, pas JFK, mais Douglas, l'écrivain qui pond des best-sellers avec une régularité de métronome. Ses deux derniers romans n'étaient pas bons, Cet instant-là nous réconcilie, en partie, avec l'auteur. Grâce à Berlin, justement, toile du fond du livre, en 1984, dans les pas du narrateur, Thomas Nesbitt, qui découvre la ville et ... l'amour. Après un démarrage prometteur, la description de la passion entre Thomas et Petra, sylphide transfuge de l'est, est un mauvais moment à passer. Près de deux cents pages de mamours à la guimauve, que Kennedy abandonne de temps à autre, ouf, pour s'attarder sur des personnages secondaires qui relancent l'intérêt, l'ami du héros, par exemple, peintre drogué et homo dont le portrait frise le cliché tout en permettant de s'aventurer dans un Berlin Ouest interlope qui ne manque pas de sel. Sexe, drogue, tout cela est assez rock 'n' roll, ce cher Douglas ne nous avait pas habitué à tant de "dépravations". Moyennant quoi, pour en finir avec la romance de Thomas et Petra, Kennedy nous assène un premier rebondissement après 300 pages. On l'a vu venir d'assez loin, il faut dire, mais on ne s'en plaint pas tant l'aspect sentimental commençait à nous courir sur le haricot. Il y aura un deuxième rebondissement, bien plus loin, prévisible également, qui relancera la machine. Et tout se terminera dans les larmes et les remords, sans surprise, finalement, car Douglas Kennedy n'est pas un auteur doué pour raconter les jours heureux, sa plume s'exprimant bien mieux dans le drame. C'est un bouquin qui s'avale à grandes lampées, il est écrit pour ça, et on a beau voir les ficelles, force est de constater que le marionnettiste a un certain talent pour nous embarquer. Aujourd'hui que l'on connait bien les méthodes de la Stasi et la vie en RDA, en ces temps de guerre froide, le livre a cependant moins d'impact que s'il avait écrit quelques années plus tôt. Cet instant-là n'est pas loin d'être un roman de gare, mais vu qu'il file comme un TGV, on ne regrette pas d'avoir choisi le train. Et à la fin, on se retrouve tout penaud, sur le quai, en se mouchant pour cacher que l'on vient de verser quelques larmes. Comme une midinette. Un peu bête et honteuse de s'être laissée avoir.

Cinephile-doux
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le 16 janv. 2017

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Cinéphile doux

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