Ecrivain libanais francophone, Charif Majdalani est un très beau styliste dont on a pu apprécier la qualité dans Le dernier seigneur de Marsad ou Villa des femmes, par exemple. Son nouveau roman, Des vies possibles, est à part dans sa bibliographie. Les phrases sont plus courtes qu'à l'accoutumée et le livre lui-même est plutôt bref pour raconter toute une existence. Il s'agit d'une fausse biographie d'un dénommé Raphaël Arbensis, vivant au XVIIe siècle, un libanais parti à Rome pour devenir prêtre et qui va faire tout autre chose, voyager surtout, devenant plus ou moins diplomate, aventurier et homme d'affaires. C'est le portrait d'un homme éclairé, féru d'astronomie et d'art qui côtoie un temps Corneille à Paris puis Rembrandt à Amsterdam. Et c'est un oriental habillé à l'occidentale, fasciné par la culture européenne qui chemine de Venise à Ispahan en passant par Rome et Constantinople. Toute sa vie, il se demande si le libre-arbitre existe ou si le sort de chacun n'est gouverné que par le hasard. Mais sa grande préoccupation concerne la place qu'il doit occuper dans le monde et la quête d'un bonheur insaisissable qu'il n'atteindra qu'assez tard en devenant époux puis père et en revenant à ses racines, dans la montagne libanaise. Moins étoffé que ses précédents romans, plus court dans tous les sens du terme, Des vies possibles offre cependant un vrai plaisir de lecture au contact d'une langue subtilement maîtrisée et charriant poésie et fantaisie dans son cours.

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le 31 janv. 2019

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