Ne vous fiez pas à l'allure tranquille du bonhomme Jancovici : c'est un boxeur redoutable, et un poids lourd encore, qui peut terrasser bien des idées préconçues et même déjà un peu élaborées sur les question économiques et environnementales. Il manie la polytechnique de combats à merveille !
Premières victimes : la science économique et tous ses thuriféraires qui n'ont pas en tête que leurs présupposés sur la gratuité des ressources naturelles est une erreur fondamentale (en train de se transformer en faute lourde).
Deuxièmes victimes : les penseurs écologistes plus idéalistes que matérialistes qui ne s'attachent pas à l'urgence de la situation et refusent de voir que la priorité est de stopper l'emballement climatique et la dévastation des espaces naturels. Or, force est de constater que le nucléaire pourrait, malgré les risques d'accidents (et même sur ce point Janco nous oppose des chiffres qui relativisent grandement le problème), l'emporter sur toutes les autres solutions.


Dans un texte hyper renseigné et sur la base d'arguments détaillés et du coup réellement discutable (des prémisses aux conclusions en passant par les calculs et les raisonnements) Jancovici montre l'imbrication de l'économie et des questions d'accès aux sources énergétiques. Et il bat en brèche l'idée que nous progressons dans cette affaire. Non seulement les affichages politiques sur le recours aux énergies renouvelables (solaires et éoliennes) sont de la poudre aux yeux mais ils pourraient même bien avoir des effets d'accélérateur de croissance de la catastrophe en cours. Car, qu'on se le dise, une différence de 4 à 5 degré entre le climat préindustriel et celui qui pourrait advenir dans quelques décennies ce n'est pas seulement le risque de coups de soleil supplémentaires, c'est la fin de notre monde… annoncée d'ailleurs dès 1972 dans le rapport Meadows, aujourd'hui pleinement prédictif comme l'a montré l'actualisation des résultats qui montrent que les résultats du modèle est encore plus pertinent aujourd'hui qu'il ne l'était il y a 50 ans (chacune des évaluations décennales des conclusions du scénario « Business as usual », les ont accrédités).


Pour continuer de croire que l'on pourra croitre toujours (c'est-à-dire en termes de production, rien d'autre), de s'enrichir (matériellement) de compter sur les ressources énergétiques naturelles, ou sur les énergies renouvelables telles qu'elles sont aujourd'hui mises en oeuvre, continuer de croire les discours politiques qui vantent (il faudrait écrire qui ventent tellement ils ressemblent à des courants d'air) le modèle actuel comme le meilleur possible et, « en même temps » assurent pouvoir nous préserver de la catastrophe (via une « croissance verte » et/ou un« développement durable »), il faut être idiot ou idéologue.. Nous prenons le chemin de la récession permanente (le coche de la révolution permanente ayant été loupé jusque-là), et ce dans un monde toujours plus peuplé, exposé à des crises climatiques à répétition et de plus en plus graves, et gavés de propagande consumériste et piloté par la finance (dont l'horizon est le court terme et la maximisation des gains).


L'effondrement est en cours, mais nous sommes telles de grenouilles plongées dans une eau tempérée qui va progressivement être portée à ébullition. Pourtant, à température plus élevée, certains accidents politiques (crise financière majeure, guerres...) pourraient nous donner l'impression d'être soudain plongés dans l'eau bouillante : sera-t-il encore possible de sauter hors de l'eau ?
Conseil de Jancovici : n'attendons pas 2100, pas même 2050 pour connaître la réponse !

Julius-Grakus
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le 21 déc. 2021

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