Francisco Coloane n'est pas un romancier, et cela se sent. Qu'on imagine pas, parce que El Guanaco est appelé roman, qu'on va avoir une intrigue particulièrement développée. Comme dans ces nouvelles, il s'agit en fait de plusieurs récits, plus ou moins greffés sur une trame très lache. Cela peut dérouter, il faut bien se rendre compte donc que El guanaco, c'est une succession de récits comme en feraient des conteurs invités au coin d'un feu, dans une masure délabrée non loin du cap horn, avec les hurlements du vent et les bêlements des moutons en toile de fond. C'est un univers à part entière, un univers d'hommes rudes dans une contrée hostile, où les naufrages sont monnaie courante, et où les propriétaires paient pour chasser l'indien, qui a le toupet de s'accrocher à la terre qu'il occupe depuis un temps immémorial.