Je n'achète quasiment jamais, voire jamais en fait, ce genre de livre dont on fait la promotion à la télévision, à la radio. Déjà parce que je lis rien ou pas grand chose de contemporain, mais en plus parce que bien souvent c'est juste de la merde. Mais là j'ai fait une exception parce que le sujet m'intéressait étant donné que ça parlait de l'école et que c'est un peu mon métier que d'enseigner...
En plus Barbara Lefebvre était classée Néo-réac (elle le dit elle-même), j'osais avoir un discours un peu à contre-courant de ce que l'on peut entendre et vu qu'elle est prof je me disais qu'elle n'allait pas forcément taper sur les profs comme on peut souvent l'entendre : « blabla tous des gauchistes ».


Et en fait c'est de la merde. C'est exactement pour ça que je n'achète pas de livres d'actualité, non seulement c'est on ne peut plus périssable, c'est mal écrit et pour une réac écrit professeur avec un « e » à la fin (voire écrire « professeure » tout court) ça la fait passer juste pour une conne. En fait le discours du bouquin est celui qu'on entend toujours dans les émissions de débat sur l'école lorsqu'on invite un peu une personnalité de droite...


On utilise des termes jamais réellement définis comme le pédagauchisme (sic). Sauf que je pense que personne viendra dire que la pédagogie c'est « mal », donc qu'est ce qui est mal ici ? être de gauche et faire de la pédagogie ? Elle dit du mal du socioconstrucitivisme, qui n'est jamais explicité, et pire on ne dit jamais pourquoi c'est mal. Non c'est juste un mot péjoratif. Ce qui donne juste l'impression qu'elle parle à des gens déjà acquis à sa cause.


D'ailleurs tout le bouquin est tellement convenu qu'on peut faire un bingo « de mon temps on apprenait ça », « l'école du temps des mes parents », « le niveau baisse », «novlangue». Et si le bouquin possède quelques notes, notamment pour justifier les interventions d'untel ou untel, les citations de Charles Péguy, etc, on n'a pas réellement d'études en sciences de l'éducation qui viendrait corroborer ses dires. Alors oui elle méprise les sciences de l'éduc et je mentirais en disant que je les porte dans mon cœur, mais c'est pas impossible de faire une étude sur un groupe d'élève pour tester différentes méthodes d'apprentissages et donner un résultat.


En fait dans ce bouquin se suivent une succession pleine de ressentiment, de lieux communs et ça ne fait absolument rien avancer.


Elle explique au début de son bouquin cette fameuse génération qu'elle nomme unilatéralement « j'ai le droit » à cause de leur égocentrisme, tout le monde dit qu'il a le droit de faire ceci ou cela... Et effectivement dans les classes ça se voit, les élèves qui disent avoir le droit d'aller aux toilettes, le droit d'aller dans tel endroit, etc. C'est des petits égos sur pattes qu'il ne faudrait surtout pas vexer car ils n'ont jamais appris la frustration. Et effectivement on ne peut qu'être d'accord avec ce constat, mais toute la démonstration qui suit est totalement bancale. C'est une série d'anecdotes personnelles où elle raconte que des parents se sont plaints qu'elle n'était pas assez gentille avec les élèves car elle était cynique et qu'elle n'achetait pas la paix sociale avec des bonnes notes.


Encore une fois, on constate ça tous les jours... Mais jamais ça ne dépasse la qualité d'anecdote. Je ne vois pas en quoi ces anecdotes méritent de payer 13 euros (en version epub). C'est juste des analyses de comptoir de salle des profs.


On se tape carrément un chapitre entier sur l'islam et sur l'antisémitisme et si elle est pertinente lorsqu'elle dit qu'aller à Auschwitz avec ses élèves ne va pas les laver de tout antisémitisme actuel et à venir... Mais franchement ses petites anecdotes sur un partenariat avec un collège palestinien et le fait qu'elle se soit fait insulter de sale juive... Je crois qu'on s'en fout un peu. Mais bon, ça ne m'étonne donc pas que Zemmour ait bien aimé le livre.


Mais factuellement dans le livre il n'y a rien, ce n'est jamais profond, jamais on n'a quelque chose d'autre que de s'amuser à compter le nombre d'heures de français en moins depuis telle année, etc. Je ne demande pas au livre de proposer des solutions, s'il y en avait et si elles étaient immédiatement applicables je pense que tout le monde prendrait, mais même au niveau de la démonstration de la destruction de l'école pas les pédagauchistes (sic) c'est quand même pas très rigoureux.


Ce qui fait qu'effectivement c'est un livre destiné à ceux qui pensent déjà comme ça et ça ne convaincra personne d'autre.


Après vu qu'elle ratisse large, elle arrive par exemple à dire qu'Attali dit des choses intéressantes tout en fustigeant que le fait que le socle commun vienne d'instructions européennes, forcément il y a des moments où l'on sera d'accord avec elle, au moins sur le constat.
Mais ce bouquin reste néanmoins ce qu'il est, un truc médiatique et surtout une perte de temps sans saveur ni intelligence aucune.


Et je suis toujours à la recherche d'un bon livre écrit par une femme depuis la mort de Rosa Luxembourg.

Moizi
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le 15 févr. 2018

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Moizi

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