Comme je le disais à la fin de mon avis sur Enfant 44, j'avais peur de découvrir cette suite, parce que je trouvais que le premier livre se suffisait à lui-même et je ne voyais pas du tout comment l'auteur pouvait continuer sur sa lancée au vu de la fin. J'ai été agréablement surprise, car Tom Rob Smith a su s'extirper de tout ce que j'imaginais.
Dans ce livre, on suit certes les mêmes personnages quelques années après la fin d'Enfant 44, mais on repart sur des nouvelles bases. J'ai aimé retrouver Léo dans sa nouvelle vie, par contre, les passages avec Zoya m'ont rapidement déçue, car il ne sont pas toujours crédibles...
Ce que j'ai le plus aimé c'est le fait d'avoir su mêler la fiction à l'Histoire. Dans ce livre, on a par exemple un aperçu d'un goulag depuis l'intérieur. On suit une traversée en bateau qui va amener les prisonniers au goulag de Kolyma, l'un des pires de par sa situation géographique tout au nord de la Russie. Le froid est glacial, les conditions de travail y sont encore pires que dans les autres goulags. Même si les raisons qui mènent les personnages à Kolyma sont un peu too much, j'ai adoré découvrir la vie au goulag, terme obscur qui ne me laissait en rien présager des horreurs et des tortures que j'allais y trouver.
De fil en aiguille, nous allons découvrir ce qui justifie le titre original (The Secret Speech), puisque l'on va découvrir le fameux " rapport Khrouchtchev " après la mort de Staline. Il y décrit ses excès, ses erreurs et ce rapport historique va ébranler toute la Russie et aura des répercussion jusqu'en Hongrie, avec les insurrections de Budapest, la prise de la tour radio, les soulèvements étudiants, etc. Tous ces événements se sont donc vraiment produits, et j'ai beaucoup aimé en savoir plus, car je ne connais pas grand-chose de cette période historique ni de cette région. Certes, il est clair que l'implication de Fraera et des autres personnages dans ces événements ni est pour rien dans leur déclenchement, mais tout s'est malgré tout bel et bien produit. Des tirs d'obus, des mitraillettes, des immeubles démolis par dizaine... l'auteur nous montre ses horreurs depuis l'intérieur.
À part quelques éléments (surtout les passages avec Zoya), j'ai apprécié cette lecture. Cependant, il faut savoir que le ton de Kolyma est bien différent de celui d'Enfant 44. Le suspense y est moins présent et il faut être plus sensible à ces événements historiques et aux horreurs qui se sont passées. Je pense aussi qu'il est bien de ne pas enchaîner directement ce livre après le premier, vu que les deux histoires sont bien distinctes, on peut laisser passer quelques mois sans problème.
Du coup, je pense que je vais lire Agent 6 un de ces quatre. Je me demande bien ce que l'auteur nous réserve, vu qu'il sait se renouveler tout en ancrant bien ses livres dans l'Histoire.