L'Homme global par MrShuffle
C'est un bouquin que m'a offert ma mère. Et d'habitude elle est plutôt classique. Mais là, elle s'est dit, en voyant la couverture (une vue aérienne d'une banlieue avec un centre financier en arrière plan qui pourrait tout aussi bien appartenir à Los Angeles, Mexico ou Johannesburg), le titre et le résumé, que ça irait parfaitement à son géographe de fils. Et comme souvent, parce que c'est pas ma mère pour rien, elle ne s'est pas trompée.
Le bouquin s'ouvre sur les impressions de l'auteur juste après l'incendie de sa maison à Los Angeles où il perd absolument tout. Tous ses souvenirs, ses travaux, ses affaires accumulés pendant quarante ans disparaissent dans les flammes. On va donc le suivre nous raconter sa vie nouvelle, résolument portée sur le futur. Anecdotes, souvenirs, mini-essais improvisés, rencontres, il n'y a absolument aucun fil directeur si ce n'est les titres de chapitres, parfois mensongers, et le bouquin donne parfois l'impression, malgré la documentation, d'avoir été écrit d'une seule traite, comme un journal.
Ce n'est pas un récit de voyage puisque comme il le dit très bien, Pico Iyer n'a plus de maison et il a plus l'impression de vivre dans un terminal d'aéroport. Et tout récit de voyage nécessite un point d'arrivée. Ce n'est pas vraiment un essai, puisque la réflexion est en tout point subjective et qu'elle ne subit aucune contrainte que celle de son auteur qui saute des JO d'Atlanta à la ville-monde de Hong Kong sans aucune logique. Ce n'est pas vraiment une autobiographie, puisque qu'il n'y aucune logique chronologique, ni d'obligations dans les confessions. C'est un récit hybride, qui flirte surement aussi avec un poil de fiction, de la part d'un mec qui a plusieurs identités et des racines extrêmement vastes qui le poussent parfois à se considérer plus comme japonais ou canadien que comme anglais d'origine anglaise (c'est ce qu'il y a inscrit sur son passeport).
Je ne connaissais pas vraiment le type et j'ai depuis appris qu'il était essayiste et romancier et je dois dire que le reste de son œuvre ne m'intéresse absolument pas. Parce que j'aime bien ce petit côté indécis qui l'a pour une fois forcé à ne pas choisir un camp et qui plante un décor très réaliste du monde dans lequel nous vivons. La mondialisation, l'hyper-centralisation, la culture globale, l'économie sans frontière et tant d'autres sujets qui même s'ils ne sont pas étudiés avec une rigueur scientifique sont abordés par le simple point de vue d'un voyageur qui change de passeport tous les six mois pour cause de surcharge de visas. Une chronique de globe-trotter moderne qui parle en miles (bien avant le film de Reitman) et qui regrette de ne connaitre d'une ville que les alentours de l'aéroport.
En résumé, c'est bien.
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