Je pense que Murakami, ou son éditeur, a un vrai talent : celui de choisir les bons titres. En effet, l’idée la plus juste qu’on peut se faire de ce nouveau roman c’est qu’il est fade, sans la moindre saveur, sans la moindre couleur. Est-ce pour autant une marque de médiocrité ? Je dirai que non. Pour la simple raison que, si l’on connait ne serait-ce qu’un peu le style de l’auteur japonais, on se dira facilement que c’est une histoire acceptable, assez banale, que Murakami a déjà racontée des dizaines de fois à quelques variantes près, et que si l'on cherche bien, on y trouvera tous les ingrédients qu’il a toujours mis dans les précédentes. Seulement cela n'empêchera pas un lecteur bienveillant de se laisser emporter par le style efficace, disons, de l'auteur. Tout est bien huilé, les yeux patinent tout seuls sur les pages, du moment qu'on met son sens critique de coté.
Alors pourquoi ça marche moins cette fois ? Justement, la redondance. A force de servir la même soupe on finit par ne plus vouloir y gouter. On la trouvera moins délicieuse, moins délicate, alors que d’autres pourraient très bien l’apprécier.
Bref, l’Incolore Tsukuru est un roman acceptable pour ceux qui n’ont jamais lu Murakami, mais insuffisant pour son public habituel.