Elsa, Eleonoora, Anna, Eeva, Martti : quatre femmes et un homme, trois générations, pour un récit polyphonique magnifique, le premier livre traduit d'une jeune romancière finlandaise, Riikka Pulkkinen : L'armoire des robes oubliées. Un coup de coeur immédiat pour ce roman ample et intime qui tisse entre ses personnages des liens tendres et hostiles dans l'inexorable fuite du temps et l'apprentissage de la mort. L'histoire familiale se construit lentement sous nos yeux au fil d'une narration qui passe d'une femme à une autre, de l'époque contemporaine à la Finlande des années 60, avec plusieurs séjours à Paris, juste avant mai 68. Elsa, rongée par le cancer s'étiole. Anna, sa petite-fille, découvre un secret d'un autre temps, quand sa grand-mère courait le monde sans s'imaginer que son mari, Martti, tombait amoureux d'une autre, Eeva. Secrets, mensonges, transmission, approche de la mort, jeunesse, rébellion, Riikka Pulkkinnen écrit avec la sagesse d'un homme de 70 ans et la fougue de son âge réel, à peine trente ans. Ce qui séduit, dans son roman, n'est pas uniquement l'histoire ou plutôt les histoires qu'elle raconte, mais aussi son style tout en élégance aérienne, cette émotion qu'elle distille avec une pudeur infinie. Le livre est par ailleurs émaillé de descriptions poétiques et parfois oniriques de la nature, en écho aux tourments intérieurs d'hommes et de femmes qui s'épuisent à aimer, à vouloir changer le monde, sans faire suffisamment attention à ne pas blesser les autres. Un roman dense, riche, d'une sérénité douloureuse qui semble avoir tout compris de la complexité de l'âme humaine et de ses passions.

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le 2 févr. 2017

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