Oui vous pouvez osez l'admettre devant votre écran ! La littérature Togolaise vous est inconnue. Elle l'était pour moi aussi jusqu'à il y a peu de temps, avant de découvrir Kossi Efoui. Ecrivain né en 1962, titulaire d'une maîtrise de philosophie, il est plus connu en Afrique pour ses pièces de théâtre qui y sont très populaires. Après avoir publié en 2008 un roman intitulé « Solo d'un revenant » aux éditions acte sud, Efoui revient avec sa nouvelle oeuvre portant le doux nom de « l'ombre des choses à venir ». Le titre annonçant toute la poésie et la mélancolie de ce roman.

Le livre est à l'image de l'auteur, débordant de vie. L'avoir vu en interview parler de son livre m'a donné envie de le lire, il en parlait avec une telle passion et une telle vitalité que ma curiosité en a été piquée. Après cette première lecture, j'ai été assez abasourdit par tant de justesse. Avec un style fluide et poétique, le roman se lit avec facilement même si l'approche peut paraître ardue au début. Si l'on prend la peine de se laisser porter par l'histoire sans chercher à comprendre tout de suite sa finalité alors la magie opère.

Sa plume y est légère tout en abordant un thème grave et sans redondance dans le récit.

Pour mieux comprendre l'œuvre, il faut s'intéresser un minimum à la vie de l'auteur et de son pays : le Togo. Kossi Efoui est un auteur engagé dans un pays où la guerre civile fait rage depuis des décennies. Le pouvoir est détenu génération après génération entre les mains de dictateurs qui oppressent la population par le régime de la terreur.

Dans ce roman, l'auteur raconte l'histoire de quelques Togolais qui ont subit les conséquences de cette guerre, il parle de la résistance, des camps de concentration, de la torture, du choc psychologique de la guerre. Elle est clairement une critique de la colonisation et de l'immigration dans les anciennes colonies Africaines. Chaque personne interprétera, probablement, le récit de manière différente en fonction de sa sensibilité.

Mais l'œuvre est intelligente car elle ne fait jamais aucune référence directe à ces évènements. Il utilise d'habiles métaphores qui résonnent dans l'esprit du lecteur, leurs sens apparaissent au fur et à mesure du récit. On y parle d'une mystérieuse plantation, d'annexion, de libération, des termes énigmatique qui nécessitent de se renseigner sur l'histoire de son pays.

C'est impressionnant à quel point l'histoire intéresse jusqu'à obséder le lecteur tant qu'il n'aura pas fini le livre. Mais pour opposer à ce thème sombre, Efoui distille l'espoir à travers ses mots, en décrivant la vie d'un village Togolais.

Le récit aurait pu être cliché au possible, mais nous sommes en présence d'une œuvre poétique où il raconte l'histoire de la guerre qui déchire les êtres humains. Il ne cite jamais le nom d'un pays ni d'un continent. Cela pourrait être l'histoire de n'importe quel pays d'Afrique ou du Moyen Orient.

Son œuvre est universelle, et si au premier abord le coté mystérieux peut rebuter, une seconde lecture permettra sans aucun doute de savourer la musicalité des mots. Et vous aussi vous sentirez sûrement ce vent de nostalgie qui souffle à travers les pages et qui rend hommage aux victimes de la guerre.
CREAM
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le 11 juil. 2011

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