J’ai croisé l’auteur dans un hall d’hôtel lors du dernier Quais du Polar, je me rendais là pour rencontrer Bernard Minier, quand la délégation islandaise – Lilja Sigurðardóttir, Arnaldur Indridason et Ragnar Jónasson – s’est retrouvée réunie dans l’entrée. Je me suis souvenu à ce moment avoir lu un livre de l’un de ces auteurs, et que je devais penser à en acheter un nouveau. C’est chose faite.


Lilja Sigurðardóttir, Arnaldur Indridason et Ragnar Jónasson
L’histoire commence avec la découverte d’un os humain, de manière fortuite, puisque c’est un étudiant en médecine qui se rend compte que le « jouet » mâchouillé par une charmante petite fille semble être d’origine humaine. L’équipe d’Erlendur est donc mise à contribution sur cette enquête longue, sombre et qui va révéler des secrets enfouis depuis bien longtemps. En parallèle de l’enquête on va suivre une famille, dont la femme est devenue la souffre-douleur d’un mari aussi tendre qu’une porte blindée, ayant vécue au moment de la seconde guerre mondiale. Durant toute l’enquête Erlendur, ne sera pas au moins, il devra affronter la détresse – physique et mentale – de sa fille plongée dans le coma.


La maison sur la colline


L’axe principal de l’intrigue est le devenir de cette famille ayant vécu dans la maison sur la colline. C’est d’ailleurs cette partie du roman qui m’a le plus séduit. On découvre un pan de l’histoire de l’Islande avec les bases anglaises puis américaines, mais surtout on s’attache aux personnages. J’ai plus apprécié ces êtres ressortis du passé que l’inspecteur ou ses équipiers. Je n’ai malheureusement pas accroché – pour ce roman – à Erlendur, je l’ai trouvé trop éprouvé et pas assez incisif dans cette affaire.


Il y a beaucoup de violence qui ressort de cette lecture, celles – physique et morale – que Grimur fait subir à sa femme, à ses enfants, à sa belle-fille. Celle de la vie de la fille d’Erlendur – drogue et cie – qui lui revient en plein visage tel un boomerang. La violence, je dirais la haine de sa femme et en dernier la violence du passé, celui qui vous accompagne, vous pèse, vous fait cauchemarder toute votre vie. Invisible mais pourtant tellement présent. Face à cette violence il y a l’absence de réactions, de solutions et surtout de sanctions.


Y a-t-il quelqu’un pour condamner le meurtre d’une âme , demanda t-elle. Pouvez vous me le dire ? Comment peut-on porter plainte contre un homme parce qu’il a assassiné une âme, est-il possible de le trainer devant un juge et de le faire reconnaître coupable ?
La paternité


Dans ce roman le thème qui ressort aussi le plus est la paternité. D’un côté un homme violent et négligeant envers sa descendance, et d’un autre côté Erlendur qui se retrouve face à face avec ses vieux démons. Il a dû vivre avec l’absence de ses enfants, affronter le peu d’amour, voire la haine qu’ils éprouvent pour lui. Tout en gardant pour lui le secret de son absence. Le dilemme est palpable pour ce héros qui semble totalement perdu. La souffrance est vécue par la famille pour le 1er cas et par le père – Erlendur – dans le second cas. En tant que père on comprend la douleur qu’éprouve Erlendur à voir son enfant souffrir, et là on sort du cadre polar pour entrer dans une dimension plus psychologique du personnage. On finit même par sortir de l’enquête policière pour se concentrer sur l’évolution de cette famille meurtrie.


Le style


Le style est agréable et sombre à la fois. On est mal à l’aise dans la violence exprimée et touché par l’amour paternel et maternel qu’il décrit. Il a le mérite aussi de nous faire découvrir la vie en Islande.


Un roman qui m’a plu mais pas marqué. J’ai surtout accroché à l’histoire de la famille plutôt qu’à l’intrigue. J’ai toutefois envie de lire d’autres romans d’Arnaldur Indridason.

Loic_Tamisier
7
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le 16 juin 2017

Critique lue 160 fois

Loic Tamisier

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