Beau défi que celui de la romancière libanaise Hanan el-Cheikh que celui de réécrire une vingtaine de contes des Mille et une nuits, pour le théâtre d'abord, puis sous forme de livre, ensuite. Pour qui n'a jamais eu le courage de se lancer à l'abordage de cet imposant ouvrage, cette "adaptation", si elle couvre quelques nuits de moins, est une bénédiction et peut se lire ainsi comme un feuilleton échevelé où s'enchaînent les histoires sans temps morts, chacune d'entre elle délivrant une leçon de sagesse et, bien entendu, faisant passer un message au monde arabe d'aujourd'hui, avec une permissivité et un éloge du désir, entre autres, qui réjouissent l'heureux lecteur. Mieux, La maison de Schéhérazade est un ouvrage féministe où ces dames, assez souvent, ridiculisent ces messieurs, dont la lubricité, l'avidité et la cruauté n'ont d'égal qu'un machisme sans remords avant qu'ils ne leur en cuisent. Les hommes en prennent pour leur grade sans que les femmes soient présentées comme des anges de vertu, loin s'en faut, mais c'est un vrai plaisir que de voir les premiers sortir penauds et repentis de la majorité de ces contes. Les récits se succèdent à très grande vitesse, s'enchâssant les uns dans les autres dans une sorte de surenchère pour désigner l'histoire la plus exquise, la plus pittoresque, la plus exotique ou la plus émouvante. Du coup, on délaisse assez vite Schéhérazade pour s'intéresser à d'autres personnages, dont le célèbre calife Haroun al-Rachid, mais qu'importe puisque l'intérêt vient avant tout des mille et une façons de traiter du genre humain et aussi, et peut-être surtout, de la force de la littérature qui fascinera toujours par son pouvoir d'évasion et de liberté. Merveilleux (ah, les djinns !), fantastiques, coquins, caustiques et désopilants, les contes de La maison de Schéhézérade, traduits avec talent, sont un pur délice oriental.

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le 11 janv. 2017

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