Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, je trouve que les maisons d’édition apportent de plus en plus de soin au design de leurs couvertures. En temps normal, je résiste facilement à l’envie d’acheter un bouquin uniquement pour sa couverture, je me contente de l’admirer, passant et repassant devant… sauf cette fois-ci…en ce début de mois d’avril… j’ai lamentablement répondu aux sirènes de la tentation. Le fautif, le dernier Kate Morton, La prisonnière du temps.


J’ai découvert Kate Morton avec Les heures lointaines et on était passé à un chouia du méga coup de cœur. J’avais adoré le style de l’autrice et surtout l’ambiance qui se dégageait du roman. C’est pourquoi je n’ai pas longtemps hésité en voyant en librairie son petit dernier. J’ai été littéralement attirée par sa couverture aux tons rose et bleu, avec ses petites touches « vintage » et son décor « nature ». Rien qu’avec cela, j’étais déjà emportée bien loin de mon deux pièces parisien…Je n’ai pas lu la quatrième de couverture et autant vous dire tant mieux! Là, je tiens à avertir les potentiels futurs lecteurs, ne lisez pas le résumé si vous ne voulez pas trop vous faire spoiler! Sachez uniquement, pour ceux qui ont déjà lu du Kate Morton, qu’elle reprend les grands thèmes et lieux chers à ses yeux, les secrets de famille, les manoirs, le mystère, L’Angleterre…


Malheureusement, le fond n’a pas été à la hauteur de ce que j’espérais. J’aurais tellement voulu refermer ce roman en disant « Wouah, encore un excellent Kate Morton! ». Et bien non, pas cette fois-ci. Je l’ai trouvé bien en deçà Des heures lointaines et je vais brièvement vous en expliquer la raison.


Ma lecture commençait pourtant sous les bons auspices. J’ai retrouvé dans la première partie du roman (qui en compte quatre) quelques uns des éléments qui m’avaient fait apprécié cette autrice. Une ambiance feutrée, le mystère qui entoure les personnages et les lieux, de vieux objets, un vieux manoir, la campagne de l’Angleterre victorienne, Londres de Charles Dickens, une palette d’artistes passionnés par leur art. Kate Morton laisse tout doucement et avec subtilité, le lecteur pousser la porte des secrets qui entourent ses personnages… Je me suis sentie « enveloppée » dans un doux cocon chaleureux qui sent bon le vieux cuir, le vieux papier, la poussière. Pour donner une image, imaginez vous dans une bibliothèque d’antan remplie de vieux ouvrages, installé dans un bon gros fauteuil confortable avec un livre dans la main et une couverture sur les genoux… Pas mal non?


Toutefois le plaisir de lecture s’est arrêté là pour moi. Il faut savoir que l’entièreté du roman est construit sur un jeu passé-présent très important pour comprendre l’intrigue initiale et le comportement des différents personnages. Et ma foi, ce jeu passé-présent m’a complètement perdue… Je n’ai jamais réussi à rentrer pleinement dans l’histoire et à m’attacher aux personnages. On saute de 2017 à 1882, à 1928, à 1862, on revient à 2017… C’est surtout une impression de fouillis qui se dégage de ce découpage temporelle. Cela ne m’a pas aidé à comprendre l’intrigue bien au contraire. Au final, quand j’ai refermé le livre, je me suis rendue compte que beaucoup de questions étaient sans réponse et que le gros secret qui entoure cette histoire est bien futile…Tout ça pour ça??? La fin est vite expédiée, un peu comme l’impression que Kate Morton ne savait pas comment terminer son roman… Et puis pour certains personnages, on reste dans l’esquisse… Que devient Jack? Quant est-il de sa relation avec sa femme et ses deux filles? Bref, comme je le disais, pleins de questions sans réponse et ceci n’est qu’un exemple. Pour finir, je m’adresse à ceux qui ont lu le roman, dites moi, ce qui arrive à Lily Millington, le drame qui cause sa perte, vous ne trouvez pas qu’il aurait pu être évité? Si une « certaine personne » (par peur de spoiler je ne peux révéler le nom de ce personnage) été intervenue bien avant, ce drame n’aurait pas eu lieu non? Je trouve la réaction de cette personne un peu étrange… dans la réalité je ne pense pas que quiconque se comporte ainsi… Je suis très curieuse d’avoir les impressions des autres lecteurs…


Bien que Kate Morton revienne avec un roman qui reprend un thème et une ambiance que j’aime particulièrement retrouver en littérature, le secret de famille sous fond d’ambiance gothique, je n’ai malheureusement pas été convaincue par La prisonnière du temps. Un jeu temporel passé-présent complexe, la faiblesse du dénouement de l’intrigue, l’inutilité de certains personnages et parfois leur manque de substance, des questions sans réponse m’ont empêché de rentrer pleinement dans l’histoire et de m’intégrer à cette bande d’artistes à Birchwood Manor.

JessicaDubreucq
7
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le 12 mai 2019

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