Je cherchais un récit dont le sujet ou un des thèmes principaux serait une maison, un manoir, mystérieux de surcroît avec à la clé une énigme, un secret bien gardé… J’avoue être passionnée, non… obsédée est plus juste, par les manoirs, les châtelets, les maisons biscornues et énigmatiques, et pour citer Kate Morton « une maison singulière, bâtie, semble-t-il pour semer le doute dans les esprits« … Et me voilà par un curieux hasard avec ce livre dans les mains, qui pour tout dire, n’entre pas dans ma catégorie de prédilection (roman noir et thriller). Je suis une fois de plus ravie d’être sortie de mes habitudes livresques.


La plume prolixe de Kate Morton nous entraîne avec délectation dans un voyage temporel très maîtrisé : le récit couvre plus d’un siècle et demi et alterne les différentes époques avec une facilité déconcertante. Au prix d’un petit effort de concentration, le lecteur évitera de se perdre dans les couloirs temps et suivra le déroulement du récit comme s’il descendait tranquillement le cours de la Tamise si présente en toile de fond de ce roman.


« La Prisonnière du Temps » est une histoire complexe qui se déploie donc sur un siècle et demi, de 1862 à 2017 en Angleterre. Aux extrémités de cette fresque, nous suivons deux héroïnes lumineuses et bien campées dont les destins vont finalement se rejoindre.


Une jeune archiviste, Elodie Winslow ancre ce roman dans notre XXIème siècle. Délaissant les préparatifs d’un mariage pour lequel elle n’a plus de conviction, Elodie préfère se consacrer à deux objets retrouvés dans une sacoche : le portrait fascinant d’une jeune femme en tenue victorienne, et un croquis contenant le dessin d’une propriété qui lui semble étrangement familière. Convaincue que cette demeure est liée à son propre passé, elle n’aura de cesse de vouloir découvrir l’origine de ces deux objets.


En 1862, la muse et maîtresse d’un jeune artiste déjà reconnu nommé Edward Radcliffe, une jeune femme connu sous le nom de Lily Millington possède une beauté fulgurante qui ne laisse personne indifférent, mais dont le lourd passé lui impose de taire sa véritable identité. Edward l’invite en compagnie d’ un groupe de jeunes artistes prometteurs à passer un été dans sa propriété familiale de Birchwood Manor, une demeure isolée, logée sur les bords de la Tamise. Mais « comme personne ne s’intéresse aux étés sereins et joyeux qui finissent comme ils ont commencé« , Kate Morton va imaginer pour cette jeune femme un destin des plus sombres.


C’est à partir des portraits de ces deux héroïnes que Kate Morton déroule son intrigue, remontant le temps avec une pléiade de personnages, certains secondaires et d’autres qui accaparent le devant de la scène et dont les destins sont méticuleusement décortiqués. Leurs trajectoires, comme les multiples pièces d’un puzzle sont imbriquées les unes dans les autres et forment une boucle qui se referme à la fin du récit. Divers thèmes délicats sont traités d’une façon subtile et douce comme le décès d’un proche et le temps qui passe de façon inéluctable.


Cette lecture inhabituelle fut pour moi une belle découverte, j’ai apprécié me plonger dans cette fresque historique autour d’un lieu envoûtant comme je les aime.

loeilnoir
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le 15 avr. 2020

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