Un bateau qui arrive en retard au port et un tain manqué conduisent un allemand à déambuler un soir dans une ville portuaire française. Une ville qu’il ne connaît pas et dans laquelle il erre au hasard pour tuer le temps.

Un chant dans sa langue maternelle le tire tout à coup de sa torpeur. Il se met à chercher d’où elle provient et finit par entrer dans une taverne obscure. Il s’installe, commande un verre et une prostituée vient s’asseoir auprès de lui quand un homme entre, la tête basse. L’homme est visiblement connu de la « demoiselle » et de la tenancière. Toutes deux se montrent cruelles et prennent plaisir à l’humilier.

La coupe fut rapidement pleine pour notre voyageur qui s’échappa de cette ambiance délétère. Dehors, il retrouva l’homme qui lui conta son histoire. La prostituée a été sa femme dans une autre vie. Mais par son comportement odieux envers elle, il la perdit irrémédiablement : elle s’enfuit. Il consacra sa fortune à la rechercher et à la retrouver sans cesse.

Tout comme Amok ou le joueur d’échec, la ruelle au clair de lune est une nouvelle histoire d’addiction. L’addiction à l’amour, au jeu… L’addiction et ses conséquences sur la destinée du malade, la folie qui s’empare de tout son être, le poussant à accepter l’inacceptable, à endurer le ridicule, les moqueries, la cruauté, l’avilissement. Zweig est un maître du genre. Ses personnages sont criants de vérités, toujours d’une grande justesse et sont invariablement torturés à l’extrême. On peine à croire qu’on puisse jamais supporter de tels sorts.
BibliOrnitho
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le 11 févr. 2013

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