En voilà un beau et bon livre, un roman historique, en apparence, mais dont le caractère actuel, au coeur du Moyen-Orient, est d'une troublante évidence. Ali al-Muqri, dans Le beau juif, raconte une histoire romantique et nous donne une leçon de tolérance, dans le Yémen du XVIIe siècle. Un conte oriental, cruel et suave à la fois, comme tiré des Mille et une nuits. Un amour condamné d'avance entre une musulmane et un juif dont le destin dramatique ne s'arrêtera pas à leur disparition. Leur fils sera rejeté par les deux communautés, leurs tombes feront des allers et retours entre les cimetières musulman et juif, sans que jamais elles ne puissent être réunies. L'auteur manie l'ironie et la verve caustique avec dextérité pour narrer l'absurde des situations, qui prêteraient à rire si elles n'étaient pas tragiques et symboliques d'un fanatisme sans bornes d'un côté comme de l'autre. Il y a des passages magnifiques dans Le beau juif, quand les deux amoureux apprennent mutuellement la langue de l'autre et se confient des livres sous le manteau. Le garçon juif lit le Coran en arabe, la jeune musulmane dévore les histoires juives, en hébreu, que son aimé lui transmet. La langue d'al-Muqri est souple, légère et nous emporte sur son tapis volant. 150 pages d'enchantement.

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le 11 janv. 2017

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