Einstein a dit : "deux choses sont infinies: l'univers et la bêtise humaine, en ce qui concerne l'univers, je n'en ai pas acquis la certitude absolue". Je partage assez bien cette allégation mais j'ajouterais également la cruauté humaine (bêtise étant un euphémisme). Il est assez effroyable de constater le génie humain dans sa capacité à faire souffrir un congénère.
Nous connaissons les horreurs qu'a pu engendrer le nazisme en termes de tortures physiques mais ce que nous connaissons moins ce sont les pratiques de tortures psychologiques. C'est justement, le thème de cette dernière nouvelle écrite par Zweig avant sa mort.
Dans ce livre, nous y retrouvons un style direct, simple presque mécanique sans être froid. A l'instar d'un Dostoïevski dans Crime et Châtiment, nous ressentons la pression des geôliers nazis dans leur passivité et la lente descente dans la folie. Couper un humain de tout stimulus en dehors d'interrogatoire conduit à un ressassement permanent et à un ennui cérébral menant à la folie. La chance du protagoniste de trouver un livre d'échecs lui permet d'échapper au cercle des interrogatoires mais pas de la folie. Il démontre tout le génie humain lorsque celui-ci est poussé à l'extrême. Ceci nous montre tout l'intérêt que Zweig portait sur les théories de Freud en ce qui concerne le pouvoir de la psyché humaine.
J'ai choisi cette nouvelle pour découvrir Zweig et nul doute que j'y retournerai pour me délecter du style littéraire assez remarquable.