J'avais déjà par le passé lu l’Île Mystérieuse et une bonne partie de Vingt Mille Lieues sous les mers, les deux ayant été une énorme claque, ainsi que quelques nouvelles qui pour la plupart m'avaient un peu laissé sur ma faim. Et là on est un peu dans la même situation.
Dans l'ensemble, ça se lit bien, surtout que le bouquin est pas très long. Très rapidement j'ai accroché au personnage de Phileas Fogg. C'est d'ailleurs vraiment quelque chose que j'adore chez Verne pour l'instant, cette capacité à créer des personnalités très extravagantes, reposant sur quelques aspects clés seulement (ici pour Fogg le côté calculateur de l'extrême, qui prévoit tout, qui semble quasiment dénué de tout sentiment humain, et pour Vingt Mille Lieues sous les mers le Capitaine Némo et le fait qu'il possède une quasi science infuse, l'incarnation de l'idéal de l'autonomie ), et qui les rendent de fait extrêmement fascinantes, et attachantes. L'espèce de tension latente avec le détective qui veut absolument coffrer Fogg (ce qui donne souvent des situations assez amusantes) donne bien envie de faire défiler les pages, même si on se doute de l'issue. Enfin, certains moments clés de l'intrigue étaient très agréables à suivre, comme lorsque l'équipe essaie de sauver la femme indienne. Après pour le reste...
Les retournements de situations à à tire-larigot sont assez fatiguant à la longue. Surtout à la toute fin, où très honnêtement, ça prête juste à rire tellement ça paraît inconcevable. Phileas Fogg qui est passionnant au début devient, passé un cap, juste plat. On passe d'un quasi automate à un personnage héroïque et presque empathique sans trop de raisons apparentes. Sa relation avec Passe-Partout (protagoniste auquel je n'ai jamais trop réussi à m'attacher, et qui semble être là juste pour créer des rebondissements dans l'histoire) ne décolle jamais réellement. On reste à un niveau assez élémentaire d'attachement progressif de PP à Fogg, mais c'est tout. Certains passages sont juste désagréables à lire, tellement ils semblent s'étirer à l'infini. Les longues descriptions souvent ampoulées d'éléments historiques qui montrent juste que Verne a fait des recherches sur son sujet, n'y aident pas non plus. Mention spéciale pour l'arrivée en Amérique.
Et la morale de fin, à base de "C'est pas l'issu du voyage qui compte, mais le voyage en lui-même"... C'est toujours un peu compliqué de dire qu'une idée est vue et revue lorsqu'il s'agit d'un ouvrage publié il y a une bonne centaine d'année, mais je reste assez persuadé que c'était loin d'être novateur pour l'époque, même si j'aimerais me tromper.
Au final, oui, dans l'ensemble, c'était pas très palpitant. J'en attendais peut-être un peu plus après l’Île mystérieuse. Ce qui m'interroge pas mal, c'est que le Tour du monde en 80 jours est souvent cité comme un ouvrage phare de Verne, alors que il est clairement loin d'être marquant comparé à d'autres. Probablement pour la marque qu'il a laissé sur l'imaginaire, et les représentations du monde pour son époque. En tout cas, aujourd'hui, je pense que c'est une lecture assez dispensable. Même si le Phileas Fogg du début est juste trop cool.