VENTRE et PARIS. Ces deux mots résument parfaitement ce roman : d'un côté le ventre, la nourriture, qui semble déborder de ces halles gavées, regorgeant de marchandises, de ripailles, de sang, d'odeurs, d'étals, de bouffe, quoi ! ; de l'autre, Paris, son peuple en pleine évolution, avec l'étalage de la bourgeoisie, le commerce en plein essor, les rentiers, le combat des "gras" et des "maigres" et une sourde révolution qui couve dans les arrière-salles des cafés... Avec ces deux aspects, Zola construit un roman forcément brillant !


Le premier chapitre est saisissant par sa surenchère marchande : provisions et vendeurs affluent aux halles, ce début de roman subjugue par ses descriptions grandioses et délicieusement interminables des légumes qui s'étalent et semblent s'épanouir sous nos yeux. Ensuite, on découvre le nœud de l'intrigue, la vie de ce quartier, ce microcosme marchand et petit-bourgeois, dans lequel débarque l'ex-bagnard Florent... Et là, les portraits humains le disputent aux portraits potagers ! Les personnages aussi semblent déborder de leurs étals, pleins de couleurs, avec des rouges et des verts éclatants...


L'histoire se tisse presque toute seule, la tension monte mine de rien, et encore des descriptions, de petites gens, de mauvaises personnes, ou bien pas si mauvaises que cela, juste humaines en somme... Et toujours cette bouffe, partout, tout le temps...


Au final, un roman que l'on lit comme on dévorerait l'étal des yeux, avec le léger écœurement des odeurs de charcuterie, mais aussi la fascination pour le trop-plein, le gras, l'abondance.


Après cette lecture, je me dis que décidément, Zola c'est quelque chose ! Le (re)lire, c'est comme se glisser sous un édredon chaud chez les grands-parents, quelque chose de connu, d'immuable et de toujours surprenant de perfection. Des moments où je me dis qu'il faudra vraiment que je les lise tous, ces Rougon-Maquard, dans ma vie !

Nadouch03
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le 4 sept. 2016

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