« L’homme est une ressource comme une autre. Seul compte le dieu Argent. »

Contraints par l’impérieuse nécessité de créer du spectacle et de l’opposition, les médias, fussent-il chrétiens, caricaturent allègrement la curie, opposant le good cop (Jean-Paul II, François) au bad cop (Ratzinger ou Sarah). Robert Sarah est le méchant de service. Bien que Guinéen, il déplore l’exode africain, fustige le relâchement de nos mœurs et le politiquement correct. Ce papabile « conservateur » est insupportable.


Si l’on peut déplorer que, comme pour se dédouaner, il accumule les trop longues citations, avouons que sa pensée sait se faire tranchante.


1 – L’Occident court à sa perte. Quand l’Église défend la vie des enfants à naître et la dignité des mourants, quand elle déclare la nocivité du divorce, les dangers du gender et du transhumanisme, elle se fait servante de l’humanité et protectrice de la civilisation. Seule différence avec la chute de Rome, les barbares ne sont plus aux portes de la cité, mais au gouvernement.


2 – Notre monde est païen, nos dieux naissent et meurent en fonction de nos intérêts. Nos idoles sont l’argent, le pouvoir et le plaisir. Nous plaçons les livres de spiritualité au rayon « Développement personnel » de nos librairies, réduisant Dieu à un outil d‘épanouissement et de satisfaction personnelle.


3 – L’Europe est frappé d’acédie. Notre âme ne cherche plus Dieu. Elle cherche le bonheur ailleurs, dans tout plutôt que dans Dieu. Cette tristesse spirituelle génère torpeur, aigreur et fuite dans l’agitation. Pascal : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. (…) Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. »


4 – L’Église n’est pas une institution humaine, mais l’épouse du Christ. Ne cherchons pas à la réformer par des conciles et des organigrammes, mais par nos propres conversions. Les théologiens n’ont pas à s’adapter aux mœurs et aux attentes du temps ; leur mission est de traduire, avec des mots nouveaux, la parole du Christ dans le respect de la tradition biblique et chrétienne.


5 – « Le fait de refuser à Dieu la possibilité de faire irruption dans tous les aspects de la vie humaine revient à condamner l’homme à la sa solitude. Il n’est plus qu’un individu isolé, sans origine ni destin. Il se retrouve condamné à errer dans le monde comme un barbare nomade, sans avoir qu’il est fils et héritier d’un Père qui l’a créé par amour et l’appelle à partager son bonheur éternel. C’est une profonde erreur de croire que Dieu viendrait limiter et frustrer notre liberté. Dieu vient nous libérer de notre solitude et donner sens à notre liberté. L’homme moderne s’est rendu lui-même prisonnier d’une raison si autonome qu’elle en est devenue solitaire et autiste. »


6 – On a convaincu nos contemporains que pour être libre, il ne fallait ne dépendre de personne. Quelle tragique erreur ! L’homme moderne refuse toute relation durable, il renie père et mère, qu’y gagne-t-il ? Solitude et peur. Notre liberté s’épanouit en acceptant de dépendre par amour.


7 – Foi et religiosité sont inséparables. « À la racine de cette attitude, il y a une théologie d’inspiration protestante qui vise à opposer la « foi » et la religiosité. L’attitude sacrée, la crainte religieuse seraient des éléments profanes et païens dont il faudrait purifier la foi chrétienne. On voudrait faire du christianisme un contact tout intérieur avec Dieu, sans traduction concrète dans la vie. Le christianisme devient gnose. Ce mouvement a pour effet d’abandonner toutes les réalités humaines à elles-mêmes, à leur côté profane et fermé à Dieu. Cette gnose se mue en « pélagianisme » et en athéisme pratique. »`


8 – « Une fausse conception du bien, remplacé par le devoir, engendre des théories erronées comme le conséquentialisme. Selon ce système, rien en soi n’est bon ou mauvais, la bonté d’un acte dépend uniquement de sa fin et de ses conséquences prévisibles. La fin justifie alors les moyens. Il existe une forme américaine de conséquentialisme modéré, le proportionnalisme, où la moralité d’une action découle du calcul de la proportion de bien et de mal que le sujet y voit impliqués. »


« Les circonstances ou les intentions ne transformeront jamais un acte intrinsèquement mauvais de par son objet en acte « subjectivement » bon ou défendable comme choix. » Veritatis splendor.


9 – « Plus la société marchande et mondialisée devient dure et répressive en imposant les lois du marché ; plus les hommes tentent de se prouver qu’ils demeurent libres en transgressant l’héritage de la loi naturelle et en refusant toute notion de nature reçue. Mais une telle logique est une impasse qui conduit à la haine de soi et à l’autodestruction dont l’idéologie du gender et le transhumanisme sont les derniers avatars. »


10 – « (…) je crois que si l’euthanasie est aujourd’hui en débat, c’est que nous les bien-portants ne supportons plus la présence des malades et des souffrants. Ils sont des mendiants de notre amour et de notre compassion. Nous n’avons pas le courage d’affronter leur regard. »


11 – Formez-vous : « Il faut avoir le courage et la détermination d’acquérir la connaissances des vérités fondamentales du Credo de la foi catholique. Pourquoi de nombreux catholiques devraient-ils s’accommoder d’une piété analphabète, sans arguments, d’une religion réglée sur des spasmes émotionnels, sentimentale, d’une morale aveugle privée de l’assise d’une doctrine solide ? »


12 – Sa critique des démocraties postmodernes, des « totalitarismes mous », est violente, Je simplifie son propos : afin de créer des consommateurs indifférenciés, le capitalisme prive les hommes de leurs croyances et de leur morale. Sous prétexte de fausse morale démocratique, il détruit des États, Irak, Libye ou RDC, pille leurs richesses, vouant leurs populations à l’exil.


Prière et courage. Thomas Stearns Eliot : « Dans un monde de fugitifs, celui qui prend la direction opposée aura l’air d’un déserteur. »

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le 15 août 2019

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Step de Boisse

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