Si "Le bossu" est le roman le plus connu de Paul Féval, "Les habits noirs" sont assurément son grand oeuvre.


Les habits noirs, c'est la tenue par laquelle on reconnait les hommes de la haute société de l'époque.
L'affaire des habits noirs est un procès qui eut lieu en 1825 qui impliquait de hauts personnages dans des activités criminelles multiples. Parmi eux se trouvait un certain Vidocq qui fut envoyé au bagne.
Les habits noirs de Féval sont une société secrète criminelle mafieuse. C'est sans doute le premier roman qui fait intervenir une mafia. Le grand maître, "Le père à tous", ou "Maître de la Merci", héritier du "moine fou", Fra Diavolo représente une figure à tout le moins méphistophélique.


Ces seigneurs du crime ont mis au point une méthode qu'ils appellent "la mécanique" qui consiste à trouver un coupable à fournir à la justice avant de perpétrer un méfait.
Mais la mécanique peut aussi s'appliquer au procédé de Paul Féval qui orchestre un véritable système d'horlogerie où tous les évènements, tous les personnages qui changent de vie et d'identité s'imbriquent avec une précision extraordinaire dans un univers fait de romans dans le roman tout au long d'un feuilleton qui a su maintenir des milliers de lecteurs en haleine pendant plus de trente ans, d'abord dans "Le constitutionnel", puis dans d'autres journaux.


En intégrant dans son histoire des évènements historiques et des faits divers réels, il a sans doute donné à ses lecteurs l'impression de jeter un oeil derrière le décor, d'entrevoir les vérités cachées de la société. Cela contribue certainement, mais ne suffit pas à expliquer l'immense succès des romans lors de leur publication de 1863 pour le premier "Le brassard ciselé" à 1875 pour le huitième "La bande Cadet".
Les raisons du succès sont multiples. Il s'agit d'une histoire de vengeance au long cours (trente ans de la vie d'André Maynotte" et des autres protagonistes. C'était la clef du succès à cette époque. Cela valut à Féval d'être accusé de plagier "Le comte de Monte-Cristo". En fait de très nombreux feuilletons de l'époque sont bâtis sur ce canevas, à commencer par "Le bossu".
Mais c'est surtout l'incroyable complexité de l'intrigue avec ses sous-intrigues qui semblent se disperser pour finalement tisser une trame unique qui converge vers le dénouement qui maintient le lecteur dans le suspens.
C'est pourquoi François Le Lionnais dit: « C'est le plus intelligent de tous les romans criminels que j'aie jamais lus ».


Je suis plus réservé. La forme en feuilleton d'abord, publié sur des décennies oblige l'auteur à faire de nombreux rappels des intrigues précédentes pour ne pas perdre le lecteur. Les huit romans qui doivent pouvoir se lire séparément obligent aussi à des rappels de l'historique.
Pour le lecteur actuel qui peut acheter d'un coup toute la saga (prévoir un sac à dos), cela donne une forme redondante au récit, déjà très lourd du fait de sa richesse.
De plus, nous avons tous lu depuis de nombreuses intrigues mafieuses beaucoup plus féroces qui peuvent faire paraître celle-ci assez naïve.


Il reste une peinture de la Société du XIXème siècle très fidèle dans ses détails et une intrigue exceptionnelle.

-Marc-
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le 13 sept. 2018

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-Marc-

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