Un père avait un rêve. Une famille nombreuse et des fils aux destins prestigieux. L'un serait médecin, l'autre avocat, puis il y aurait un ingénieur et un soldat. Il n'avait que faire d'être la risée d'Akure.
Ses enfants recevraient une bonne éducation, ils seraient sa fierté. Et c'est à tout ça qu'il pensait lorsqu'il accepta une mutation qui le forcerait quelque temps à vivre loin de sa famille.
Il ne réalisait pas la charge quotidienne qu'il laissait à sa femme. Il ne réalisait pas l'impact sur ses quatre fils aînés : Ikenna, Boja, Obembe et Benjamin.
Lorsque Benjamin repense au départ de son père, il voit les derniers jours lumineux de sa famille. Le lien viscéral avec ses frères aînés. Un sentiment d'être une part de quelque chose d'indestructible. Au delà de la carte des rêves de leur père.
Ce départ rime aussi avec la découverte d'une forme de liberté qu'ils explorent à quatre. Entre eux et les autres enfants du quartier se tissent des relations faites d'affrontements ou de camaraderie. À leur contact de nouvelles idées germent. Et s'ils devenaient pêcheurs?
Ils investissent leur argent de poche dans de belles cannes à pêche qu'ils étrennent sur les berges de l'Omi-Ala, fleuve maudit, près duquel ils ne tardent pas à tomber sur Abulu le fou. Abulu qui possède des pouvoirs. Abulu qui énonce les malheurs à venir. Abulu qui prédit la mort d'Ikenna des mains d'un pêcheur.
Est-ce une malédiction jetée par un puissant sorcier ? Est-ce une vision du Destin offerte à un prophète ? Ou un poison de mots qui lentement s'infiltre dans les consciences, distille la peur, la paranoïa et, par elles, trace les routes qui mènent aux conséquences annoncées.
C'est l'histoire d'une blessure avant même qu'elle ne se produise. C'est la fébrilité de l'espoir et la folie de la vie. C'est aussi les choses auxquelles on s'accroche pour rester debout. Les croyances et ce qu'elles peuvent provoquer en bien comme en mal. Captivant, de bout en bout.