Une maman écrit une lettre à sa fille assassinée par un barbare, nombreux dans nos quartiers.

La veille de mourir, elle courait et jouait avec un grand lévrier afghan, chantait avec un ami et riait avec sa mère.

Je suis tombé récemment sur ce livre sur une étagère libre-service (exceptionnellement, je n'avais pas de livre à laisser en échange). Je l'ai commencé et ne me suis pas arrêté.

Un des livres les plus tristes et émouvants que j'ai lus.

Très visuel.

Très universel même si concerne un cas très médiatique.

Si juste 1% du livre est véridique, ça reste accablant pour l'accusé.

Il l'a cognée, elle s'est écroulée, il l'a allongée sur leur lit, et en a cachée son visage avec une serviette, n'a pas appelé de secours.

Quand le frère de la cognée est venu, il a aperçu sa soeur dormir dans l'obscurité,

le cogneur poète l'a distrait et lui a longtemps parlé dans la pièce d'à côté;

c'est qu'une fois que le cogneur moulin à paroles se calme, mentionne finalement des détails sur leur dispute que le frère va revoir sa soeur et découvre puis soulève le torchon de son visage...

et ce qu'il voit le fait appeler de suite les secours, immédiatement, via la réception de l'hôtel, pendant que le cogneur chanteur tente encore de minimiser et doutant qu'appeler des secours est la meilleure chose à faire?

Le cogneur de gauche pacifiste donneur de leçon se révèle macho viriliste de mauvaise foi à jet privé prêt à décoller.

Sa victime se révèle ne pas être "tombée sur le radiateur" mais avoir été "rouée de coup".


Un livre très touchant.

Sur le fond, basiquement, il n'y a pas débat.

Bouleversant.

Je sais que ce sont des mots 'clichés' mais je n'ai pas le talent d'en trouver d'autres.

Ce n'est pas un essai, un reportage journalistique mais une sorte de lettre écrite dans les mois suivant la mort de son enfant.

Le meilleur et pas du tout le plus triste n'est étrangement pas la partie sur le meurtre.

Pour moi, ça n'a étrangement pas été le pire. C'est sans doute impossible de re créer et partager ces semaines là.

Le meilleur et la partie la plus triste et touchante à la fois, est celle sur la biographie de la morte.

Avant son extermination.

Sa mère se remémore les moments légers: ça devient alors pour moi des courts métrages.

Par exemple, elle liste des extraits de petits mots écrits par sa fille: le livre a des reproductions de ces bouts de papier que nous-mêmes, nous ne jetons pas.


Plein de conseils en passant, en filigrane: sa fille avait changé.

Elles n'en avaient pas parlé.

Des indices precogs lui reviennent.

Qui sont de de bons conseils indirects aux lecteurs, amis et membres de famille.

Wladimir Yordanoff mentionne des cris et en avait parlé mais la victime dit que c'était rien.

Lio, cognée rescapé, a témoigné du processus d'emprise: invitant la maman à ne pas se sentir coupable.


Mes moments les plus 'durs' sont les descriptions des jours où elle a donné naissance à ses enfants: souvenirs, circonstances et infos forment un vrai film. La perte devient la notre.

Le moment où la victime donnait le biberon à la fille du tueur.



Sixième sens:
_ça va ma chérie
_mais oui maman
_tu es sûre
_évidemment, j'en suis sûre
_mais tu n'as pas ta voix
_je dormais
_ah bon: c'est marrant, moi aussi . J'ai fait un cauchemar. Tu avais besoin de moi...c'est pour ça , tu comprends
"Un an plus tard (nous chantions ensemble faux) quand soudain, tu m'as rappelé ce coup de fil à Rome:
_tu te souviens
_oui, bien sûr. Pourquoi, ça n'allait pas, ce jour là?
_ça allait très bien, au contraire. Je venais de faire l'amour pour la première fois quand le téléphone a sonné.

On la retrouve confier sa première fois avec un amoureux dans un lit à Rome. Un tennisman.

Sa mère a des kilomètres de là, à Paris, avait alors eu envie de lui téléphoner à ce moment là précis.

Elle venait de faire un cauchemar, ma fille "a besoin de moi", c'était en 1980 et documenté dans l'histoire de la famille avant le meurtre.

Sa fillle était sur le tournage de La terrasse d'Etore Scola (typographié "Etorre Scolla" dans le livre) où elle est figurante derrière son père Jean-Louis Trintignant.



Dans l'avion la rapatriant, Dominique Besnehard est vu à genoux, les mains jointes, priant pour elle à ses côtés.

En négatif, je me suis perdu dans tous les prénoms cités , sans doute car je ne suis pas assez people, n'ai pas assez bonne mémoire, donc je ne savais plus trop parfois de qui elle parlait.

En négatif, elles ont un jour nourri des chèvres avec des mégots (sic).

En négatif, je me demande s'ils ne lui ont pas trop parlée quand elle était dans le coma et son cerveau cherchait peut-être à récupérer et réunir ses forces? Sachant qu'en plus, Lambert Wilson lui a chanté sans arrêt. Ne l'aurait-il pas achevée? même si ce sont "tes chansons": "De Haendel aux escaliers de la butte, il a chanté tout le temps qu'il te restait à vivre".

Les Semprun sont venu. Higelin aussi.

On apprend et visualise qu'elle voulait écrire et mettre en scène comme "Maria de Medeiros quand elle a fait La révolte des Oeillets/Capitaines d'avril".

On apprend qu'elle avait laissé des mots admiratifs à des actrices, possible futures partenaires, notamment ma Dominique Blanc "ayant peur en province de son troisième tournage".

Ces rêves éveillés dystopiques sont des passages émouvants: faisant comprendre des démarches à la Quentin Tarantino de mettre en scène la survie de Sharon Tate massacrée aussi par un pseudo minable artiste.


Je reconnais que comme cinéphile débutant et alors quasi puceau, j'aimais les films avec Marie Trintignant dont la mort avec celle de ...Philippe Noiret sont les premières morts de gens célèbres pour lesquelles j'ai été secrètement en deuil...secrètement car comme plouc de province, j'avais honte d'éprouver un deuil pour de riches inconnus, peut-être loin d'être parfaits.

Mais factuellement, leur mort m'a fait de la peine. Alors que j'ai quand même traversé pire. Mais c'est comme ça; une main invisible sert mon coeur et sort par le plexus quand je croisais une photo aussi de Marie Trintignant.


Je l'ai vue en salle sur énorme écran, quasi au premier rang, entre autres dans :

https://www.senscritique.com/film/cible_emouvante/361755 1993

https://www.senscritique.com/film/Les_Apprentis/424138 1995

https://www.senscritique.com/film/Comme_elle_respire/463866 1998

https://www.senscritique.com/film/Betty/480380 1992

tuée notre été 2003.

PierreAmo
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le 15 juin 2022

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