"L'amour n'est en ce sens que l'ivresse saccageuse de sentir la faiblesse d'une autre chair céder sous la fureur dominatrice de la nôtre... Ce qu'on aimerait alors dans l'amour comme en toute autre chasse, ce serait de sentir notre propre vie en annexer une autre, sans qu'il y ait si plaintive volonté qui ne doive plier sous la nôtre... "
Dans cet essai très accessible, à cheval entre esthétique et littérature, le philosophe Nicolas Grimaldi explore le sentiment amoureux à travers la littérature : s'appuyant principalement sur" Adolphe" de Benjamin Constant et les romans de Simenon, il évoque aussi la cristallisation stendhalienne ainsi que Proust et Quignard, tentant de démythifier cette émotion aussi universelle que mystérieuse à travers quelques figures littéraires. Car le paradoxe de l'amour est de nous rendre unique la plus banale des personnes ; croyant tromper l'ennui et la solitude, nous désirons de manière irrépressible quelqu'un malgré les défauts que nous lui connaissons ; sans raison donc. Enfin il compare l'amour à un ravissement religieux, car si l'amour nous semble naturel, son expérience nous entraîne souvent au-delà des contingences de notre existence même, car il est intrinsèquement lié à l'attente...
L'auteur n'énonce aucun dogme, mais propose au lecteur une pluralité d'interprétations mâtinées d'une inquiétude toute contemporaine. Une belle découverte.

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le 29 janv. 2020

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