Au même niveau

Mon histoire par Claude Monet, en réalité une sorte d’interview améliorée accordée à un journaliste du Temps, alors que le peintre a soixante ans, intéressera sans doute les spécialistes de Monet, au nombre desquels je ne compte pas. Je n’ai rien contre Monet, hein, c’est juste que sa peinture me laisse absolument froid, comme l’ensemble de la production impressionniste d’ailleurs. (Ne pas lire ceci comme une variation autour du thème Ma grand-mère peut peindre ça.)
Rien d’éblouissant en termes de style littéraire, ce qu’on ne saurait certes reprocher à un peintre. Quant au contenu, il ne semble guère différent de ce qu’ont écrit ou auraient pu écrire, dans leurs mémoires, quelques centaines de peintres, écrivains, sculpteurs ou photographes autour de 1900. Ainsi, à propos des rencontres entre artistes : « Rien de plus intéressant que ces causeries, avec leur choc d’opinions perpétuel. On s’y tenait l’esprit en haleine, on s’y encourageait avec la recherche désintéressée et sincère, on y faisait des provisions d’enthousiasme qui, pendant des semaines et des semaines, vous soutenaient jusqu’à la mise en forme définitive de l’idée. On en sortait toujours mieux trempé, la volonté plus ferme, la pensée plus nette et plus claire » (p. 22-3).
Oui, la vie de bohème, l’amour de l’Art, tout ça – il manque juste les grelottements sous les mansardes et les déclarations à la Muse… C’est drôle comme avec l’âge, les artistes d’avant-garde racontent tous la même chose autour du bon vieux temps, et se mettent au niveau des suiveurs les plus plats.