Une jolie balade sur la Costa Del Sol

Petites Infamies de Carmen Posadas est un agréable exercice littéraire de style. Dans son aspect technique et de structure, il est très réussi. Le style touche régulièrement juste et les nombreuses incartades de l'écrivaine nous font particulièrement plaisir. Si les personnages sont particulièrement réussis, ils le sont d'autant plus quand on s'intéresse un peu à l'Espagne. Par son univers teinté de voyance et la folie un peu kitsch des personnages, le roman est typiquement espagnol, notamment par l'absurdité du concept littéraire et même de l'histoire en elle-même. On ne peut que se réjouir de lire un roman ibérisé plutôt qu'un roman ubérisé. Il s'agit d'un cuisinier en chef, Nestor Chaffino, qui se retrouve sans le vouloir dans un nid de serpents. Tout commence au moment pendant lequel son jeune commis, Carlos, s'interroge d'un tableau de la maison de son enfance et qu'il consulte alors une voyante sur les conseils de Nestor. Commence alors un enchevêtrement de situations entre ces personnages haut en couleur que sont le couple Teldi, Serafin Tous un homosexuel refoulé (très commun dans la littérature espagnole), les commis Karel, Chloé et Carlos pour en arriver au dénouement qui est en même temps le début du roman : un roman espagnol tout simplement.

Cependant, le texte souffre de quelques points faibles : -une certaine vision féminine de la vie assez psychologisante à la Anna Gavalda ou à la Marc Lévy, qui peut énerver quelques férus de littérature classique.
-de jolies images gâchées par une caricature de certains personnages et des réflexions un peu improbables qui cachent sous l'humour espagnol une certaine vacuité dans le propos.
-c'est finalement un roman de plage, au meilleur sens du terme et de bonne qualité, qui fait jouir sur le moment mais ne reste pas particulièrement longtemps dans nos coeurs et nos entrailles.
-le personnage de Chloé Trias est assez irritant et, sous les airs de complexité, semble un peu confus.