Lucien Rebatet ? Inconnu au bataillon pour beaucoup, sans doute, voici ce que wikipédia en dit : "Lucien Rebatet, né le 15 novembre 1903 à Moras-en-Valloire, où il est mort le 24 août 1972, est un écrivain, journaliste et critique musical et cinématographique français.
Ayant débuté à l'Action française, il rejoint en 1932 l'hebdomadaire Je suis partout qui se réclame du fascisme et qui devient à partir de 1941 le principal journal collaborationniste et antisémite français sous l'Occupation. En 1942, il publie Les Décombres, féroce pamphlet antisémite. Condamné à mort à la Libération, puis gracié, il reste en prison jusqu'en 1952. Il abandonne alors la polémique, se consacrant à la critique cinématographique et à sa carrière d'écrivain en publiant son œuvre majeure, Les Deux Étendards, en 1951. "
Quatre ans de cinéma regroupe la plupart de ses critiques cinéma entre 1941 et 1944, parus dans je suis partout, qu'il est inutile de présenter. Si Rebatet se caractérise par son antisémitisme viscéral et son indéfectible fidélité au fascisme, il est impossible de ne pas le considérer comme le critique majeur des films de l'Occupation et, assez clairement, par ses prises de position en faveur des "auteurs" de cinéma, de précurseur des Cahiers du Cinéma. Truffaut, lui-même, lui accordait son amitié dans les années 50, en dépit de son passé sulfureux. Le livre, paru en 2009, annoté et présenté par Philippe d'Hugues, est très précieux pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire du cinéma français, en particulier dans cette période sombre de l'Occupation. Le critique François Vinneuil (pseudo de Rebatet) y décortique la majeure partie des films français de l'époque et montre un goût assez sûr pour distinguer le bon grain de l'ivraie. Il soutient notamment Grémillon, Daquin, Autant-Lara et les nouveaux venus comme Clouzot, Becker et Bresson. Mais sa verve se remarque surtout quand il éreinte les navets cultivés durant cette période, et ils sont légion. Sa mauvaise foi est patente quand il s'attaque à Cocteau, par exemple, mais l'une de ses cibles favorites semble bien être le cinéma confectionné pour plaire aux autorités vichystes avec ses thématiques du retour à la terre ou de la famille. Autres dégoûts du critique : les fernandelleries (sic) et les mélodrames larmoyants du genre Le voile bleu. Malgré tout, le lecteur cinéphile ne peut qu'être mal à l'aise quand Vinneuil s'en prend, presque dans chaque article, au cinéma français "enjuivé" des années 30. Et encore, Philippe d'Hugues a censuré ses lignes les plus ignobles voire omis de nous soumettre certains textes consacrés au cinéma nazi comme le tristement célèbre Juif Süss. On évite la nausée, certes, mais le panorama n'est pas complet. Après la lecture du Cinéma français sous l'Occupation de René Chateau, celle de Quatre ans de cinéma permet en tous cas de voir une autre facette du cinéma fabriqué ces années-là. C'est tout de même un grand paradoxe de voir confirmé qu'au moment le plus noir de notre histoire surgirent, au milieu d'oeuvrettes sans intérêt et oubliées pour la plupart, un bon nombre de films de très grande qualité, considérés aujourd'hui parmi les meilleurs du patrimoine français : Les inconnus dans la maison, Les visiteurs du soir, Le voyageur de la Toussaint, Goupi mains-rouges, La main du diable, Le baron fantôme, Les anges du péché, Le corbeau, l'éternel retour, Douce, Pierre et Jean, Le ciel est à vous, La vie de plaisir, etc.

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le 2 janv. 2019

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