Dans l’Alentejo, cette région du Portugal au sud du Tage, le lecteur suit la famille Mau-Tempo au fil des générations. Au lendemain de la première Guerre Mondiale, Domingos ne tient pas en place. Cordonnier et alcoolique, il change souvent de domicile et perd le peu qu’il possède sur les routes avec femme et enfants. La vie est très dure et faite de misère.

Son fils, Joao, n’est pas à son compte mais travaille pour les grands propriétaires. Il prend le travail qu’il trouve. Quand il en trouve. Généralement, ce sont des travaux agricoles, les moissons, la récolte du liège sur les chênes, du débroussaillage. Mais l’existence est très rude. A l’étranger, la guerre d’Espagne fait rage, puis la seconde Guerre Mondiale. Même si les combats ne se déroulent pas sur le sol portugais, les petites gens souffrent du rationnement. Certains sont même partis au front.

Relevé de terre, c’est une grande saga familiale qui rappelle Cent ans de Solitude. C’est aussi un livre sur la misère des pauvres gens. De ceux qui triment du matin au soir et parfois aussi du soir au matin tout en continuant d’avoir faim. C’est un livre sur le Portugal, sur la terre aride de cette région où il ne peut que si peu, sur le terroir et ressemble en cela aux Raisins de la Colère ou à la Terre de Zola.

Relevé de Terre est un pamphlet contre la dictature salazariste qui sévit au Portugal de 1933 à la Révolution des œillets en avril 1974. Un livre sur la terreur, la surveillance de tous et de chaque instant. La répression des opposants, des contestataires. L’illégalité de la grève.

Un livre qui promettait d’être passionnant. Surtout lorsqu’on connait la verve, l’ironie, le sarcasme de cet auteur iconoclaste. Le ton est blasphématoire comme à l’accoutumé. La narration bourrée d’humour et d’invectives au cours desquelles l’auteur juge, tempête, harangue ou critique ses personnages, prend le lecteur à parti. Son style est comme à l’accoutumé, extrêmement dense avec les dialogues inclus à la prose. Mais Relevé de terre est l’un de ses premiers romans (écrit en 1980). Tous les ingrédients sont là, mais ils peinent à prendre leur place. L’écriture, que le lecteur habitué à Saramago reconnait, est lourde, lyrique à l’excès. L’ensemble manque cruellement de fluidité. Les digressions, que Saramago a toujours utilisées abondamment, sont ici pléthoriques et pas toujours opportunes.

En bref, ce livre est une déception qui est très loin de rivaliser avec ses livres plus récents.
BibliOrnitho
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le 19 mars 2015

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