SNCF, à nous de vous faire préférer le train...

Jeanne est une jeune femme mal dans sa peau : renfermée, solitaire, timide, angoissée et un peu psychotique sur les bords, elle mène à 28ans une vie de vieille fille terne et morose. Travaillant comme secrétaire au commissariat de Marseille, son quotidien n'est animé que par ses trajets en train où elle a ses petites habitudes et notamment SA place bien à elle au fond du wagon. Mais son existence va être bouleversée lorsqu'elle découvre sous SON siège passager une lettre signée Elicius qui n'est autre que le serial killer qui sévit actuellement dans le coin et qui met tout le monde à cran au commissariat.


Ce bon vieux Elicius n'y va pas par quatre chemins : il écrit dans sa lettre qu'il sait absolument tout de Jeanne et qu'il est follement amoureux d'elle. Il l'implore même de devenir sa confidente pour qu'il puisse expier ses meurtres et obtenir sa rédemption. Et Jeanne accepte. Elle va prendre goût à cette correspondance à sens unique au point de tomber amoureux du meurtrier. Mais voilà, tout n'est pas si simple dans la vie de Jeanne puisque dans le même temps le séduisant capitaine Esposito qui mène l'enquête se met à la draguer et voilà notre héroine embarquée dans le train de la folie amoureuse...


Karine Giebel est une auteur que m'a fait découvrir ma petite maman avec l'excellentissime Meurtres pour Rédemption - un polar d'une noirceur infinie - et c'est donc à ma demande qu'elle m'a conseillé ce livre. Autant dire que cette fois j'ai été très déçu. Si l'écriture est toujours aussi fluide et agréable, j'ai eu ici une profonde aversion pour Jeanne. Le personnage m'est apparu comme détestable car indéniablement niaise et effacée et ce au point que j'ai eu plus d'une fois envie de lui foutre des baffes.


"Ohhh quelqu'un m'aime". "Ah mais c'est un tueur...mais il a l'air si gentil dans ses lettres..même lorsqu'il me menace de me découper si je le balance". "Ohh mais le capitaine il est trop beau....mais non en fait c'est un connard car ce matin il ne m'a pas regardé...". "Ohhh je les aime tous les deux !". "Ah mais non, je préfère Elicius". "Non, Esposito". "Bon, je vais dire la vérité au capitaine car mine de rien Elicius continue à tuer des tas de gens...mais non, je ne peux pas le trahir car il a confiance en moi...et je l'aime...ou pas ?". "Rahhh, je deviens folle !!!! ???".


Sans déconner, j'ai eu le désagréable sentiment de lire une gamine de 15ans en proie à ses pulsions adolescentes. A aucun moment j'ai pu m'identifier à elle, ni avoir une once d'empathie et ce malgré la détresse et le malaise qui l'habitent constamment. Si dans Meurtres pour Rédemption j'avais envie d'entrer dans le livre pour défendre Marianne de l'injustice qu'elle vivait en prison, dans Terminus Elicius j'avais aussi envie d'intervenir dans le récit mais pour balancer Jeanne sous les rails du train. Passer d'un roman noir, fort et poignant aux confessions d'une tête à claques mal dans sa peau ce fut pour moi trop difficile.


Reste que le livre se lit vite puisqu'il faut tabler sur 3 petites heures pour avoir le fin mot de l'histoire et qu'a fortiori le final est réussi. S'il n'a rien de franchement renversant, il a tout de même le mérite de conclure plus que convenablement l'intrigue. Durant le récit, on cherche l'identité d'Elicius au fur et à mesure de l'avancée de l'enquête et Karine Giebel réussit à tenir le lecteur en haleine en multipliant les fausses pistes ou en désamorçant elle-même nos intuitions. Oui, Karine Giebel est une auteur qui a du talent, c'est indéniable.


Terminus Elicius est, sans mauvais jeu de mot, un roman de gare. Je l'ai lu en une journée dans le train et je n'en garderai pas un souvenir impérissable, loin de là. C'est une lecture que je n'ai pas envie de recommander contrairement à Meurtres pour Rédemption qui, lui, sait prendre le lecteur aux tripes et dépeint des personnages aussi complexes qu'attachants. Bref, à mes yeux, tout ce que n'a pas réussi à faire ce livre.


Edit : Je viens de découvrir que ce roman est le premier de Karine Giebel. Ceci explique sa relative faiblesse en comparaison des oeuvre suivantes.

MarlBourreau
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le 31 janv. 2016

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MarlBourreau

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