Trois étages
7.7
Trois étages

livre de Eshkol Nevo (2018)

Sur la scène littéraire israélienne, particulièrement riche, Eshkol Nevo s'est imposé d'emblée, depuis 10 ans, comme l'un des ses représentants les plus doués avec notamment Le cours du jeu est bouleversé et Jours de miel. Son dernier roman en date, Trois étages, ne va pas infirmer ce constat, bien au contraire. Roman n'est d'ailleurs pas le terme adéquat, il s'agit plutôt de trois novellas, dont les interconnexions sont plus que ténues, ce qui ne nuit pas à l'intérêt de l'ouvrage, chacun des récits se révélant passionnant et se complétant pour aboutir à une sorte d'état des lieux alarmant de la société israélienne en crise identitaire depuis plusieurs années. Mais là où Nevo s'avère le plus brillant, une fois de plus, c'est dans l'évocation intime et psychologique de personnages complexes dont les failles béantes laissent entrevoir une dépression latente. Qui sont-ils ? Au premier étage, un ancien officier de l'armée qui devient paranoïaque et soupçonne un vieux voisin d'on ne sait quoi vis-à-vis de sa fille ; au deuxième, une femme délaissée par son mari, solitaire et très perturbée ; au troisième, une ancienne juge d'instruction, veuve, qui participe à un mouvement social initié par la jeune génération. Ces trois récits prennent l'allure de monologues : le premier s'adresse à un ami, la deuxième écrit une longue lettre, la troisième laisse des messages successifs sur l'ancien répondeur téléphonique de son époux décédé. Plus que des appels au secours, ces histoires sont des tentatives de sortir de l'isolement, de communiquer et de raconter des vies qui empruntent des chemins douloureux. La plume alerte et très ironique d'Eshkol Nevo fait des merveilles. Son livre est drôle, palpitant et très souvent touchant, notamment dans son dernier segment, qui touche au sublime. Ah oui, au fait, il y a aussi une autre lecture possible de Trois étages à travers la topique de Freud avec le ça, le moi et le surmoi. Mais là encore, il faut déguster la façon dont l'auteur israélien interprète et assaisonne ses théories psychanalytiques !

Cinephile-doux
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes livres de 2018 et Les meilleurs livres de 2018

Créée

le 12 oct. 2018

Critique lue 286 fois

2 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 286 fois

2

D'autres avis sur Trois étages

Trois étages
BabyCavano
8

Trois nouvelles dans un roman

C'est l'histoire de trois étages, trois voisins qui se cotoient, trois points de vue et trois vies différentes dans lesquelles l'auteur nous emmène avec un style agréable et précis : on voyage,...

le 31 juil. 2019

1 j'aime

Trois étages
M3lish
10

Les hommes sont comme les pommes...

Qu'est-ce qu'une relation de bon voisinage ?Une belle journée souhaitée avec automatisme dans la cage d'escalier avec au coin des lèvres le timide dessin d'un sourire poli ? Les services rendus, les...

le 20 oct. 2022

Trois étages
AAlx
7

Microcosme d'un immeuble

L'envie de connaître le livre avant le film m'a permis de découvrir un nouvel auteur. Une construction narrative efficace : 3 personnages du même immeuble - chacun s'adresse à un interlocuteur...

Par

le 11 déc. 2021

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13