Turcaret
6.1
Turcaret

livre de Lesage (1709)

Turcaret, c'est une petite comédie très drôle et totalement amorale de Lesage, écrivain malheureusement oublié du début XVIIIe. Sont mis en scène des personnages uniquement guidés par leurs intérêts qui se manipulent les uns les autres et se retrouvent finalement dans un grand tohu-bohu distrayant. Une pièce qui dépeint le monde de l'argent, où les sentiments sont hypocrites, sous des dehors assez frivoles. Turcaret est dupé par la Baronne, dupée par le Chevalier, dupé par Frontin, etc.

La pièce n'est certes pas extraordinaire, mais elle fait sourire et est assez prenante, assez fine également. On apprécie également la Critique de Turcaret au début et à la fin de la pièce, malice de Lesage : en effet, il réutilise les personnages centraux de sa seconde oeuvre la plus importante (après Gil Blas), Le Diable boiteux : Asmodée, le diablotin libéré par Don Cléofas, montre le monde à celui-ci et l'emmène voir une pièce à Paris - Turcaret donc - et on les voit discuter de la pièce, de l'auteur, des spectateurs, en guise d'introduction et de conclusion. Lesage n'hésite pas à se tourner lui-même en dérision, à analyser la réception de son oeuvre, et de faire dire à ses personnages quels sont ses défauts (ou du moins ceux que le spectateur lambda lui trouvera).
Soulignons aussi l'absence de leçon de la part de l'auteur au lecteur/spectateur : Lesage reste en retrait, dénouement qui est donc loin de ceux de Molière.

Il y a donc une profondeur cachée en Turcaret, qu'il ne faut pas laisser échapper (y a-t-il un message ? N'est-ce fait que pour rire ? Est-ce une caricature ou une peinture des moeurs ?). Bref, une comédie qui sort un peu des sentiers battus et qui fait passer un bon moment.
Eggdoll

Écrit par

Critique lue 658 fois

2

D'autres avis sur Turcaret

Du même critique

L'Insoutenable Légèreté de l'être
Eggdoll
10

Apologie de Kundera

On a reproché ici même à Kundera de se complaire dans la méta-textualité, de débiter des truismes à la pelle, de faire de la philosophie de comptoir, de ne pas savoir se situer entre littérature et...

le 11 mars 2013

152 j'aime

10

Salò ou les 120 journées de Sodome
Eggdoll
8

Au-delà de la dénonciation : un film à prendre pour ce qu'il est.

Les critiques que j'ai pu lire de Salo présentent surtout le film comme une dénonciation du fascisme, une transposition de Sade brillante, dans un contexte inattendu. Evidemment il y a de ça. Mais ce...

le 6 mai 2012

70 j'aime

7

Les Jeunes Filles
Eggdoll
9

Un livre haïssable

Et je m'étonne que cela ait été si peu souligné. Haïssable, détestable, affreux. Allons, c'est facile à voir. C'est flagrant. Ça m'a crevé les yeux et le cœur. Montherlant est un (pardonnez-moi le...

le 21 mars 2017

49 j'aime

5