Turcaret
6.3
Turcaret

livre de Lesage (1709)

Turcaret, c'est une petite comédie très drôle et totalement amorale de Lesage, écrivain malheureusement oublié du début XVIIIe. Sont mis en scène des personnages uniquement guidés par leurs intérêts qui se manipulent les uns les autres et se retrouvent finalement dans un grand tohu-bohu distrayant. Une pièce qui dépeint le monde de l'argent, où les sentiments sont hypocrites, sous des dehors assez frivoles. Turcaret est dupé par la Baronne, dupée par le Chevalier, dupé par Frontin, etc.

La pièce n'est certes pas extraordinaire, mais elle fait sourire et est assez prenante, assez fine également. On apprécie également la Critique de Turcaret au début et à la fin de la pièce, malice de Lesage : en effet, il réutilise les personnages centraux de sa seconde oeuvre la plus importante (après Gil Blas), Le Diable boiteux : Asmodée, le diablotin libéré par Don Cléofas, montre le monde à celui-ci et l'emmène voir une pièce à Paris - Turcaret donc - et on les voit discuter de la pièce, de l'auteur, des spectateurs, en guise d'introduction et de conclusion. Lesage n'hésite pas à se tourner lui-même en dérision, à analyser la réception de son oeuvre, et de faire dire à ses personnages quels sont ses défauts (ou du moins ceux que le spectateur lambda lui trouvera).
Soulignons aussi l'absence de leçon de la part de l'auteur au lecteur/spectateur : Lesage reste en retrait, dénouement qui est donc loin de ceux de Molière.

Il y a donc une profondeur cachée en Turcaret, qu'il ne faut pas laisser échapper (y a-t-il un message ? N'est-ce fait que pour rire ? Est-ce une caricature ou une peinture des moeurs ?). Bref, une comédie qui sort un peu des sentiers battus et qui fait passer un bon moment.
Eggdoll

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