Un funambule sur le sable a un quatrième de couverture accrocheur où le futur lecteur pense trouver un récit solaire et singulier. Le problème de ce livre est qu’il amalgame la situation de handicap ( ce violon dans la tête étant plus imagé qu’une maladie neurologique) avec un certain décalage des situations et des personnages tout au long de sa lecture.Quelque part, Un funambule sur le sable a donc ce défaut de tomber dans une surenchère narrative où chaque situation est vue sous le prisme de l’étrangeté, du bizarre. C’est dommage car la légitimité du destin d’un homme particulier ne passe pas uniquement que par cela. Par contre, Gilles Marchand décrit avec justesse la réaction de la société qui stigmatise, qui classe ou rejette au nom de la norme qu’il faut légitimer et installer.Les parents de Lélie, sa meilleure amie Sophie sont des personnages qui ont du mal à accepter Stradi comme il est et à vouloir lui imposer un chemin sur lequel il n’a pas ses marques, ses repères. Le jour où le couple s’engage plus loin dans la vie, les zones de tolérance s’effritent pour lâcher la méfiance, le ressentiment et la bêtise. Funambule, l’écrivain l’est tout autant que son personnage car il doit maintenir le cap de sa narration alambiquée autant que Stradi doit composer avec un entourage rassurant ( en la personne de Max et de son frère) qu’avec les autres ( médecins tâchant de l’inciter à vivre malgré tout, voisins présents même si circonspects quand même). L’épilogue du livre se révélant aussi absurde que tout ce qui vient d’être exposé. En s’empêtrant dans une machinerie rocambolesque teintée d’illuminations narratives ( avec des passages assez poétiques), Gilles Marchand n’a pas de parti pris sur une histoire qu’il aura développé en arborescence sans la mélodie porteuse de son premier violon. Un résultat moyen qui aurait pu engendré une histoire beaucoup plus lumineuse.