La guerre au Kosovo entre les forces de l'Otan et l'armée serbe de Milosevic a duré à peine 3 mois, de mars à juin 1999. Une petite guerre parfaite comme l'indique avec une ironie cinglante le titre du roman d'Elvira Dones, écrit d'après les nombreux témoignages qu'elle a pu collecter peu de temps après. Aucune victime officielle à déplorer pour les combattants de l'OTAN en effet, mais combien de civils tués, massacrés, démembrés dans ce qui a ressemblé à un "nettoyage ethnique" ? Plus de 10 000 et 90% de la population albanaise du Kosovo déplacée. Le livre d'Elvira Dones rend compte dans une langue tragiquement sobre de la réalité de l'horreur. Un roman choral entre le quotidien de trois femmes cloitrées dans un appartement de Pristina, les atrocités commises sur le territoire kosovar par les "occupants" et l'inquiétude impuissante de la diaspora qui vit dans un monde en paix. Saisissant et irrespirable de bout en bout, Une petite guerre parfaite n'épargne rien au lecteur. La mort survient en un instant, rapide comme une rafale de kalachnikov, le plus souvent vécue comme une délivrance. Elvira Dones n'insiste pas dans l'abomination, elle raconte et elle montre, ni plus ni moins, dans une langue dépouillée. L'absence d'effets renforce la sensation d'horreur et glace le sang. Les victimes, souvent, ont été des femmes et des enfants qui n'avaient commis d'autre crime que celui d'être albanais vivant dans une contrée revendiquée par la Serbie. Cette petite guerre, propre vue de l'extérieur, n'a duré qu'un printemps. Celui de l'effroi.

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le 9 févr. 2017

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